vendredi 21 mars 2008

"Le Certificat" - Isaac Bashevis Singer

Par Zaphod

David Bendiger est un apprenti écrivain vivant en Pologne, et qui par un concours de circonstances, se porte candidat pour l'obtention d'un certificat lui permettant d'émigrer dans le jeune état d'Israël. L'obtention de ce papier, qui va s'avérer plus longue et difficile que prévu est bien sûr un moment charnière dans l'existence pénible du jeune homme, et l'occasion de multiples questionnements.

Le personnage de David dans lequel Singer a probablement mis beaucoup de sa propre jeunesse, est intéressant et bien dessiné. Le récit est bien conduit aussi, et le portrait d'un lieu et d'une époque très réussi.

Mais quelque chose m'a irrité dans ce livre, et je vais tenter de l'expliquer.
David est aux prises avec les aléas de la vie. Mais pour lui, les aléas viennent surtout du fait qu'il est juif.
On tombe avec ce livre dans une sorte de questionnement circulaire sur l'identité juive, et il se produit une sorte de confusion entre identité sociale et personnalité individuelle. Si cette confusion est certainement compréhensible pour le héros, elle l'est moins pour l'écrivain.

Je ne vais pas être très politiquement correct ici, mais moi, je m'en tape un peu de l'identité juive. Ce qui m'intéresse, c'est l'identité humaine.
A la base, je me fiche du Shabbat, de la Thora, de ce qui est kosher ou pas.
Bien sûr, les Juifs ont été persécutés parce qu'ils étaient juifs (et ils le sont encore parfois), et on ne leur a pas toujours donné le choix de l'oublier, cette identité. Je suis le premier à le reconnaitre.
Mais, de la part d'un écrivain qui fait une oeuvre littéraire et non un témoignage, j'attends qu'il transcende une situation particulière pour y toucher l'universel. Pas qu'il fasse un roman qui parle des Juifs aux Juifs.

David est obsédé par l'identité juive qui se symbolise par la question d'émigrer ou pas en Israël. C'est cette obsession qui m'irrite. Si je dis ça, c'est parce qu'en lisant les autres commentaires sur Singer, j'ai l'impression qu'il répète la même approche dans toutes ses oeuvres. (J'en lirai une autre pour vérifier.)

Pour tenter une comparaison, Roth aussi est obsédé par l'identité juive, mais Roth est obsédé par une bonne centaine de choses, et il utilise ses obsessions pour universaliser son individualité. Chez Singer, rien de tel, j'ai l'impression que tout se ramène à une seule obsession. C'est bien sûr, je le répète, une impression totalement subjective.

"What a strange people, what a strange religion. What faith they put in words that had been written thousands of years ago."

1 commentaire:

  1. Dans ce cas il ne faut pas lire Singer car c'est tout le mouvement ashkenazim émigré à New York.
    Au contraire, la question juive est interessante et la culture du Yiddishland aussi, bien plus que les questions existentielles généralistes relatées dans Elle ou Marie Claire. C'est une identité, un peuple, une histoire. Personnellement je préfère son frêre Israel moins connu mais brillant (les frêres Askenazi, Yoshe le fou...). Je vous conseille Potok Chaim, c'est grand ! De même que l'on savoure un Dostoievski pour ces portraits psychologiques et cette société slave...la diversité est une richesse littéraire.

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