mercredi 19 mars 2008

"L'Adieu aux armes" - Ernest Hemingway

Par Zaphod

J'ai lu ce livre dans des circonstances spéciales. Je l'ai lu en y prêtant à moitié attention.
C'est curieux, car il m'a semblé que le héros lui-même vivait sa vie en y prêtant à moitié attention.
Il participe à la guerre dans l'armée italienne (c'est un américain), sans trop savoir pourquoi, ou en tout cas, sans nous expliquer pourquoi. Il vit cette guerre avec un détachement incroyable.

- J'avais espéré quelque chose. - La défaite ? - Non, quelque chose de plus. - Il n'y a rien de plus, sauf la victoire, et c'est peut-être pire.

Puis il se trouve embarqué dans une histoire d'amour passionnée.
Il semble que chez Hemingway, la guerre donne une autre dimension à l'amour. C'est peut-être même son principal intérêt.
Dans ce livre, tout est très terre-à-terre, pourtant, tout semble irréel, et les évènements se déroulent comme dans un rêve.
Il y a beaucoup de non-dit, aussi. Hemingway s'attache à une répétition de détails concrets, parfois insignifiants, qui nous cachent l'abîme de la réalité des personnages et de leur histoire, et cela laisse une impression de lecture très particulière.
Une lecture dont il me restera quelque chose d'indéfinissable. C'est peut-être ce qui fait un grand livre.

C'est toujours comme ça. On meurt. On n'a jamais le temps d'apprendre. On vous pousse dans le jeu. On vous apprend les règles, et à la première faute, on vous tue.

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Par Livrovore



Les personnages semblent presque indifférents face à la guerre au premier abord, mais en même temps on ressent, en non-dit, une grande souffrance. Et une telle impuissance. Ils tentent de s'en sortir comme ils peuvent, d'oublier les blessures grâce à l'amour. Le lecteur se sent emporté par les sentiments qui grandissent entre Frédéric et Catherine, et pourtant, au fond, il y a toujours la guerre, la mort. C'est lourd, c'est pesant.

"Je pouvais me souvenir de Catherine, mais je savais que je deviendrais fou si je pensais à elle alors que je ne savais pas encore si je la reverrais. Il ne fallait donc pas penser à elle... rien qu'un petit peu... rien qu'à elle, dans le wagon qui roule lentement, dans un bruit de ferraille... et la lumière qui filtre à travers la bâche... et moi, couché avec Catherine sur le plancher du wagon... Aussi dure que le plancher du wagon cette obligation de rester couché sans penser... se contenter de sensations... trop longtemps absent... vêtements mouillés... ce plancher qui n'avance que petit à petit... solitude là-dessous... Qu'on est seul dans des vêtements mouillés avec la dureté d'une planche en guise de femme."

J'ai donc été de plus en plus touchée par le récit au fil de la lecture. L'écriture d'Hemingway paraît si simple, et est à la fois si juste. Un livre plein d'émotions, à lire absolument.

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Par Laïezza


Dans mon souvenir, "L'Adieu aux armes" était un livre de guerre parfois ennuyeux. Or moi, j'ai toujours adoré les livres ayant la guerre pour toile de fond.
A la relecture, j'ai tressailli de bonheur, car j'avais en réalité oublié que "L'Adieu aux armes" était une histoire d'amour, une histoire d'ennui, une histoire d'homme un peu paumé, surtout : notre zéro est en l'occurrence paumé en plein milieu d'une guerre ; il pourrait je crois être paumé n'importe où d'ailleurs. Il était même probablement paumé avant et je ne doute pas qu'il ait encore été paumé après.
Car bien entendu, "L'Adieu aux armes" fait avant tout écho aux propres préoccupations d'Hemingway : son humanisme, sa vision tragicomique du monde (l'auteur n'est après tout jamais sérieux, et tant mieux : les livres où il se prend au sérieux sont généralement les moins intéressants), et ce mélange de réalisme cru et de poésie bizarre. Cette poésie j'appelle ça la poésie des parkings de supermarchés : une poésie du banal et du quotidien. Seul Hemingway est capable de rendre poétique un hôpital, une route, un pont...c'est pour ça que je l'aime.

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