Naufrage d'une nation, par Ingannmic.
U.R.S.S. de Staline. Ce dernier, pour soulager ses douleurs liées à des troubles articulaires, fait venir auprès de lui, dans le plus grand secret, Olga Ivanovna Atlina. Olga est urologue, mais ce sont surtout ses dons de magnétiseuse qui intéressent le dirigeant soviétique.
RDA, guerre froide : Plotov, membre du KGB, est mis à l’épreuve par ses supérieurs, qui se préparent pour la fin, qu’ils sentent proche, du régime soviétique.
Août 2000 : l’Oskar, sous-marin nucléaire russe, fait naufrage lors d’une démonstration, avec pour conséquence la mort des 118 hommes qui se trouvaient à son bord*.
A priori peu de rapports entre ces 3 parties… et pourtant, si je vous dis que le petit-fils d’Olga, Vania, est l’un des sous-mariniers détachés sur l’Oskar ? Que Plotov (qui n’est autre que Poutine, ainsi que le lecteur l’aura bien vite compris) est lui-même le petit-fils du cuisinier qu’employait Staline lors de ses séjours sur les bords de la Mer Noire, et qu’Olga a par conséquent eu l’occasion de faire sa connaissance ? Que c’est sous la présidence de Plotov-Poutine que se déroule la tragédie du naufrage ?
Pour faire le lien entre ces personnages, nous avons Pavel, le narrateur, fils d’Olga, et… (avez-vous bien suivi ?) père de Vania. C’est quelqu’un de tout à fait « ordinaire », juste un modeste professeur las d’enseigner à ses élèves une fiction qu’il doit faire passer pour l’Histoire, fatigué aussi de vivre avec une femme qu’il voulait quitter, ce dont il a été empêché par un accident qui l’a rendue dépendante de lui…
D’ailleurs, ces connexions ne sont pas si importantes, disons qu’elles relèvent de « la petite histoire », et qu’elles sont là afin de permettre à Marc Dugain de brosser le portrait de 50 ans de Russie, et de nous montrer que finalement, du régime stalinien à la présidence « démocratique » actuelle, rien n’a vraiment changé, de certains points de vue. Des décennies de totalitarisme ont fait de la terreur une composante du comportement russe. Elle reste la meilleure arme pour bâillonner et soumettre le peuple, et pour servir la grande Histoire –du moins celle que décident d’écrire les hommes de pouvoir-, qui broie les individus pour faire triompher la raison d’état. Que ce soit au nom de la grandeur d’une idéologie ou pour maintenir le prestige de la Russie face aux ennemis de l’Otan, peu importe, ce sont toujours les mêmes qui en subissent les conséquences. Que sont les vies de quelques anonymes face à la nécessité d’assurer la crédibilité d’un empire ?
Après l’effondrement de l’U.R.S.S., et les tâtonnements liés au manque de modèle pour remplacer le précédent, la corruption a infligé à la Russie son coup de grâce pour la précipiter dans une décrépitude générale.
Liés au destin de cette nation, deux hommes de pouvoir dont les portraits brossés par Marc Dugain encadrent le récit : un Staline en fin de parcours qui semble désabusé, car nourrissant peu d’espoir sur les perspectives de sa succession, mais gardant malgré tout sa ruse et son cynisme, et un Poutine lugubre au possible, homme froid et antipathique. C’est à se demander ce qui les pousse ! Ils donnent presque l’impression d’être, à l’instar des masses qu’ils gouvernent, pris dans un système qui leur impose ses règles, instruments d’une raison d’état qui leur interdit toute humanité.
Je suis sortie de cette lecture avec une immense sensation de gâchis et d’écœurement, accentuée par l’ambiance qui se dégage du lieu qu’a choisi l’auteur pour y situer la majeure partie de son récit : une ville des rives de la mer de Barents, où sévit la nuit polaire, ne laissant que peu de place à la lumière (et à l’espoir…). Ce qui n'empêche pas "Une exécution ordinaire" d'être un roman passionnant !
RDA, guerre froide : Plotov, membre du KGB, est mis à l’épreuve par ses supérieurs, qui se préparent pour la fin, qu’ils sentent proche, du régime soviétique.
Août 2000 : l’Oskar, sous-marin nucléaire russe, fait naufrage lors d’une démonstration, avec pour conséquence la mort des 118 hommes qui se trouvaient à son bord*.
A priori peu de rapports entre ces 3 parties… et pourtant, si je vous dis que le petit-fils d’Olga, Vania, est l’un des sous-mariniers détachés sur l’Oskar ? Que Plotov (qui n’est autre que Poutine, ainsi que le lecteur l’aura bien vite compris) est lui-même le petit-fils du cuisinier qu’employait Staline lors de ses séjours sur les bords de la Mer Noire, et qu’Olga a par conséquent eu l’occasion de faire sa connaissance ? Que c’est sous la présidence de Plotov-Poutine que se déroule la tragédie du naufrage ?
Pour faire le lien entre ces personnages, nous avons Pavel, le narrateur, fils d’Olga, et… (avez-vous bien suivi ?) père de Vania. C’est quelqu’un de tout à fait « ordinaire », juste un modeste professeur las d’enseigner à ses élèves une fiction qu’il doit faire passer pour l’Histoire, fatigué aussi de vivre avec une femme qu’il voulait quitter, ce dont il a été empêché par un accident qui l’a rendue dépendante de lui…
D’ailleurs, ces connexions ne sont pas si importantes, disons qu’elles relèvent de « la petite histoire », et qu’elles sont là afin de permettre à Marc Dugain de brosser le portrait de 50 ans de Russie, et de nous montrer que finalement, du régime stalinien à la présidence « démocratique » actuelle, rien n’a vraiment changé, de certains points de vue. Des décennies de totalitarisme ont fait de la terreur une composante du comportement russe. Elle reste la meilleure arme pour bâillonner et soumettre le peuple, et pour servir la grande Histoire –du moins celle que décident d’écrire les hommes de pouvoir-, qui broie les individus pour faire triompher la raison d’état. Que ce soit au nom de la grandeur d’une idéologie ou pour maintenir le prestige de la Russie face aux ennemis de l’Otan, peu importe, ce sont toujours les mêmes qui en subissent les conséquences. Que sont les vies de quelques anonymes face à la nécessité d’assurer la crédibilité d’un empire ?
Après l’effondrement de l’U.R.S.S., et les tâtonnements liés au manque de modèle pour remplacer le précédent, la corruption a infligé à la Russie son coup de grâce pour la précipiter dans une décrépitude générale.
Liés au destin de cette nation, deux hommes de pouvoir dont les portraits brossés par Marc Dugain encadrent le récit : un Staline en fin de parcours qui semble désabusé, car nourrissant peu d’espoir sur les perspectives de sa succession, mais gardant malgré tout sa ruse et son cynisme, et un Poutine lugubre au possible, homme froid et antipathique. C’est à se demander ce qui les pousse ! Ils donnent presque l’impression d’être, à l’instar des masses qu’ils gouvernent, pris dans un système qui leur impose ses règles, instruments d’une raison d’état qui leur interdit toute humanité.
Je suis sortie de cette lecture avec une immense sensation de gâchis et d’écœurement, accentuée par l’ambiance qui se dégage du lieu qu’a choisi l’auteur pour y situer la majeure partie de son récit : une ville des rives de la mer de Barents, où sévit la nuit polaire, ne laissant que peu de place à la lumière (et à l’espoir…). Ce qui n'empêche pas "Une exécution ordinaire" d'être un roman passionnant !
*C'est clairement au naufrage du Koursk que M.Dugain fait allusion.
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