jeudi 9 avril 2009

Channiversaire : "Le Chat Orange" - Alan Mets

Comment un chat peut changer votre vie, par Zaph

Avant, mais avant, il y a environ une éternité tellement longue qu'elle pourrait presque se compter en années (ce qui en terme d'internet, est ce qui se rapproche le plus de l'éternité), c'était une époque où les blogs n'avaient pas encore complètement relégué au rang de pièces de musée leurs bons vieux prédécesseurs les forums. C'était une époque où subsistaient encore les dernières traces d'une utopie soixantehuitarde qui s'illusionnait de pouvoir réunir des internautes en un même lieu virtuel, en leur donnant la parole de manière égalitaire, et s'imaginant qu'une discussion mature et courtoise pourrait en résulter. Quelle naïveté !

Aujourd'hui, la nature fondamentalement égoïste, prétentieuse, et narcissique de l'internaute moyen a enfin trouvé à s'assumer pleinement grâce à la notion de blog. Enfin !, il y a une vraie distinction entre mes messages à moi qui sont des "articles" et les messages des autres qui ne sont que de vulgaires "commentaires". Fini, le risque de discussions qui s'éternisent et où ma voix pourrait se trouver noyée parmi d'autres, qui pourraient -quel comble, exprimer un désaccord avec mes opinions, voire même dire des choses plus intelligentes que moi, ou les dire mieux.

Et pourtant, je serais presque prêt à parier, moi, sur un retour à la convivialité, à la vraie discussion sur pied d'égalité ; je ne suis pas sûr que l'individualisme ait définitivement écrasé le communautaire.
Ce n'est peut-être qu'une question d'outil. Les forums étaient poussiéreux, les blogs sont encore clinquants de peinture fraîche, mais bientôt, j'en suis sûr, un nouveau concept apparaîtra. Peut-être même que Barak Obama y travaille déjà.

En attendant, chez les Chats, nous avons essayé de faire un truc "entre-deux" avec la version 2.0. Ok, c'est un blog, puisqu'aujourd'hui, les gens veulent du blog, mais un blog à plusieurs, et ça change tout, parce qu'on garde la notion de "bande de copains". Ne vous faites pas d'illusion, sur un blog personnel, vous pouvez avoir au mieux une bande d'admirateurs, au pire, une bande de frotte-manches si votre blog est bien classé, et c'est vrai, quelques copains qui passent dire bonjour. Mais c'est votre blog, ce n'est pas une activité partagée.

Bon, c'est sûr que ça fait plaisir d'avoir des visiteurs chez les Chats. Je veux dire, sur mon blog perso, je me fiche pas mal d'avoir 3, 30, ou 300 visiteurs quotidiens (en fait, c'est plus proche de 3 ;-), car il s'agit avant tout de moi parlant à moi-même, mais sur le blog des Chats, c'est une toute autre histoire.
Je n'y fais pas forcément que des choses que j'aime, et si nous n'avions pas très rapidement dépassé les 100 visiteurs quotidiens, j'aurais probablement proposé à mes potes de nous contenter de notre petit groupe Google privé.
Mais vous êtes là, lecteurs parfois inconnus, et plus on est de fous, plus on rit, alors, je voudrais en profiter pour relancer un appel :
rejoignez l'équipe ! Ne vous contentez pas de lire, même fidèlement, ou de poster un commentaire amical. Nous avons besoin de vous ! Ecrire une critique n'est pas si difficile, et participer à un groupe est tellement plus enrichissant que de se complaire dans sa petite tour d'ivoire bloguienne !
Et puis, faudra bien qu'on commence un jour à penser aux Chats 3.0 ! Et pour ça aussi, on aura besoin d'idées neuves.

