mardi 18 mars 2008

"Le magasin des suicides" - Jean Teulé

L'avis de Laiezza


Je viens de terminer "Le magasin des suicides", ce qui n'a rien d'exceptionnel tant il est court . Je ne vais pas refaire le résumé déjà fait sur des dizaines de sites, mais j'ai beaucoup aimé, et sans la moindre réserve. C'est un livre pour rire qui fait rire, et je n'en demandais pas plus, moi. Je ne suis pas certaine qu'il soit très juste d'y chercher autre chose, et à mon humble avis ça n'a d'ailleurs pas été envisagé comme tel.

Les livres à dimension purement ludique et humoristique sont souvent mal vus, ou alors salués mais toujours du bout des lèvres. Oui, ce livre est excellent, drôle, vif, délirant, tout ce que j'aime, et ça ne l'empêche ni d'être intelligent ni d'être remarquablement écrit.

"Le magasin des suicides" est un vrai bonheur de lecture, qui ne mérite certainement pas les critiques tiédasses que j'ai pu lire ici ou là dans la presse, tout en méritant par contre d'exploser les ventes comme il le fait. Un vrai régal que je recommande à toutes les créatures pleines de mauvais esprit et d'humour barré élevées à la lecture de la Page Nulle de Zaph.



L'avis de Zaph

La malheur des uns fait le bonheur des autres. C'est un peu l'idée de ce petit livre ironique de Jean Teulé qui joue sur l'inversion des valeurs, où l'on voit une sympathique (pardon, antipathique) famille de commerçants vivre du désespoir de leurs contemporains.

Qu'est-ce qui fait que la vie mérite d'être vécue? Parfois, c'est simplement une manière de voir les choses. Et qu'est-ce qui influence cette manière de voir? C'est l'amour. C'est ce que va apprendre à ses dépends (ou à son profit) la famille Tuvache.

Le livre est bourré de clins-d'oeil à Baudelaire ou Verlaine, mais contient aussi un hommage à un de mes héros, le trop méconnu Alan Turing.

Si j'employais le mot "jubilatoire", je l'aurais peut-être utilisé ici.

- Il n'y a pas beaucoup de clients ce matin
- Oui, c'est mort.




L'avis de Céline

Chaque livre de l’auteur est une aventure au sein de son puissant imaginaire rocambolesque.

Cette fois encore aucune déception possible avec cette famille Tuvache chez qui l’on vend des articles insolites et radicaux pour se suicider. Dans un ambiance sinistre, ou l’on affiche une mine de circonstance l’on peut parfois recevoir un conseil de bonne augure pour ne pas rater sa tentative, car en partant vous êtes salué d’un « adieu » sans appel !

Jusqu’au jour ou le petit dernier des Tuvache sème le trouble dans cette famille ou les enfants n’ont pas le droit de se donner la mort, mais ont tout les stigmates des candidats qui réussiraient avec brio. Arrive un petit Alan (conçue par erreur alors que les parents testés un préservatif troué !) qui dès le berceau sourie tel un ange et grandit dans la joie et la bonne humeur malgré les nombreuses tentatives de sa famille pour qu’il soit à leur image.

Pourtant cet éternel optimiste au visage de chérubin va gagner du terrain et bouleverser le quotidien morbide de son entourage. Dans un monde anxiogène ou la nature n’est plus et ou tous en porte la culpabilité il va réussir ce que le 21ème siècle n’a pas su faire ; donner de l’espoir ce qui aura pour effet de rompre la solitude de chacun et de fédérer un enthousiasme dans ce nouveau lieu de solidarité qu’est devenu « le magasin des suicides ».

Car tout le talent de l’auteur réside dans cette formidable capacité à nous faire croire qu’il est un auteur léger (j’ai crains qu’il m’emmène dans une histoire version « famille Adams ») avec des personnages fantasques alors que derrière chacun d’eux il y a un peu de nous et beaucoup de notre époque. C’est tellement bien fait que l’on ne se doute pas un instant ou nous allons atterrir et la chute n’en est que plus douloureuse (pourquoi cette fin là ? alors que l’espoir renaissait !) comme une fatalité, celle d’une mort qui n’a jamais cessé de rôde, non comme une sanction mais comme partie intégrante de la vie, cette vie si précieuse qu’il nous faut vivre allègrement pour ne pas mourir triste.




