dimanche 9 mars 2008

Le pont à trois arches - Ismaïl Kadare

Par MbuTséTséFly



Ceux qui ont lu Les Contes orientaux de Yourcenar se souviennent peut-être de cette terrible légende du Lait de la Mort. Une femmes est emmurée vivante dans les fondations d'une tour qui ne cesse de s'écroûler, sacrifice humain pour que la tour reste debout. Comme elle allaite son nouveau-né, elle demande que l'un de ses seins sortent du mur afin de pouvoir continuer à allaiter et, longtemps après sa mort, son sein donne toujours du lait, jusqu'à ce que l'enfant soit sevré.

Kadare reprend cette légende, dans le contexte de la construction d'un pont au-dessus des "Eaux mauvaises", Ujana e Keqe, qui est régulièrement saboté, et démontre comment une légende traditionnelle peut être pervertie, afin de manipuler la population superstitieuse.


Nous sommes au Moyen-Âge (eh oui, encore une fois!), juste avant l'invasion des Balkans par l'empire Ottoman (qui a déjà renommé la région Balkans, comme nous explique l'auteur). Un moine se souvient de la construction du pont et de son histoire et c'est du point de vue du moine que nous allons découvrir un crime monstrueux mais aussi comment l'opinion publique se manipule habilement. Ainsi, les habitants d'un petit village au bord d'une tumultueuse rivière voient arriver d'étranges personnages qui parviennent à convaincre leur seigneur, par la superstition, de la nécessité de construire un pont, eux qui construisent des routes et ouvrent la région. Ceci, au grand dam des passeurs qui voient d'un mauvais oeil la concurrence du pont. Les villageois voyent donc débarquer sur les rives de leur rivière tout une troupe d'étrangers aux gestes et coutumes étranges, peu sociaux, qui se mettent à saccager les bords de la rivière et qui, indéniablement, vont la mettre très en colère. Ce moment là, ils le redoutent et l'attendent en même temps, la vengeance de la rivière. Mais celle-ci est plutôt décevante. Alors le pont subit des actes de sabotages (les esprits de la rivière ou les passeurs?). Et pour répondre au sabotages, les faiseurs de routes ne trouveront d'autres astuces que de réveiller les vieilles légendes. On en parle, la légende court, jusqu'à ce qu'il devienne évident que le pont réclame le même sacrifice. Mais qui donc emmurer?

L'histoire de ce pont maudit, de l'attitude des gens face au crime commis, comment on s'habitue à tout, comment la légende peut être perverse et comment les routes ouvrent la voie à l'invasion est un délice. Kadare nous apprend beaucoup sur les Balkans sans être pédant et nous fait un superbe portrait de la société rurale, médiévale et de sa psychologie. Un chef-d'oeuvre.

1 commentaire:

  1. Genialeeeeeeeeeeeeeeee deeeeeeeeeeeeeeesoleeeeeeeeeeeeee j'ai un probleeeeeeeeeeeemeeeeeeeeeeeeeeee aveeeeeeeeec leeeeeeeeee "EEEEEEEEEEEEE"

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