Par Zaph
Mais j'ai toujours su que j'aimerais Will Self.
Mais vous savez ce que sont les problèmes de LAL et de PAL, surtout pour un lecteur (très) lent comme moi...
Entre-temps, j'ai suivi toute sa carrière de loin, par critiques interposées dans des magazines littéraires. J'étais assez fier de mon petit Will, un peu comme un père qui s'est éloigné de son fils après une dispute, et dont l'amour propre mal placé l'empêche de se jeter dans ses bras, mais qui admire quand-même en secret sa réussite, et garde précieusement les coupures de presse qui parlent de lui.
Allons bon! Quelle famille imaginaire je suis en train de me construire! Fils de Vonnegut, père de Self, et frère de Pratchett! De quoi joliment agrémenter les réveillons en famille.
Et voici qu'enfin, après des années d'attente, la famille est enfin réunie! "Great apes" se retrouve au sommet de ma PAL.
Alors, voici de quoi il s'agit. Vous allez voir, l'idée de base est vraiment très simple.
Après avoir consommé avec excès alcool, sexe et drogues diverses, Simon Dykes, peintre de renom, se réveille dans un monde identique à celui de la veille à une subtile différence près: tous les humains ont été transformés en leur analogue chimpanzé.
C'est du moins ce dont est convaincu Simon, qui tout en présentant l'aspect d'un singe tout à fait bien de sa personne, se sent toujours parfaitement humain. Il se voit donc confié aux bons soins du professeur Busner, éminent psychiatre et chimpanzé de son état, qui va s'employer à guérir Simon de son étrange psychose pour en faire un singe heureux.
Je crois que les spécialiste de notre club littéraire (qui entre parenthèses se prennent tous pour des Chats) qualifieraient ce livre d'habile "mise en abîme".
En effet, c'est une sorte de "Planète des Singes" revisitée, sauf qu'ici, l'histoire est soi-disant racontée par un singe qui essaie d'entrer dans la psychose du singe se prenant pour un homme.
La question du livre est donc "Que serait le monde si les chimpanzés étaient l'espèce dominante?", mais cette question est effectivement posée par un chimpanzé qui est bel et bien membre de l'espèce dominante. Réjouissant, non?
J'ai déjà exprimé mon opinion sur les idées géniales qui font rarement des livres géniaux. Eh bien, je pense que si quelqu'un est capable de réussir ce pari, c'est bien Will Self.
Bien sûr, ce livre est passionnant et amusant, et bien sûr, son ambition échoue forcément.
Self reste un humain parlant aux humains (même s'il a lui-même goûté de quelques substances illicites), et il ne peut donc pas éviter l'anthropomorphisme. Mais, cette impossibilité est complètement assumée, et c'est ce qui sauve le livre.
On pourrait facilement voir en Self un héritier de Swift et de la longue tradition satirique anglaise. On pourrait aussi se dire non sans raison que la forme satirique n'est plus de notre époque. Qu'il n'y a plus besoin de se réfugier derrière l'allégorie pour critiquer la société.
Mais je ne pense pas en fait, que le propos de Self soit de cette nature. Tout simplement, il a eu une idée jouissive, lumineuse, déjantée, et il veut pousser sa logique jusqu'au bout. Et cela me plaît énormément.
A celui qui n'a jamais eu l'impression de se retrouver sur une autre planète, aux lois et moeurs incompréhensibles, "Great apes" ne parlera peut-être pas beaucoup.
Pourtant, Self exploite remarquablement son idée de départ pour jouer avec divers fantasmes et renversements de valeurs. Et c'est là que ce bouquin peut aussi faire réfléchir.
Finalement, le système "chimpanzesque" est cohérent et logique, et son infériorité par rapport au système humain n'est pas si évidente.
HoooH Graaa!
Si je ne vous ai encore jamais parlé d'un de mes écrivains préférés, c'est pour une excellente raison: c'est qu'il y a à moins de trois semaines d'ici, je ne l'avais encore jamais lu.
Mais j'ai toujours su que j'aimerais Will Self.
Depuis ce jour lointain où j'ai lu cette critique de son premier livre "The quantity theory of insanity". Ce jour-là, je me suis dit: "Mon vieux Zaph, voilà un auteur pour toi".
Mais vous savez ce que sont les problèmes de LAL et de PAL, surtout pour un lecteur (très) lent comme moi...
Entre-temps, j'ai suivi toute sa carrière de loin, par critiques interposées dans des magazines littéraires. J'étais assez fier de mon petit Will, un peu comme un père qui s'est éloigné de son fils après une dispute, et dont l'amour propre mal placé l'empêche de se jeter dans ses bras, mais qui admire quand-même en secret sa réussite, et garde précieusement les coupures de presse qui parlent de lui.
Allons bon! Quelle famille imaginaire je suis en train de me construire! Fils de Vonnegut, père de Self, et frère de Pratchett! De quoi joliment agrémenter les réveillons en famille.
