mercredi 10 septembre 2008

"Fleur de neige" - Lisa See

Neige en été, par Idothée

J’ai eu peur lorsqu’on m’a gentiment prêté ce roman. Et oui, comme d’habitude la bibliothèque de mon quartier était fermée alors que j’y allais, fébrile et l’eau à la bouche chercher des livres à mettre dans ma valise . De bonnes âmes ont sauvé mon été. Mais ce livre là, je l’ai pris pour faire plaisir, convaincue que j’étais d’avoir à faire à une histoire à l’eau de rose. Le titre peut-être ? Et l’image sur la couverture glacée surtout : Un très beau et très lisse visage de femme chinoise. Et puis ... famine obligeant (je passe l’été dans une campagne relativement isolée et j’ai lu depuis longtemps tous les livres de tous les placards ), j’ai ouvert Fleur de Neige. Je me suis dès les premiers mots rendue compte de mon erreur, Fleur de Neige n’est pas un roman à l’eau de rose. C’est l’histoire de deux femmes dans la chine du XIXème siècle : Fleur de Lys et Fleur de neige. Née dans une famille de paysan, Fleur de Lys est tout enfant liée à une autre petite fille : Fleur de Neige, qui elle appartient à une famille de mandarins. Elles seront Laotong, unies pour la vie, 7 caractères sur 8 nécessaires à cette union étant présents : les dates et jours de naissance, le nombre de frères et sœurs mais surtout, leurs pieds promettent d’être particulièrement beaux. Ils auront, à la fin du bandage, la forme parfaite de la fleur de Lotus. Cette union, voulue et négociée par une entremetteuse va permettre à cette dernière de touver pour elles les meilleurs maris possibles. Maris qu’elles ne verront qu’à la fin de leurs années « chignons « avant d’aller vivre dans leur belle – famille.

De l’enfance aux années "chignon", à celles "de riz et de sel" et enfin aux années "assise au calme ", c’est un récit à la première personne, c’est Fleur de Lys qui nous parle. C’est l’histoire d’une femme et d’une amitié, tendre, passionnée, jalouse. Une femme qui ferme les yeux sur sa condition pour parvenir à tenir une place difficile et les ouvre à nouveau, à la fin de sa vie. Elle les ouvre tout autant sur son propre trajet que sur celui de toutes les femmes de la chine dans cette société où être femme était un état d’obéissance : A sa mère, à son père et ses frères, puis à son mari et ses fils. L’une des seules possibilités de « tenir les rennes » : avoir une belle-fille, avoir à son tour une fille, bien qu’une fille ne soit rien. L’autre : faire siennes ces traditions et épauler ( voire guider ) les hommes dans le maintien de l’organisation sociale existante.

L’écriture est nette. Sans le « pathos » qu’on aurait pu craindre de trouver tant la vie de ces femmes étaient douloureuse. Celle des hommes aussi était difficile et Lisa See, si elle parle des femmes, ne tombe jamais dans cette pente facile qui serait de faire, naïvement, le seul procès des hommes.

Un style clair. Monotone presque. Le fil essentiel est celui des messages écrits en nu shu sur un éventail, que s’envoient les deux laotong ( Le nu shu était une écriture utilisée seulement par les femmes ). Cependant on est tenu en haleine, happé, à suivre ces deux femmes au prise avec leur destin et avec celui de la chine, de révoltes paysannes en périodes de famine, on se trouve entraîné dans leur lutte. J’ai vu arriver la dernière page avec cette mélancolie qu’on éprouve quand on ferme un livre ami.

3 commentaires:

  1. La critique est belle et douce comme le roman apparemment. Un bon moment en perspective..

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  2. ha mince zut ..j'ai laissé passer une énorme répétition et d'autres choses aussi (quelqu'un a une gomme ? )
    c'est gentil sandrounette et je t'assure, le livre est heureusement sacrément mieux écrit que la critique lol
    je vais m'appliquer plus la prochaine fois : )

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  3. Je suis tombée par hasard sur ce livre dans une brocante.... il est vraiment tout en douceur, un vrai moment de bonne lecture

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