Singeries, par Ingannmic
Simon Dykes, artiste peintre londonien branché, se réveille au lendemain d’une nuit de débauche dans un monde cauchemardesque : une guenon a pris la place de sa compagne Sarah à ses côtés. Et le malheur, c’est que l’ensemble de l’humanité semble avoir subi la même métamorphose, Simon lui-même arborant toutes les caractéristiques d’un jeune mâle chimpanzé…Interné dans un établissement psychiatrique, il est pris en main par le docteur Busner, un « anti-psychanalyste » peu orthodoxe décidé à aider son patient à recouvrer la conscience de sa « chimpanéité ».
A la fois fantasmagorique et hilarante, cette planète des singes est l’occasion pour l’auteur de mettre en boîte non seulement les travers de l’espèce humaine (notamment son narcissisme et son sentiment de supériorité) mais aussi les règles de vie en société, les faisant passer pour absurdes. Tantôt ces chimpanzés suivent à la lettre certaines de nos pratiques (pour flatter un supérieur hiérarchique, ils lui lèchent réellement le cul), et tantôt ils adoptent un mode de comportement à l’inverse du nôtre : c’est surtout flagrant en ce qui concerne la vie de couple, qui se doit d’être polygame, et leurs habitudes sexuelles (la fornication est pratiquée partout, à tout moment, et l’acte ne doit pas dépasser la minute…). Ultime sacrilège : le tabou humain de l’inceste est joyeusement transgressé, puisqu’il est fortement recommandé de s’accoupler entre membres d’une même famille !
Mettre des singes à la place des hommes est l’occasion de situations loufoques, de jeux de mots et d’un second degré très drôle (je ne l’ai pas lu dans le texte mais j’ai l’impression que la traduction rend assez bien le sens de l’humour de l’auteur). Je me suis même demandée si le but de Will Self n’était pas juste de se marrer un bon coup…D’ailleurs, vous l’aurez compris, je me suis moi-même beaucoup amusée à la lecture de ce roman, mais j’avoue avoir aussi été choquée, parfois. Enfin, « choquée » est un terme un peu fort, mais je n’ai pas pu m’empêcher de faire une grimace de dégoût lors de certains passages (je vous laisse découvrir lesquels…).
Sans doute peut-on voir dans « Les grands singes » un magistral pied-de-nez au puritanisme hypocrite et à la rigidité de certaines de nos mœurs, ou un pamphlet sur l’irresponsabilité de l’homme, l’irrespect qu’il voue à sa propre nature et à son environnement en général (environnement qui n’est d’ailleurs pas que le sien, ainsi que nous le rappelle ce cher Will).
Sans doute…en tout cas, moi, je me suis bien marrée !
Lire aussi l'avis de Zaph
Héhé, j'imagine bien quel passage t'a dégoûtée :)
RépondreSupprimerJe crois aussi que Will a du bien se marrer en écrivant ce livre !