mardi 15 avril 2008

"Shutter Island" - Dennis Lehane

L'Avis de Sahkti

Un livre désarçonnant. L'histoire tarde un peu à démarrer, il y a la découverte de l'île et de l'hôpital prison, un échange de dialogues assez plats entre Chuck et Teddy, puis enfin, le rythme s'accélère, la tension s'installe et c'est parti pour une lecture d'une traite.
De la complexité, des rebondissements, une promenade chaotique du lecteur au fil des pages pour en arriver à cette fin, ultime pirouette ou tour de génie? L'un n'empêche pas l'autre. Je ne suis pas fan des tours de passe-passe à la fin des ouvrages qui veulent que tout était rêvé ou ce genre de chose, je trouve ça en général trop facile. Ici, il faut cependant reconnaître que cette apparente facilité est loin d'être aussi simple et que rien n'est véritabement résolu, le lecteur choisira l'option qui lui plaira. De quoi créer un certain malaise, voire de l'agacement, parce que ces dernières pages sont à l'image du reste: mystérieuses, prenantes et bigrement bien tournées.
Il y a dès lors un éclairage nouveau: la profusion de détails s'explique, les nombreuses politesses échangées entre les amrshals aussi, ainsi qu'une foule de petites choses qui pouvaient paraître incongrues au milieu d'une page et qui prennent un sens différent après avoir refermé le livre. De quoi, dès lors, oublier la pirouette qui est en fait un coup de maître et regarder tout cela d'un oeil admiratif mais aussi, oui, un peu fébrile. Parce que bon, cette fin, tout de même, c'est diabolique!
L'impression que Dennis Lehane s'est bien joué de nous et a réussi à manipuler nos pensées et notre sens de la réflexion. Fort !



L'Avis de Thom

Evidemment, c’est un peu chiant. Même carrément lourdingue par moment. Et à coup sûr ce n’était pas ce que l’auteur voulait. N’empêche que voilà, c’est comme ça et on y peut grand chose – à part bien sûr râler de bout en bout comme je l’ai fait durant cette lecture. Quoi ? Pardon ? Bah…pourquoi vous faites cette tête-là ?
Ok, je vois : on vous a dit que « Shutter Island » était un livre exceptionnel. Du coup quand je dis que c’est un livre chiant vous pensez que j’essaie de vous jouer un vilain tour, ou bien alors de me distinguer de la cohorte de fans convertis au Lehanisme au terme de ce roman. Mais pas du tout, rassurez-vous : « Shutter Island » est bel et bien l’un des romans les plus prodigieux que j’ai lus ces dernières années (et vous êtes bien placés pour savoir que j’en ai lu beaucoup, c’est dire si je pèse mes mots). De ce point de vue là je suis totalement d’accord avec les dix mille personnes à l’avoir chroniqué depuis sa sortie. A ceci près que je suis saisi depuis deux jours d’une irrépressible envie de toutes les tuer mais bon…on a tous un côté obscur, pas vrai ?
Le fait est que voilà : à trop lire que la fin de « Shutter Island » est sensationnelle et inattendue, elle finit par être un poil moins sensationnelle et absolument plus inattendue. Ca pour le coup, je l’ai attendue cette fin ! Avec impatience, et en prenant bien soin de me méfier des apparences, et en guettant le moindre détail, etc. Du coup ça n’a pas manqué : j’ai fini par la deviner. Ce qui ne me serait sans doute pas arrivé si quarante personnes ne m’avaient pas expliqué au préalable que je ne trouverai jamais, que c’était impossible de s’y attendre – alors là je m’inscris en faux : c’est totalement possible de s’y attendre, c’est même un retournement final qui a déjà été utilisé auparavant, sauf que c'était au cinoche (mais ne comptez pas sur moi pour vous dire dans quel film, quoique je serais soulagé de savoir que j’ai ruiné le suspens à au moins une autre personne – histoire de me venger).
Bref ! Nous voilà typiquement en face de ce que nous appellerons la Jurisprudence Psychose (ou Jurisprudence Chambre Jaune, si vous préférez). Ce cas d’énigmes tellement incroyables qu’elles finissent pas se casser la gueule, pour la simple et bonne raison que justement elles sont incroyables et que du coup tout le monde trouve vital de vous dire qu’elles sont incroyables. Là où au final, elles ne sont pas forcément si fabuleuses que ça : l’art de Lehane ici, comme celui de Hitchcock ou de Leroux dans les deux classiques suscités, est moins celui du suspens que celui de la digression, de la décoration, de l’atmosphère qui étouffe vos neurones en même temps que les personnages. Un art qui passe fatalement par une écriture somptueuse à changer les plus grands maîtres du roman noir en Harlan Coben. Et ça, ça vaut toutes les fins du monde…parce qu’entre nous, le mieux, dans « Shutter Island », ce n’est pas le rebondissement de la page 370…c’est tout ce qu’il y avait avant. Cette ambiance prenante, ces personnages torturés et tous ces couloirs sombres…voici par quoi tient le livre, bien plus que par son intrigue et même si l'auteur essaie (c'est le jeu) de nous faire croire le contraire.
Vous noterez qu’au final je ne vous ai quasiment rien dit sur ce chef d’œuvre. Une fois de plus vous pourrez dire que je suis sympa : on ne me reprochera pas, à moi, de foutre en l’air le suspens. Idéalement, il faudrait même tout simplement interdire aux gens de parler de « Shutter Island ». Telle sera donc ma position : lisez-le. Et ne lisez plus les critiques sur le sujet (enfin : après celle-ci, il va sans dire que pour votre serviteur il y aura toujours dérogation).