Et voici qu'enfin, après des années d'attente, la famille est enfin réunie! "Great apes" se retrouve au sommet de ma PAL.
Alors, voici de quoi il s'agit. Vous allez voir, l'idée de base est vraiment très simple.
Après avoir consommé avec excès alcool, sexe et drogues diverses, Simon Dykes, peintre de renom, se réveille dans un monde identique à celui de la veille à une subtile différence près: tous les humains ont été transformés en leur analogue chimpanzé.
C'est du moins ce dont est convaincu Simon, qui tout en présentant l'aspect d'un singe tout à fait bien de sa personne, se sent toujours parfaitement humain. Il se voit donc confié aux bons soins du professeur Busner, éminent psychiatre et chimpanzé de son état, qui va s'employer à guérir Simon de son étrange psychose pour en faire un singe heureux.
Je crois que les spécialiste de notre club littéraire (qui entre parenthèses se prennent tous pour des Chats) qualifieraient ce livre d'habile "mise en abîme".
En effet, c'est une sorte de "Planète des Singes" revisitée, sauf qu'ici, l'histoire est soi-disant racontée par un singe qui essaie d'entrer dans la psychose du singe se prenant pour un homme.
La question du livre est donc "Que serait le monde si les chimpanzés étaient l'espèce dominante?", mais cette question est effectivement posée par un chimpanzé qui est bel et bien membre de l'espèce dominante. Réjouissant, non?
J'ai déjà exprimé mon opinion sur les idées géniales qui font rarement des livres géniaux. Eh bien, je pense que si quelqu'un est capable de réussir ce pari, c'est bien Will Self.
Bien sûr, ce livre est passionnant et amusant, et bien sûr, son ambition échoue forcément.
Self reste un humain parlant aux humains (même s'il a lui-même goûté de quelques substances illicites), et il ne peut donc pas éviter l'anthropomorphisme. Mais, cette impossibilité est complètement assumée, et c'est ce qui sauve le livre.
On pourrait facilement voir en Self un héritier de Swift et de la longue tradition satirique anglaise. On pourrait aussi se dire non sans raison que la forme satirique n'est plus de notre époque. Qu'il n'y a plus besoin de se réfugier derrière l'allégorie pour critiquer la société.
Mais je ne pense pas en fait, que le propos de Self soit de cette nature. Tout simplement, il a eu une idée jouissive, lumineuse, déjantée, et il veut pousser sa logique jusqu'au bout. Et cela me plaît énormément.
A celui qui n'a jamais eu l'impression de se retrouver sur une autre planète, aux lois et moeurs incompréhensibles, "Great apes" ne parlera peut-être pas beaucoup.
Pourtant, Self exploite remarquablement son idée de départ pour jouer avec divers fantasmes et renversements de valeurs. Et c'est là que ce bouquin peut aussi faire réfléchir.
Finalement, le système "chimpanzesque" est cohérent et logique, et son infériorité par rapport au système humain n'est pas si évidente.
HoooH Graaa!
GENIAL ! Will Self is great (et en plus...je poste un truc sur lui demain, tu tombes bien :-)).
RépondreSupprimerMerci de rappeler qu'on fait des supers découvertes grâce aux chats ;-)
Ce qui est sûr, c'est que je vais découvrir Lehane grâce aux Chats, et vu ce que tout le monde en dit, je me réjouis d'avance.
RépondreSupprimerOh, zut, je suis en train de faire du flood ;-)
ouiiiii, grâce aux chats j'ai n'ai aucune envie de lire Great Apes.
RépondreSupprimerYoupie! un livre de moins sur ma LAL :D)
Dommage, Jeanne!
RépondreSupprimerCe livre est vraiment intelligent, drôle, et bien écrit, je t'assure.
Il m'a fait passer un très bon moment, en tout cas.
OK, je le mettrai tout en bas et puis on ne sait jamais à quelle vitesse il va monter :)
RépondreSupprimerOh,noooonnn..un de plus à rajouter sur ma pile. Vous n'auriez pas quelques coups de griffe à poster?
RépondreSupprimerJ'en ai un au chaud pour ce week-end.
RépondreSupprimerA noter que demain, sur Le Golb, on cause aussi de Will Self (bah quoi...la promo, ça marche aussi dans l'autre sens, non ? ;-))
Comme Jeanne, ça ne me tente pas du tout...même si ta critique est très bonne ;)
RépondreSupprimerBon, alors je vais voir ce que j'ai d'autre en magasin pour vous :-)
RépondreSupprimerMoi j'aime bien la critique, et Will ZSelf est un auteur qui m'attire depuis un moment. J'essaierai de me pencher sur son cas après découverte de Cauchy, Lehane, Teulé, Bukowski...
RépondreSupprimerJoli programme!
RépondreSupprimer(Peur j'ai eu. Cru un instant que c'était la photo de l'auteur en couverture...) ♣
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