dimanche 20 avril 2008

"Blessés" - Percival Everett

Par Laiezza


Percival Everett est, sans doute, le plus enragé de tous les écrivains américains actuels. Il le prouve une nouvelle fois avec "Blessés", son dernier publié en France, une histoire aussi belle que pessimiste, ambiance far-west, ou comment l'Amérique a été meurtrie par deux mandats de bushisme.

John Hunt vit retiré du monde, dans un ranch. Il y coule des jours paisibles, rien n'arrive plus dans sa vie, mais il n'en attend plus rien, et s'en satisfait très bien. Jusqu'à ce qu'un crime homophobe d'une incroyable violence survienne, à quelques kilomètres seulement de chez lui. Lentement, le comté va avancer vers la violence. John, noir peinant à assumer sa condition d' "african-american", ne peut s'empêcher de s'impliquer dans les évènements à venir. Jusqu'à s'y perdre complètement.

Il y a dans ce roman, en plus de l'histoire elle-même (digne des meilleurs polars de Jim Thompson), une thématique de l'échec très forte : où trouver l'espoir ? voilà ce que semble demander l'auteur. C'est le constat d'échec de toute une génération, celle du personnage, comme celle d'Everett, qui de sa vie d'adulte n'aura presque connu que des présidents conservateurs (Ford, Reagan deux fois, Bush père, Bush fils deux fois), et y aura laissé la plupart de ses illusions, tous ses rêves de bonheur, ou d'avancées sociales.

L'ambiance est désenchantée, sinon désespérée, et seule la langue semble porteuse de lumière : Percival Everett joue avec les mots avec bonheur, c'est très frustrant de lire un tel écrivain en français. D'ailleurs, le titre anglais de son livre n'est pas "Hurted", mais "Wounded" : "blessés", au sens "mutilés de guerre". Tout est dit, et, comme toujours avec Percival Everett, c'est du grand art !
...

5 commentaires:

  1. Percival Everett est grand !

    Percival Everett est grand !

    Et fort, et puis beau (si si) !

    RépondreSupprimer
  2. 2 x Reagan + 2 x Bush = on peut se demander où trouver de l'espoir en effet ;-)

    RépondreSupprimer
  3. En même temps...Everett est de 1956. Il a donc connu aussi les démocrates au pouvoir pendant douze ans (Carter à la fin des 70's et huit ans de Clinton dans les années 90). La décennie 90 américaine a même été plus démocrate que républicaine...bref : je ne comprendras pas tout à fait ton analyse, quand même...parce les gens de 56 aux USA ont à la limite moins souvent vus passer les conservateurs et libéraux que...les gens de 56 en France :-/

    RépondreSupprimer
  4. Je ne jugeais pas de la justesse de la théorie. Je ne faisais que traduire le sentiment qui ressortait du livre :)

    RépondreSupprimer
  5. bonjour,
    J'ai beaucoup aimé ce roman d'Everett, du grand art effectivement.
    Je viens de publier ma propre chronique, si le coeur vous en dit de la lire, et de me dire également ce que vous en pensez!

    http://lireplus.mabulle.com/index.php/2009/01/13/172253-percival-everett-blesses

    RépondreSupprimer