Par Thom
Avant-propos : il va contre tous mes principes éthiques et moraux de commenter un livre dont je sais déjà dès la première ligne que je vais le détester. Heureusement je n’ai aucune éthique chez les Chats – je réserve ma bonne morale au Golb (ma bonne morale et mes bonnes critiques, surtout). Fans de Janine Boissard s’abstenir, donc, de lire ce billet : la simple phrase Thom va parler de Boissard relevant d’une figure de style non encore identifiée par l’Académie Française.
Dans la vie nous faisons parfois des rencontres troublantes, de celles qui nous bouleversent – ou même qui nous changent. Ainsi ai-je rencontré il y a longtemps ni plus ni moins qu’une princesse. Une vraie. Pas du genre Caroline et Stéphanie, non non : une princesse de conte de fées. Une princesse comme on en croise parfois, dont le château ressemble à un petit appartement et qui le soir, à sa fenêtre, rêve au prince charmant en écrasant une Camel Extra Light.
Mais princesse rime avec perverse. Je ne dis pas ça pour exciter le lecteur-goret de passage ; je le dis parce que c’est vrai. La mienne (qui du reste ne m’appartient pas du tout) m’a ainsi offert un livre de…Janine Boissard. Herself. « Je serai la princesse du château », évidemment. J’ose croire que l’auteure de ce cadeau empoisonné l’a fait uniquement pour le titre et qu’elle n’avait pas lu le livre. Que c’était une private-joke et que si elle avait eu une photocopieuse à portée de main elle ne se serait pas embêtée à dépenser de l’argent.
Le titre du bouquin suffit à en annoncer le contenu : il s’agit d’une tentative autobiographique. Janine Boissard, avec sa série « L’esprit de famille » (qui à défaut d’être grandiose n’en était pas moins lisible) a fait rêver des milliers de jeunes filles et aujourd’hui, elle veut raconter ses rêves de jeune fille – à elle. Mise en abyme amusante qui pourrait même donner un livre intéressant si les rêves de gamine de Janine n’étaient pas si banals, si ternement cuculs la praline. Voyez-vous : elle veut assez rapidement devenir une princesse de conte de fées. Au sens propre. On la plaint, mais on a tous été jeune (moi à son âge je voulais être cosmonaute).
Là où les choses deviennent nettement plus problématiques, c’est lorsque l’auteure décide d’évoquer la Guerre. Bon, c’est de sa génération, cela appartient à son histoire – là-dessus rien à dire. En revanche utiliser des évènements aussi tragiques pour créer un contraste ultra-violent (et ultra binaire) rêves versus cruelle réalité et faire pleurer dans les chaumières…c’est au mieux balourd, au pire plus que malsain *. De là naîtra donc la furieuse envie de notre narratrice de devenir quelqu’un…et donc d’écrire, mais d’écrire dans le but d’être quelqu’un – voilà qui explique enfin le mercantilisme parfois abusif de l’entreprise Boissard. L’amour de la littérature n’est pas son fort, on s’en rend compte assez vite, et si l’on assiste à la naissance d’une vocation elle n’est pas vraiment émouvante et la littérature elle-même n’y joue qu’un rôle très secondaire.
Reste que le plus gros problème de ce livre n’est pas tant son contenu que sa forme. Je crois n’avoir jamais lu de texte donnant une si belle illustration du mot désuet. Les premiers livres de Janine Boissard collaient parfaitement à une époque, à un ton, à un air du temps – si je peux dire. Celui-ci, écrit dans le même style suranné et se déroulant dans le même univers à mi-chemin entre la nostalgie et la ringardise de clichés éculés, date de 2006. Et savoir qu’un livre comme celui-là existe encore en 2006 est absolument effarant.
Ici réside toute la différence entre le courant littéraire et la mode. Le premier est éternel, transcende les époques. La seconde passe – généralement très vite.
* (et je ne sais pas vous, mais moi, bizarrement...ça m'a rappelé un autre livre tout aussi mauvais - on ne le citera pas)
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Avant-propos : il va contre tous mes principes éthiques et moraux de commenter un livre dont je sais déjà dès la première ligne que je vais le détester. Heureusement je n’ai aucune éthique chez les Chats – je réserve ma bonne morale au Golb (ma bonne morale et mes bonnes critiques, surtout). Fans de Janine Boissard s’abstenir, donc, de lire ce billet : la simple phrase Thom va parler de Boissard relevant d’une figure de style non encore identifiée par l’Académie Française.
Dans la vie nous faisons parfois des rencontres troublantes, de celles qui nous bouleversent – ou même qui nous changent. Ainsi ai-je rencontré il y a longtemps ni plus ni moins qu’une princesse. Une vraie. Pas du genre Caroline et Stéphanie, non non : une princesse de conte de fées. Une princesse comme on en croise parfois, dont le château ressemble à un petit appartement et qui le soir, à sa fenêtre, rêve au prince charmant en écrasant une Camel Extra Light.
