samedi 12 avril 2008

"L'élégance du hérisson" - Muriel Barbery

Par Lhisbei


Renée, 54 ans, concierge de son état au 7 rue de Grenelle a l’apparence d’une concierge : mal habillée, mal coiffée, mal embouchée, affublée d’un chat et d’un téléviseur allumé en permanence. Mais sous les apparences, Renée est une femme cultivée, passionnée par les arts, autodidacte complexée qui observe le petit univers bourgeois que constitue son immeuble. Paloma Josse, 12 ans, surdouée, est fille de diplomate républicain qui se dit de gauche (laissez-moi rire) et d’une parfaite bourgeoise dépressive en psychothérapie depuis 10 ans. Son ambition dans la vie : se suicider et faire flamber son appartement le jour des ses 13 ans. Les deux protagonistes ont la particularité de se cacher des autres et de cacher qui elles sont. Les deux récits menés en parallèle vont se croiser le jour où M.Ozou, retraité japonais, va investir l’appartement du 4eme …

Les personnages m’ont souvent irrité et j’ai eu du mal à éprouver de la sympathie pour Renée qui juge trop et essaie peu de comprendre. Pour quelqu’un de profond elle s’en tient souvent aux apparences et manque cruellement d’humilité, tout comme la petite Paloma. Mais ce qui est pardonnable chez une gamine de 12 ans l’est moins chez une cinquantenaire cultivée et qui se pique de philosophie. Les passages philosophiques m’ont plus souvent ennuyé que passionné (mais la philo et moi ça fait deux). La prose est érudite mais parfois assez lourde et indigeste. Certaines phrases sont pourtant comme les gourmandises de Manuela Lopes : de douces friandises dans un écrin de soie. Comme par exemple :
« C'est peut-être ça, être vivant : traquer des instants qui meurent. »

A force de vouloir retourner les clichés (la concierge bébête et malpolie, la gosse de riches idiote et méprisante) l’auteur se fourvoie dans d’autre clichés (le sage japonais cultivé, les bourgeois idiots qui se croient l’élite de la France, la femme de ménage portugaise aux innombrables fautes de français mais excellente cuisinière, le clochard fin saoul mais toujours digne) ou l’émotion facile (l’enfance malheureuse et traumatisante de Renée et surtout la fin du livre). Au final on a quand même un livre manichéen et bourré de bons sentiments.

« Je suis toujours fascinée par l'abnégation avec laquelle nous autres humains sommes capables de consacrer une grande énergie à la quête du rien et au brassage de pensées inutiles et absurdes. »


L'avis de Livrovore

15 commentaires:

  1. Un livre plutôt ennuyeux qui ne véhicule que des banalités... on est d'accord :-)

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  2. Je m'étonne quand même qu'on ait deux critiques aussi violemment négatives ici...dans un monde où tout le monde adore ce bouquin...

    Afin de rééquilibrer j'en appelle donc à nos lecteurs : envoyez-nous des critiques :-)

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  3. Je ne sais pas pourquoi mais je n'ai pas du tout envie de me lancer dans la lecture de ce livre. Et ce n'est pas les deux avis de mes compagnons matous qui vont m'encourager!

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  4. En fait, à ma connaissance, ce livre soulève deux avis complètement divergeants... Celui-ci, que vous venez d'exposer.

    Et l'autre, le mien, de ceux qui ont adoré, qui en redemandaient, qui ont trouvé la plume à la fois drôle et intelligente. Mais je vous concède une chose, je crois qu'il faut aimer la philo pour aimer ce livre!

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  5. En effet, Catherine. J'avais vu plusieurs critiques très positives de ce livre.
    C'est peut-être simplement qu'après une période euphorique, on ne peut qu'être déçu parce qu'on en attendait beaucoup, et on a tendance à écrire des critiques spécialement négatives, pour contre-balancer un peu.
    En fait, je serais curieux de le lire pour voir, mais je suis over-booké au niveau lectures ;-)

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  6. Le côté philosophique justement a l'air de vachement diviser les gens. Les uns ça les enthousiasme...et les autres ont l'air de trouver ça plutôt factice. Bon, évidemment je n'ai plus d'avis que ce matin, mais la réflexion de Catherine m'interpelle forcément...

    (bah quoi ? on peut discuter, non ?)

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  7. Oui Catherine vous avez tout à fait raison : il faut aimer la philo pour aimer ce livre. Il faut aimer la discipline philo ou la matière philo au sens "matière scolaire" pour aimer ce livre. Muriel Barbery fait de la philo. Elle ne philosophe pas. c'est ce que je lui "reproche".
    L'amie qui m'a prêté ce livre était persuadée que je l'aimerai. elle avait adoré tout ce que je n'ai pas aimé... Ce livre divise. si un chats pouvait rééquilibrer les critiques ce serait bien. Et puis une guerre de chats ça pourrait être drôle à voir ;-)

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  8. Je n'ai rien compris à cette discussion :(

    "Faire de la philo", plutôt que "philosopher". C'est joli, mais cela veut dire quoi, exactement ?

    Dans la critique, en tout cas, on rit bien !! J'adore ce passage : "La prose est érudite mais parfois assez lourde et indigeste. Certaines phrases sont pourtant comme les gourmandises de Manuela Lopes : de douces friandises dans un écrin de soie."

    C'est vrai que c'est léger et digeste, comme formulation ! Mise en abyme ? :D

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  9. "faire de la philo" : comme à l'école on part de l'histoire de la philo pour approcher les théories de chaque philosophe, les courants de pensée : Aristote, Platon, rousseau Kant etc Qu'est-ce que l'Art ? la liberté ? le libre arbitre ? et les disserts thèse-antithèse-synthèse...and so on

    "philosopher" : penser par soi même, à partir de la réflexion des penseurs précédents, développer sa propre philosophie en fait.

    c'est ça que je ressents à la lecture du livre : des pages de dissert mais pas de vrai réflexion personnelle du personnage (si tant est qu'un personnage peut développer une réflexion personnelle)

    pour le reste du commentaire c'est moi qui percute plus Laiezza :-( tu peux m'éclairer ?

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  10. C'était une taquinerie tendant à dire que reprocher à une prose d'être lourde et indigeste, en enchainant avec un exemple indigeste (Manuela Lopes, c'est qui ?), illustré par une formulation ronflante comme "douces friandise dans un écran de soie"...C'est vachement gonflé :)
    J'avais cru que c'était volontaire, d'où ma question sur la mise en abyme...Mais je me rends compte que non, et que j'ai fait une gaffe :)

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  11. Tu viens surtout de bouletter remarquablement avec...ton clavier !!! ;-)

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  12. ahem! de "douces friandises dans un écrin de soie" sont les mots de Muriel Barbery pour désigner les petites douceurs réalisées par Manuela Lopes la meilleure amie de la concierge. je ne faisais que reprendre les propos de l'auteur. ;-) donc oui c'est un peu comme une mise en abyme (faudra m'expliquer ce concept un de ces jours).
    Par contre pour qui n'a pas lu le livre je peux comprendre que c'est obscur et indigeste ce clin d'oeil. je ferai attention la prochaine fois.

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  13. C'est même...incompréhensible, en fait. Moi je croyais que tu citais une chanson de Manuela Lopez (tu sais, la fille d'AB Productions). Et je trouvais ça vachement drôle, en plus :-/

    (merde, je me paie mon fou rire du soir là...)

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  14. oy, moi aussi je croyais que Lopes devait être une chanteuse (que je connais pas d'ailleurs) :)

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  15. Et moi un coureur cycliste.

    Sais pas pourquoi ;-)

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