L'Avis de Rêvejeanne

Pendant la premiere partie du livre j'ai été déçue. Le style n'est pas trop intéressant, l'histoire est lente.
Il s'agit de deux marshall typiquement américains, Teddy et Chuck. Ils ont fait la guerre, Teddy a perdu sa femme, et pour montrer ô combien on est multi-culti Chuck a une femme japonaise et évidemment les deux marshall sont de vrais potes avec leurs petites blagues qui, malheureusement, ne sont même pas drôles. Les deux ont été envoyés à Shutter Island pour y ouvrir une enquête sur la disparation d'une patiente qui a réussi à s'échapper d'une section de la clinique psychiatrique. C'est un miracle; la porte était fermée à clé les gardes étaient tous à leurs postes mais n'ont rien vu. Personne ne sait rien, ne donne aucune réponse.
Donc, qu'est-ce qui se passe vraiment sur cette île? Est-ce que les docteurs pratiquent des tests clandestins sur les patients? Est-ce qu'ils leur font subir la lobotomie sans anesthésie par exemple. Est-ce que Ted et Chuck sont en danger aussi? Les téléphones et la radio ne fonctionnent plus. Le suspense commence a monter, on ne veut plus lâcher le livre et je vous assure que le dénouement est vraiment génial. C'est dommage que ça soit le seul aspect du livre qui est vraiment bon. C'est un bon thriller, c'est tout.

...

7 commentaires:

  1. J'aurais presque envie de le lire et de m'arrêter à la page 369 ;-)

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  2. Après ces trois avis mitigés, je serais bien tentée d'attendre de le trouver dans un biblioithèque, juste pour connaître cette fin dont tout le monde parle... je note donc, mais je ne le souligne pas !!!

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  3. Pas mieux que Pimpi !

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  4. C'est vrai que quatre ans après sa sortie, "SI" n'a eu de cesse de diviser ses lecteurs. C'est vraiment du tout ou rien (mais ALL OR NOTHIIIIIING ça claque plus - pas vrai Little Bob ?).

    Notez que c'est souvent la marque des grands livres, de diviser ainsi (ce qui tendrait à dire que Le Livre Qu'On Ne Doit Pas Nommer Sur Le Forum Des Chats Mais Qui M'a Fait Penser Au Boissard...est un tout petit livre, tout minuscule, tout rikiki... :D)

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  5. Moi je suis en plein dedans, vivement que je connaisse la fin :)

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  6. je crois que je ne vais pas commencer par celui-ci :-) (vais commencer un jour cet aristochat ?)

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  7. Moi qui l'ai lu sans en avoir entendu parler par quelques dizaines de personnes, je me suis laissée surprendre par la "pirouette" finale, et j'ai adoré ce bouquin

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