Avant, mais avant, donc, du temps des forums, (non, je ne suis pas nostalgique) l'amour de la discussion était tel qu'on se creusait les méninges pour trouver des thèmes de débats, avec le risque de se retrouver à débattre d'une question totalement absurde, ou bien avec un thème que tout le monde a oublié après dix messages. Vous voyez, des questions du genre "est-ce qu'un livre peut changer une vie?", "Et vous, est-ce qu'un livre a déjà changé votre vie? Si oui, lequel et pourquoi?".
Alors que non, quoi, on sait bien qu'un livre ne change jamais une vie.
Pourtant, la manière dont on se construit en interaction avec les livres, c'est une question qui mérite qu'on s'y attarde. Spécialement chez les enfants. Les livres que j'ai lus à mes filles, par exemple, je me demande jusqu'à quel point ils les auront marquées. Et pourquoi je me souviens de tel livre de mon enfance plutôt que de tel autre, et pourquoi j'aime lire un certain livres à mes filles, et pourquoi elles le redemandent?

Tenez, le "Chat Orange", par exemple.

Le problème du Chat Orange, c'est qu'il n'a pas l'air très normal.
D'abord, il est orange. On dit que, la nuit, tous les chats sont gris. Le chat orange, lui, reste orange. Quand il chasse, c'est très ennuyeux, les souris et les oiseaux de la forêt le voient venir à des kilomètres.
En plus, il est bourré de tics. Il passe des heures (assis sur son tapis bleu) à se gratter l'oreille droite en se léchant la patte gauche (à moins que ça ne soit l'inverse). Les souris et les oiseaux viennent de loin pour se foutre de sa gueule.

Il a très faim. Sa souffrance nous est décrite sans complaisance dans un style simple, allant directement à l'essentiel. Lisez plutôt:

"Vide, le frigo du Chat Orange !
Vide, l'assiette du Chat Orange !
Et vide aussi, le ventre du Chat Orange."

On croirait lire du Virgile, non ?

Alors, un jour, le Chat Orange en a marre. Il entasse ses maigres possessions dans un sac : son couteau, sa fourchette, et son assiette, et s'en va pour un long périple initiatique (enfin, "long", n'exagérons rien, pas plus de cinq ou six dessins et deux douzaines de lignes de texte, quand-même).
Il arrive dans la jungle de la ville, où les difficultés qui l'attendent sont bien pires que les moqueries des oiseaux et souris de la forêt.

C'est un bouledogue prénommé "Aldo" qui va prendre notre ami sous son aile (façon de parler) et le sauver de la caïra des chats de la ville. Ils vont former à deux le fameux "gang des saucissons" qui écumera les boucheries de la ville. Jusqu'à ce qu'ils tombent sur un boucher particulièrement coriace et rancunier qui les forcera à prendre le large.

C'est le retour vers la forêt, où oiseaux et souris se réjouissent du retour de leur Chat Orange. Mais les choses ont changé : le chat a grandi, et surtout il n'est plus seul.
Au cours de son périple, il a découvert l'amitié. Il a découvert que la vie était plus belle, et qu'on était plus fort à plusieurs que tout seul.

L'oeuvre se termine sur cette question d'Aldo:

" - A propos, tu t'appelles comment ?
- 'Orange', répondit le chat Orange."

Pas plus que le "Chat Orange", "Les Chats de Bibliothèque(s)" n'ont changé ma vie, mais quand même, je ne suis probablement plus exactement le même maintenant qu'au début de l'aventure. Si je me suis "bonifié", ce n'est pas à moi d'en juger, mais en ce jour d'anniversaire, j'avais envie de leur dire "merci", à mes potes "Chats".

6 commentaires:

  1. "Zaph, attaché commercial pour les Chats de biblio"... très bien!
    C'est drôle, moi c'est l'histoire d'un chat bleu, que j'ai lu à mes filles (et à la fin, il est adopté par une gamine rousse !)

    Ingannmic

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  2. J'adore le dessin sur la couverture ! :-)
    Allez, j'en remets une couche alors : Joyeux Anniversaire !!

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  3. Mais c'est vrai hein..on y est bien chez les Chats !

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  4. Hé ! J'ai lu aussi cette histoire de chat bleu... mais le chat orange est bien plus subversif :-)

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  5. Putain, le coup au coeur, j'avais lu : "Et vous, est-ce qu'un livre a déjà changé votre vie? Si oui, LAQUELLE et pourquoi?". J'ai cru un instant qu'avec mes sept vies (comme tous les chats) j'avais été démasqué !

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  6. The Orange Cat needs no such thing !

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