dimanche 28 septembre 2008

"La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil" - Sébastien Japrisot

Un bon début, par Zaphod



Pour tout dire, ce livre commence bien ; même très bien.
Le patron de Dany (c'est une fille, Dany) lui demande de le conduire à l'aéroport et de ramener sa voiture en ville pendant qu'il prend l'avion pour un voyage d'affaires à Genève.
Mais Dany, au lieu de rentrer directement, décide d'emprunter la voiture pour quelques jours et de se payer un peu de bon temps sur la Côte d'Azur.
Seulement voilà, les choses ne vont pas se passer comme elle l'espérait. Elle commence par se faire attaquer et blesser à la main dans une station service, puis les évènements et les rencontres bizarres se succèdent, jusqu'à ce que... je le dis ? ... allez, s'il y a un fusil dans le titre, vous devez bien vous douter qu'il y aura aussi un cadavre.
Tout cela est tellement étrange que Dany n'arrive pas (et le lecteur non plus, c'est là toute la force de l'histoire) à décider si elle est complètement folle et s'est livrée à quelqu'acte terrible sans s'en souvenir, ou bien si elle est victime d'une terrible machination.

C'est donc une sorte de polar sans policier ou le personnage central joue en même temps le rôle du détective et celui de la victime ou du criminel (c'est un peu une spécialité de Japrisot, si j'ai bien compris).

Le problème est que si ces prémisses sont très intéressantes, elles ne sont pas aisées à mettre en oeuvre ; on sent que l'auteur peine un peu à maintenir le suspens et à nous garder dans l'incertitude. Cette situation ne peut pas durer très longtemps ; après avoir été captivé par le début, puis irrité par le milieu, il était temps d'arriver à une résolution ; et c'est malheureusement là que tout s'effondre.
Non seulement, c'est celle des deux hypothèses de départ qui me plaisait le moins qui se révèle finalement la bonne, encore que ça, c'est pas trop grave, c'est finalement une question de goût, mais le pire, c'est que l'auteur tombe en plein dans une structure de roman tout à fait primaire et lourdingue : il s'est d'abord acharné à construire une situation en apparence incompréhensible, et une fois que c'est fait, paf, il passe de nombreuses et assommantes pages à nous livrer par le menu l'explication du mystère avec une emphase et un souci du détail que n'aurait pas renié Hercule Poirot, histoire de nous en foutre plein la vue et de bien nous montrer comment l'auteur il est génial d'inventer des énigmes aussi tordues. Beurk.

Dommage pour cette fin, donc, sinon, j'aimais bien le personnage de Dany, sympathique quoique peu réaliste.
Bon, je vais en essayer un autre. C'est pas parce qu'on a un nom qui commence par 'J' qu'on va forcément pondre un chef d'oeuvre à tous les coups.




C'est long..., par Sandriine

La dame c’est Dany Longo, secrétaire dans une agence de pub. Elle s’ennuie dans une vie étriquée, elle s’ennuie, elle ne s’aime pas, elle essaie de faire comme les autres mais cela ne la rempli pas. L’auto c’est la Thunderbird de son patron, accessoirement mari d’une amie-Anita- un peu méprisante, un peu méchante.
Durant un week-end et le voyage d’Anita et du mari, Dany va profiter de la Thunderbird pour vivre un de ces rêves : voir la mer. Bien sûr ce ne sera pas si facile. Les gens qu’elle croisera sur sa route la reconnaisse, lui parle de la veille, lui demande pourquoi elle refait le chemin en sens inverse. Dany se perd dans ces affirmations, pense à une petite machination « rigolote » jusqu’à ce qu’elle ouvre le coffre de la Thunderbird… Là elle panique, cherche la clé, se croit folle, se croit capable de tout, et remonte sa propre piste jusqu’à trouver l’incroyable vérité.
Il y a quelque chose dans ce livre, la première partie m’a plu, quand l’héroïne sombre et ne comprend rien, on embarque avec elle. Le problème c’est qu’à la moitié du bouquin, la solution devient tout de même assez nette même si l’auteur tente de nous expliquer que ça ne tient pas debout. Hé oui ça ne tient pas debout effectivement, c’est tiré par les cheveux, cousu de gros fils de nylon et le héros principal se nomme hasard. Construire un « «roman policier » sur le hasard c’est quand même un peu gros… Et beaucoup trop long !! Il y a quand même un charme dans ce livre, l’héroïne, Dany, complètement à l’ouest mais qui reste debout et se bat pour comprendre ce qu’il lui arrive. Elle est marrante, elle me plaît bien !

Il y a dans mon édition un petit entretien avec l’auteur où il explique que ce livre était censé sortir dans une collection policière à la suite de « Compartiment tueurs » et de « Pièges pour Cendrillon » et que cela n’a pas été fait car le livre était trop long. Il nous dit aussi qu’il a mis plus de temps à l’écrire car il s’est appliqué, il a fait plus attention. (A quoi, ça il ne le dit pas…)

2 commentaires:

  1. ce livre est tout simplement une merveille tant sur le fond que sur la forme. 5 pages suffisent pour y être accro. Un chef d'oeuvre de la littérature policière. Le scénario est impeccable et l'(anti?)héroïne est un personnage travaillé à la perfection. j'ai particulièrement apprécié l'alternance des points de vue narratifs, l'implication des différents témoins dans la trame( le motard, philippe..) et le style de l'auteur qui à travers notamment de l'emploi régulier du discours indirect libre nous fait entrer dans la tête de Dany. Elle est indécise, fragile, résolue, déprimée et pleine d'espoirs, répulsive et attachante et le lecteur ne peut que s'éprendre de la dame aux mille contradictions. Certes le dernier chapitre qui explique plein par point l'énigme peut paraitre long mais la foule de détails distillés durant l'ouvrage entier et qui servent tous à la résolution de l'énigme me font penser au génie d'Agatha Cristie. L'énigme est résolument complexe pour faire cadrer tous les élèments mais au final tout s'explique et Sébastien Japrisot a véritablement pensé à tout. En outre, ce livre n'est pas simplement un bon roman policier, il est également sur le plan littéraire très riche, à la fois lapidaire et brusque mais aussi plein de poésie. Le lecteur et l'héroine se confondent: tous les deux embarquent pour 2 jours dans un voyage déroutant...

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  2. Hé, joli comm, Anonyme. Ce serait presque une critique à lui tout seul ! :)

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