L’homme qui murmurait aux oreilles des chats, par Sandrounette
Prendre un livre d’Haruki Murakami entre ses mains suppose la connaissance de certaines consignes de sécurité :
1) Dès la première ligne et le premier chapitre vous entrez dans un univers onirique, phantasmé et pourtant solidement ancré dans une certaine réalité
2) Vous ne pourrez échapper à un syndrome bien connu, celui des LCA (Lecteurs compulsifs anonymes)
3) Vous aurez les tripes nouées, les ongles rongés et quelques fois les larmes aux yeux jusqu’au dernier mot.
Une fois que ceci est clair, laissez-moi vous conter cela : quelle est le point commun entre un garçon de 15 ans, un vieillard pas très intelligent, une bibliothécaire de 50 ans et un bourreau de chats ?
Chacun est une pièce de puzzle, un fil enchevêtré dans le déroulement de l’action.
Kafka sur le rivage représente une quête symbolique autour de thèmes universels comme la filiation, le destin, l’amour, la mort… Quand la prophétie familiale est trop lourde à porter, il reste la quête de Soi. Tout le monde est à la recherche de sa moitié perdue paraît-il. Avant de la trouver, il faut avant tout se trouver. Cependant, le romancier ne cherche en aucun cas à défendre des idées spirituelles quelconques. Le lecteur bascule avec les personnages dans un univers qui les dépasse, tout doucement, sans même s’en rendre compte, comme une croisière tranquille sur des eaux brumeuses.
Ce livre ne se résume pas, il se vit. Comment expliquer ce sentiment étrange et pénétrant de tristesse, de spleen quand on referme l’ouvrage pour la dernière fois ? Pour terminer, j’emprunte les mots de Zaph qui expriment également mon ressenti :
« Pour paraphraser l’aphorisme qui dit que le silence après Mozart est encore du Mozart, longtemps après avoir refermé un livre de Murakami, cette ambiance étrange et nostalgique si particulière continue à me bercer. Et ces personnages si attachants à m’accompagner comme des ombres. »
Lire aussi les avis de Zaph, Livrovore et Laiezza
Dis-donc, t'aurais mieux fait d'inclure une citation de Murakami, plutôt qu'une de Zaph :-D
RépondreSupprimerje n'osais pas me lancer à écrire une "critique" après la lecture, "je l'ai fini hier" de "kafka sur le rivage. Tu t'en sors particulièrement bien !!
RépondreSupprimerje n'ai effectivement plus d'ongles et je suis atteinte du syndrome de la LCA, c'est certain. Bref je me suis laissée emportée. Pourtant parfois je lisais en me disant : houla ! il s'est lancé dans un truc sacrément risqué Kamura : écrire le trajet initiaque d'un adolescent, à l'âge où ce qui n'est pas bouclé autour des questions de la castration peut encore l'être. Et on sait que chez les ados ça peut prendre des tours effrayants, voire on peut les croire en train de tourner complet fous. Ca aurait pu être très lourd, bateau, raté. Bref, très très risqué à mon avis. On entend parler des mythes d'oedipe, d'Aristophane. C'est l'amour en question. Bien ententendu il ne s'en sort pas. C'est au-delà de ça : ) il écrit un parcours à la fois délirant et crédible. C'est un conte de la réalité, pas un mythe. Les mythes sont dits déjà. Il y a des oracles, des passeurs, des choses qui paraissent ne rien vouloir dire et entre les mots, qui peuvent prendre sens pour chacun. J'ai évidemment aimé : )
Très belle critique, on ne peux pas mieux présenter cette oeuvre. J'ai eu l'occasion de replonger dans le monde de Murakami cet été avec "La fin des Temps", qui ne m'a pas tout de suite accrochée, pour mieux me ligoter ensuite. Mais " Kafka" reste mon favori, à lire en dernier, à mon avis, pour ne pas faire d'ombre à la lecture des autres
RépondreSupprimerNe fais pas ton modeste, Zaph, tu le vaux bien (^^)
RépondreSupprimerMerci Idothée et Mbu. La "critique" est facile à faire quand le livre nous transporte, quand on est à ce point submergé par les émotions... J'ai beaucoup plus de mal à écrire sur mes coups de griffe..