Par Gaël
Quatrième de couverture :
Quatrième de couverture :
“Orgueil et préjugés” est le plus connu des six romans de Jane Austen. Son histoire, sa question, est en apparence celle d'un mariage : l'héroïne, la vive et ironique Elizabeth Bennet, qui n'est pas riche, aimera-t-elle le héros, le riche et orgueilleux Darcy? Si oui, en sera-t-elle aimée? Si oui encore, l'épousera-t-elle? Drôle, romanesque, le chef-d'oeuvre de Jane Austen reste tout simplement incontournable!
Mon avis :
Ca y est, je l'ai lu!!! Moi qui me targuais (un peu honteusement) d'avoir réussi à passer cinq ans en faculté d'anglais sans avoir lu un seul roman de Jane Austen, j'ai enfin découvert le roman que toutes les blogueuses littéraires mettent sur le piédestal du roman ultime. Ce n'est donc pas d'avis positifs que je manquais pour me faire un a priori sur ce livre, mais le fait que le public de Jane Austen soit encore apparemment exclusivement féminin à l'aube du XXIe siècle me laissait penser que cette auteure n'était que la précurseuse de la chick lit' à la sauce victorienne. (N'oubliez pas que Helen Fielding s'en est très largement inspirée pour son “Journal de Bridget Jones”!)
Ce qu'il y a de bien quand on a des préjugés cons et infondés sur un livre, c'est qu'on a d'autant plus de plaisir à constater au fil des pages qu'on avait tort. Parce que “Orgueil et préjugés”, c'est quand même un putain de bouquin! Tout est absolument génial là-dedans, et il est difficile de relever tous les axes d'analyse de ce chef-d'oeuvre. Pourtant les thèmes ne sont pas très durs à dénicher : Austen nous a mâché le travail en les présentant dans le titre. Dans la société bourgeoise anglaise du début du XIXe siècle, on avait pas grand'chose à faire pour occuper ses journées. Les seuls hobbies que pouvaient trouver les soeurs Bennet et leur mère étaient les bals et les ragots. Si les racontars sont souvent au centre des discussions, Austen bâtit tout son roman autour de cette pratique. Si l'on y réfléchit bien, l'action à proprement parler est très restreinte, et pourtant on a cette sensation de voyager énormément et de rencontrer moults personnages. Cette impression vient du fait que la majorité des événements décrits nous sont rapportés par un personnage, et non racontés en direct. À chaque récit est donc accolé un point de vue, une façon de raconter. C'est bien tout un système de communication que l'écrivain dissèque avec subtilité ; elle nous enseigne les mécanismes de création d'un préjugé.
Et Jane Austen a le regard affûté en ce qui concerne les travers du caractère humain. Sottise, méchanceté, hypocrisie, vanité, tous les défauts de l'homme sont dénoncés et habilement mis en scène, l'auteure n'épargnant aucun de ses personnages. Si on peut bien reconnaître dans celui d'Elizabeth le porte-voix d'Austen, celle-ci ne lui fait pourtant pas de cadeau, et en fait l'archétype-même de l'orgueil, Elizabeth se fiant tellement à son sens aigu du jugement qu'elle ne se doute pas du tout qu'elle se fourvoie en ce qui concerne les deux hommes qui se partagent son coeur : Wickham et Darcy. Aveuglée par les préjugés, elle confond le "good guy" et le "bad guy", et c'est bien son orgueil qui l'empêche de se convaincre de son erreur. D'ailleurs, cette façon d'incriminer autant son héroïne que les personnages qui l'entourent brise un cliché qui entoure la littérature d'Austen. S'il est vrai que ses romans épousent plus facilement le point de vue des femmes et que son personnage d'Elizabeth apparaît comme libre d'esprit dans une société qui ne lui permettait probablement pas de telles attitudes, sa plume laisse néanmoins la part belle à la gent masculine. (Mais ne rêvez pas, les filles, des Darcy, ça ne court pas les rues!) Aussi peut-on parler plus facilement de littérature féminine plutôt que féministe, Jane Austen proposant son regard de femme sur le monde et non une revendication de la libération de la condition féminine.
