C’est un jour où je m’ennuyais, loin de mes amis, loin de mon pays aussi, et que la pensée que si j’étais chez moi, je serais certainement dehors, quelque part, entourée de ceux que j’aime (faisant ainsi abstraction du fait que la proximité n’aurait peut-être rien changé et que j’aurais peut-être été chez moi à me dire que décidemment, les amis, faut les empêcher de se marier et de faire des enfants, après on les voit plus), bref, c’est un jour de vague à l’âme que j’ai fait un truc que je ne fais jamais : je me suis connectée sur Internet (ça ce n’est pas le truc que je ne fais jamais) et j’ai cherché un site de chat (ça, en revanche, je le fais jamais).
J’en ai trouvé un, caché entre plein de sites sur les chats. Après avoir franchi avec, il faut l’avouer, une volonté défaillante, toutes les étapes de connexion, je me suis retrouvée enfin branchée à plein de monde avec, au fond du cœur, une étincelle d’espoir de rencontrer quelqu’un avec qui je pourrais discuter, vraiment discuter, de choses intéressantes, telles que par exemple… la littérature ?
Mais peu persévérante, je me suis déconnectée au dixième « slt », « qu’est-ce que tu fais dans la vie ? »… et au premier « t’es coquine ? » après avoir constaté que j’avais finalement de la chance, les conversations auxquelles je n’avais pas pris part étant plutôt monosyllabiques, j’étais finalement assez bien tombée. Bon, changement de stratégie : au lieu d’entrer « site de chat » dans le moteur de recherche, j’ai entré « site de chat littérature», espérant ainsi trouver conversation qui me sied. Et je suis tombée sur les chats….
Je me suis alors faite une réflexion que je réserve d’habitude à la rencontre d’un charmant jeune homme : « Pourquoi pas ? ». Sauf que là, c’est du « pourquoi pas ? » qui dure.
Il faut dire que mon entrée chez les chats coïncide avec la réalisation d’un de mes plus vieux rêves : vivre « ailleurs ». Mais cette vie demande un sacrifice de taille : vivre loin de ma bibliothèque (seul meuble que je possède vraiment, mais qui se trouve chez ma maman) et surtout, de mes libraires. Car si Prishtina, petite comme elle est, n’abondait pas dans le choix des livres, Chongqing, au contraire, en regorge, mais en chinois. Ce qui me laisse sur une expérience étrange : je suis à nouveau « illettrée ». Et lire étant la plus belle chose que j’aie apprise, mes yeux se tendent vers ces idéogrammes pleins de mystères et d’histoires qui me sont accessibles.
Mais je m’égare. Je disais donc que mon entrée chez les chats coïncide avec la difficulté pour moi de trouver de quoi me mettre sous les yeux, et compense d’un certain sens ce manque. En effet, c’est avec joie que je vois ma LàL s’allonger de titres prometteurs qui seront d’autant meilleurs que j’aurais attendu pour me les (faire) offrir et c’est avec un plaisir jouissif que, à l’occasion de mes retours, je pénètre dans les librairies qui plus que jamais, prennent des airs de caverne d’Ali Baba.
À titre de bilan, je dois dire que depuis que je fréquente les chats, mes lectures se sont largement diversifiées. J’ai appris à faire confiance à vos opinons, repérant chez les chats ceux qui partagent les mêmes goûts, guettant chez les autres la trouvaille inattendue, le petit bouquin nouveau qui ouvre de nouveaux horizons. Et de connaître encore ce frisson, du livre qui accroche et ne lâche plus.
Toute ma compassion va a toi, je te trouves très courageuse de réussir à vivre loin ET de ta bibliothèque ET de libraires non chinois... ;)
RépondreSupprimerD'un certain sens, cela donne une valeur plus forte a ce que j'aime. Quel plaisir de mordre dans un vrai croissant au beurre pour la première fois depuis 6 ou 8 mois par exemple!!! Avec les librairies c'est la même chose: la première journée passée en Suisse à mon bref retour, après le petit déj. dont j'avais rêvé depuis des mois, je suis entrée dans ma librairie favorite et elle m'a parue plus riche et fascinante que jamais. En grande partie aussi à cause des chats, vu qu'en voyant les ouvrages, je les reconnaissais, savais ce que vous en aviez dit.
RépondreSupprimerC'est vite vu, je suis sortie avec tellement de bouquins dans les bras que j'ai eu droit à deux polars gratuits à la caisse :-)
Mais surtout, je pense que je ne serais pas sur le forum sans cela. L'idée ne me serait peut-être pas venue si j'étais en Suisse. Et mes lectures seraient moins variées car, il faut le dire, j'adorais lire mais je lisais souvent la même chose. Genre un ou deux nouveaux bouquins d'une catégorie sûre de me plaire, puis Jane Eyre ou Boulgakov une énième fois. Avec les chats, je me suis vraiment mise à lire que des livres que je n'avais jamais lu avant, et mieux encore, des auteurs non seulement encore vivants, mais dont je n'avais jamais entendu parler avant! Un grand changement, quoi!
Merci les minoux!
Ah, moi aussi j'ai fait quelques belles découvertes grâce aux Chats :-)
RépondreSupprimerC'est un euphémisme ! J'étais comme Mbu, je lisais toujours un peu la même chose. Quel chemin parcouru depuis que je traîne les pattes par ici ! Et surtout, que de plaisir avec certaines de ces découvertes !
RépondreSupprimerLes chats mériteraient le label "déclarés d'intérêt public".
Ingannmic
Yep je vote pour :D
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