L'avis de Livrovore

Résumé
La famille Tuvache tient un magasin qui vend tous les accessoires nécessaires pour ne pas se louper, lorsque l'on souhaite se suicider.

"Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort" est leur slogan.

L'ambiance est des plus morbides chez eux, et il est de bon ton d'être dépressif de père en fils et de mère en fille. Mais un drame leur tombe dessus sans prévenir : le petit dernier respire la joie de vivre.

Mon avis

J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture Jean Teulé. Voici un petit livre qui détend, et qui apporte une bonne tranche de rire. Evidemment, la description de tous les produits vendus dans ce magasin, et de la façon de vivre de la famille - totalement inverse à l'entendement - est hilarante.

Cependant l'auteur ne manque pas, à travers cette histoire, de nous rappeler qu'il ne faudrait pas laisser le monde aller à la dérive, au niveau écologique et humain. (Pour essayer de faire perdre sa joie au petit dernier, ils lui font regarder les infos !)

Une lecture très plaisante, à dévorer en riant.




L'avis de Thom

Rions un peu en attendant la mort !

Voilà qui pourrait être un slogan efficace pour ce livre qui ne l’est pas moins. Court, simple, sans prétention, « Le Magasin des Suicides » est un livre drôle s’assumant comme tel, ce qui explique peut-être la tiédeur de critiques littéraires visiblement mal embouchés ?

Dans la famille Tuvache, on a fait du suicide son gagne pain, et on vit tout cela sans complexe. Après tout : il n’y a pas de sot métier – nous dit l’adage. Voilà qui sied plutôt bien à ce foyer somme toute ordinaire (et a priori plus normal et moins consensuel que celui d’une Famille Adams), dont les activités sur le marché du suicide sont particulièrement florissantes. Il faut dire qu’il y a vraiment de tout dans ce magasin : dans sa chanson « The Atrocity Exhibitions » Joy Division évoquait à mots couverts les mille et une manières d’en finir avec la vie ; Jean Teulé fait précisément la même chose ici, mais avec le sourire et sans jamais oublier la petite morale indispensable à l’appréciation de ce genre de petit conte macabre. Car bien entendu le commerce du Magasin des Suicides va prendre du plomb dans l’aile : voici que Bonheur et Joie de vivre se mêlent à l’histoire. Que va t’il advenir des Tuvache ? Suspens, mais : chut. N’en disons pas trop : le livre est particulièrement court…

…ce qui d’ailleurs constitue son principal point faible : certes, les plus courtes sont les meilleures ; mais cent cinquante-sept pages, voilà qui est bien peu pour tout à la fois créer un suspens, développer une histoire et révéler des personnages. De fait ce sont ces derniers qui pâtissent le plus de la forme courte. En dépit d’efforts sincères et d’un a priori fort positif, j’ai eu bien du mal à m’attacher à eux. Comme si en choisissant une forme aussi rapide l’auteur avait gagné en efficacité ce qu’il avait perdu en profondeur…
Difficile en revanche de résister à la cocasserie des situations et à des péripéties plus tordues et grotesques les unes que les autres ! Le parti pris était de faire rire, c’est gagné. Après deux romans dont on imagine qu’ils ont dû être particulièrement ardus à mener à terme (« O Verlaine ! » et « Je, François Villon »), Jean Teulé a rempli son pari de se détendre tout en nous amusant – ce n’était pas une mince à faire. Et s’il est indéniable que c’est des cinq romans que j’ai lus de lui le moins grandiose, cette fantaisie à mi chemin entre « Six feet under » (en moins torturé) et « N’allez pas croire qu’ailleurs l’herbe soit plus verte… » (en plus sage) ne manque ni d’humour ni de…vitalité ! Comme quoi…


1 commentaire:

  1. J'ai lu ce livre dès sa parution et me suis bidonnée à plusieurs reprises dans le métro face aux personnes médusées ( et oui, déjà rire dans le métro est bizarement considéré ) par le titre quelque peu cruel du bouquin ! Un pur délice pour se changer les idées et pouvoir rire ( enfin !) des noiceurs de la vie !

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