Enfin, si Jane Austen est entrée au panthéon des grands écrivains, c'est surtout pour sa façon précise et romanesque de décrire la naissance d'un amour. Jamais je n'ai lu une affection entre deux êtres aussi bien dépeinte, chaque étape et sentiment successif étant suggéré dans un torrent d'images qui restent à l'esprit bien des semaines après lecture. Cela explique le succès intemporel que connaissent encore aujourd'hui ses romans, car on n'a jamais fait mieux depuis.
Mon avis :
Ca y est, je l'ai lu!!! Moi qui me targuais (un peu honteusement) d'avoir réussi à passer cinq ans en faculté d'anglais sans avoir lu un seul roman de Jane Austen, j'ai enfin découvert le roman que toutes les blogueuses littéraires mettent sur le piédestal du roman ultime. Ce n'est donc pas d'avis positifs que je manquais pour me faire un a priori sur ce livre, mais le fait que le public de Jane Austen soit encore apparemment exclusivement féminin à l'aube du XXIe siècle me laissait penser que cette auteure n'était que la précurseuse de la chick lit' à la sauce victorienne. (N'oubliez pas que Helen Fielding s'en est très largement inspirée pour son “Journal de Bridget Jones”!)
Ce qu'il y a de bien quand on a des préjugés cons et infondés sur un livre, c'est qu'on a d'autant plus de plaisir à constater au fil des pages qu'on avait tort. Parce que “Orgueil et préjugés”, c'est quand même un putain de bouquin! Tout est absolument génial là-dedans, et il est difficile de relever tous les axes d'analyse de ce chef-d'oeuvre. Pourtant les thèmes ne sont pas très durs à dénicher : Austen nous a mâché le travail en les présentant dans le titre. Dans la société bourgeoise anglaise du début du XIXe siècle, on avait pas grand'chose à faire pour occuper ses journées. Les seuls hobbies que pouvaient trouver les soeurs Bennet et leur mère étaient les bals et les ragots. Si les racontars sont souvent au centre des discussions, Austen bâtit tout son roman autour de cette pratique. Si l'on y réfléchit bien, l'action à proprement parler est très restreinte, et pourtant on a cette sensation de voyager énormément et de rencontrer moults personnages. Cette impression vient du fait que la majorité des événements décrits nous sont rapportés par un personnage, et non racontés en direct. À chaque récit est donc accolé un point de vue, une façon de raconter. C'est bien tout un système de communication que l'écrivain dissèque avec subtilité ; elle nous enseigne les mécanismes de création d'un préjugé.
Et Jane Austen a le regard affûté en ce qui concerne les travers du caractère humain. Sottise, méchanceté, hypocrisie, vanité, tous les défauts de l'homme sont dénoncés et habilement mis en scène, l'auteure n'épargnant aucun de ses personnages. Si on peut bien reconnaître dans celui d'Elizabeth le porte-voix d'Austen, celle-ci ne lui fait pourtant pas de cadeau, et en fait l'archétype-même de l'orgueil, Elizabeth se fiant tellement à son sens aigu du jugement qu'elle ne se doute pas du tout qu'elle se fourvoie en ce qui concerne les deux hommes qui se partagent son coeur : Wickham et Darcy. Aveuglée par les préjugés, elle confond le "good guy" et le "bad guy", et c'est bien son orgueil qui l'empêche de se convaincre de son erreur. D'ailleurs, cette façon d'incriminer autant son héroïne que les personnages qui l'entourent brise un cliché qui entoure la littérature d'Austen. S'il est vrai que ses romans épousent plus facilement le point de vue des femmes et que son personnage d'Elizabeth apparaît comme libre d'esprit dans une société qui ne lui permettait probablement pas de telles attitudes, sa plume laisse néanmoins la part belle à la gent masculine. (Mais ne rêvez pas, les filles, des Darcy, ça ne court pas les rues!) Aussi peut-on parler plus facilement de littérature féminine plutôt que féministe, Jane Austen proposant son regard de femme sur le monde et non une revendication de la libération de la condition féminine.
Enfin, si Jane Austen est entrée au panthéon des grands écrivains, c'est surtout pour sa façon précise et romanesque de décrire la naissance d'un amour. Jamais je n'ai lu une affection entre deux êtres aussi bien dépeinte, chaque étape et sentiment successif étant suggéré dans un torrent d'images qui restent à l'esprit bien des semaines après lecture. Cela explique le succès intemporel que connaissent encore aujourd'hui ses romans, car on n'a jamais fait mieux depuis.
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