Mais princesse rime avec perverse. Je ne dis pas ça pour exciter le lecteur-goret de passage ; je le dis parce que c’est vrai. La mienne (qui du reste ne m’appartient pas du tout) m’a ainsi offert un livre de…Janine Boissard. Herself. « Je serai la princesse du château », évidemment. J’ose croire que l’auteure de ce cadeau empoisonné l’a fait uniquement pour le titre et qu’elle n’avait pas lu le livre. Que c’était une private-joke et que si elle avait eu une photocopieuse à portée de main elle ne se serait pas embêtée à dépenser de l’argent.
Le titre du bouquin suffit à en annoncer le contenu : il s’agit d’une tentative autobiographique. Janine Boissard, avec sa série « L’esprit de famille » (qui à défaut d’être grandiose n’en était pas moins lisible) a fait rêver des milliers de jeunes filles et aujourd’hui, elle veut raconter ses rêves de jeune fille – à elle. Mise en abyme amusante qui pourrait même donner un livre intéressant si les rêves de gamine de Janine n’étaient pas si banals, si ternement cuculs la praline. Voyez-vous : elle veut assez rapidement devenir une princesse de conte de fées. Au sens propre. On la plaint, mais on a tous été jeune (moi à son âge je voulais être cosmonaute).
Là où les choses deviennent nettement plus problématiques, c’est lorsque l’auteure décide d’évoquer la Guerre. Bon, c’est de sa génération, cela appartient à son histoire – là-dessus rien à dire. En revanche utiliser des évènements aussi tragiques pour créer un contraste ultra-violent (et ultra binaire) rêves versus cruelle réalité et faire pleurer dans les chaumières…c’est au mieux balourd, au pire plus que malsain *. De là naîtra donc la furieuse envie de notre narratrice de devenir quelqu’un…et donc d’écrire, mais d’écrire dans le but d’être quelqu’un – voilà qui explique enfin le mercantilisme parfois abusif de l’entreprise Boissard. L’amour de la littérature n’est pas son fort, on s’en rend compte assez vite, et si l’on assiste à la naissance d’une vocation elle n’est pas vraiment émouvante et la littérature elle-même n’y joue qu’un rôle très secondaire.
Reste que le plus gros problème de ce livre n’est pas tant son contenu que sa forme. Je crois n’avoir jamais lu de texte donnant une si belle illustration du mot désuet. Les premiers livres de Janine Boissard collaient parfaitement à une époque, à un ton, à un air du temps – si je peux dire. Celui-ci, écrit dans le même style suranné et se déroulant dans le même univers à mi-chemin entre la nostalgie et la ringardise de clichés éculés, date de 2006. Et savoir qu’un livre comme celui-là existe encore en 2006 est absolument effarant.
Ici réside toute la différence entre le courant littéraire et la mode. Le premier est éternel, transcende les époques. La seconde passe – généralement très vite.
* (et je ne sais pas vous, mais moi, bizarrement...ça m'a rappelé un autre livre tout aussi mauvais - on ne le citera pas)
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Si on a trouvé le livre que tu ne nommes pas, on gagne quoi? :-D
RépondreSupprimerAh ah ah.
RépondreSupprimerOn gagne...une tribune libre pour écrire TOUT ce qu'on veut sur le blog des chats.
Merci d'adresser vos réponses à :
chatsdebibliotheque@gmail.com
Tout ce qu'on veut? Vraiment?.... tu ne sais pas à quoi tu t'exposes... ;-)
RépondreSupprimerAu contraire : c'est même pour ça que je suis partant :-)
RépondreSupprimerJe crois que le blog des Chats se passe très bien de principes éthiques et moraux (pouah ;-)
RépondreSupprimersurtout si ça donne des critiques aussi réjouissantes :)
Laurence, te voilà mise au défi ;-)
Et moi je crois que...mouais mais bon, attends : elle est quand HYPER fastoche cette critique...tu peux pas dire le contraire.
RépondreSupprimerQue dire ? Le premier paragraphe de ta critique makes my day...
RépondreSupprimerPour le reste, effectivement, je ne l'ai pas lu ! ;-)
merci d'avoir lu le livre, merci d'en avoir fait une critique...
et merci tout simplement.
La (ta?) princesse.
C'est quoi, ce commentaire ?
RépondreSupprimerOn n'est pas sur meetic, quoi. Quand même ! :/
Thom, je veux bien récupérer les lecteurs du Golb, mais si tu pouvais nous épargner les groupies de bas étage...Je suis certaine que les Chats ne s'en porteraient pas plus mal :)
Anonyme >>> je n'ai pas de princesse attitrée. Quelle horreur ? C'est beaucoup trop de frais pour moi, la vie de château...
RépondreSupprimerLaiezza >>> confondre les princesses et les groupies, quand même...mais où est passé ton esprit fleur bleue ?
On se demande :)
RépondreSupprimerEnfin, pas d'embrouille : tes groupies sont les bienvenues chez les Chats, du moment que tu ne les emmènes pas backstage...
(remarque, peut-être que Zaph serait content !)
Non, pour ça, je préfère aller rôder sur le Golb ;-)
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