Le chameau est le meilleur ami des Chats, par Lhisbei
Généralement quand un jeune auteur se lance dans une histoire qui n’en est pas tout à fait une, dans un roman sans intrigue, qu’il utilise l'écriture en flux de pensées (écueil des jeunes écrivains qui tentent souvent de masquer, par ce biais narratif, leur manque de maîtrise de l’art d’écrire) et qu’il débute son histoire par une panne de radiateur pour enchaîner avec un petit truand marseillais de seconde zone et une virée au commissariat, le lecteur (moi en fait) tremble un peu.
Mais où va-t-on ? Et c’est quoi toutes ses parenthèses là ? Et puis, doucement, sans s’en rendre vraiment compte, on (je, toujours) se met à suivre l’auteur dans ses déambulations, sans plus se préoccuper des parenthèses ni se demander où l’auteur nous emmène. Et c’est tant mieux car il ne va nulle part. Le point d’arrivée n’est pas important, seul le chemin compte (non, ce n’est pas un proverbe chinois).
Le chemin d’Halvard Sanz, le « héros » malchanceux de l’histoire, est tortueux voire tordu. Halvard ne fait pas partie des « magiciens de la vie », il rame, il gamberge (surtout dans sa tête) dans un Paris plutôt triste. Les trucs les plus invraisemblables lui tombent sur le coin du nez au moment où il s’y attend le moins et vous pouvez être surs que les coïncidences les plus fâcheuses et les plus embarrassantes vont se produire en exclusivité pour lui. Halvard fait toujours les mauvais choix et il est toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Il est en constant décalage avec sa vie et marche à côté de ses pompes en permanence. Ça pourrait être déprimant mais non. C’est drôle, très drôle et dans tous les registres de l’humour et du comique : des jeux de mots, des associations d’idées incongrues, des raisonnements par l’absurde, assaisonnés de ridicule, d’une touche d’ironie, d’une pointe d’autodérision et d’une pincée de farce burlesque.
J’ai souri, j’ai ri, j’ai éclaté de rire et j’ai pleuré de rire, et, ça, jusque tard dans la nuit où tôt le matin, comme on voudra (attention le rire est une drogue puissante dont on devient très vite dépendant). Faire rire le lecteur sur plus de trois cent pages n’est pas facile mais l’auteur réussit en plus à émouvoir le lecteur. Halvard est un être sensible qui nous fait ressentir et réfléchir et auquel on ne peut que s’attacher. Il y a une poésie chez les chameaux que je ne soupçonnais pas. D’ailleurs en parlant de chameaux, je me suis demandé jusqu’aux dernières pages comment l’auteur allait bien pouvoir boucler son histoire. Moi qui suis fâchée avec les fins j’ai trouvé celle-ci parfaite. Et si vous voulez la connaître lisez le livre…
Vous trouverez d'autres avis sur ce livre et sur l'oeuvre de Philippe Jaenada en vous référant à l'index
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire