Zaph, tu peux le faire, par lui-même
J'ai un aveu à vous faire.
Allez, je me lance : je n'avais jamais lu Dickens.
Ouaip, je me mêle de causer de livres, mais bon, je n'avais jamais lu Dickens. La honte.
Faut savoir que je me dis depuis longtemps que Dickens est un grand écrivain, et que je devrais lire au moins un de ses livres, mais voilà, j'y arrivais pas, j'avais un énorme blocage. Je ne sais pas, j'avais l'impression que c'était long et lent, ardu et ampoulé, pleurnichouillard et misérabiliste.
Alors, avant de dire quoi que ce soit sur ce livre, je vous copie la première phrase :
"Among other public buildings in a certain town which for many reasons it will be prudent to refrain from mentioning, and to which I will assign no fictitious name, it boasts of one which is common to most towns, great or small, to wit, a workhouse; and in this workhouse was born, on a day and date which I need not take upon myself to repeat, inasmuch as it can be of no possible consequence to the reader, in this stage of the business at all events, the item of mortality whose name is prefixed to the head of this chapter."
Ouis, je disais quoi, déjà ? Lent et ampoulé ? Avouez que je ne suis pas tombé loin !
Mais c'est pour vous dire que, comme je le craignais un peu, la première partie du bouquin n'est que le récit d'une succession de malheurs plus tristes les uns que les autres. Personne n'aime Oliver, et tout le monde le maltraite avec un réel plaisir.
Pourtant, j'avais envie de continuer ma lecture. D'abord, j'avais envie de voir si Dickens allait changer de mode de récit, ou s'il allait oser continuer dans la même ligne jusqu'à la fin. Et puis, je commençais à m'habituer au style, et quelque chose me plaisait : c'est l'immense ironie de Dickens. Bon, je ne peux pas m'imaginer que cette histoire soit à prendre au premier degré ; et vu sous cet angle, Dickens se montre sous un jour cynique tout à fait réjouissant.
Notez que la médaille a un revers, c'est que l'ironie introduit une distance. Résultat, je ne me suis jamais senti proche d'Oliver. Si les personnages qui l'entourent et les décors sont pittoresques, Oliver, lui, fait un peu pâle figure.
A tel point qu'à un moment de ma lecture, je me suis dit que Dickens avait réussi l'exploit de créer le personnage le plus con de la littérature mondiale, toutes époques confondues.
En effet, Oliver Twist est vraiment un concentré de naïveté, de bons sentiments, de confiance aussi inébranlable que mal placée en la bonté humaine.
On se demande bien d'ailleurs d'où il tire sa rigueur morale dégoulinante de bonnes intentions.
Le fait que ce soit un gamin sans éducation n'excuse rien. Il aurait pu au moins devenir une petite racaille des bas fonds comme tous ses congénères, mais non ! Il subit les pires sévices avec une égale tranquillité d'esprit, jamais il ne se révolte, et si parfois il lui arrive de verser une larme égoïste sur sa propre condition, il se reprend bien vite en témoignant une fidélité et un dévouement d'épagneul aux rares personnes qui ont eu pour lui une geste ou une parole gentille.
Non content de se précipiter en gambadant et avec le sourire dans la gueule de chaque loup qui passe à proximité, ce garçon jouit en plus d'une malchance phénoménale. Lorsqu'il bouscule par inadvertance un passant dans la rue, il faut que ce soit justement l'horrible exploiteur d'enfants qui a jeté (va savoir pourquoi) son dévolu sur lui.
Est-ce que je vous ai dit que le personnage d'Oliver Twist m'énerve un peu ?
Heureusement que les personnages secondaires sont un véritable régal, surtout les méchants.
Dommage seulement qu'ils tournent autour d'un centre vide.
Bon, finalement, avec un peu de recul, je ne suis plus fâché contre Dickens (je ne suis pas du genre rancunier).
Il se fait que la dernière partie du livre est beaucoup moins centrée sur ce niais d'Oliver Twist (que j'exècre toujours autant), laissant aux personnages "secondaires" la place qu'ils méritent. Ensuite, Dickens a progressivement abandonné son ton ironique un peu pesant du début, pour vraiment nous raconter une histoire, et ne plus manier l'ironie qu'à petites touches bien senties, ce qui la rend d'autant plus efficace.
J'ai un aveu à vous faire.
Allez, je me lance : je n'avais jamais lu Dickens.
Ouaip, je me mêle de causer de livres, mais bon, je n'avais jamais lu Dickens. La honte.
Faut savoir que je me dis depuis longtemps que Dickens est un grand écrivain, et que je devrais lire au moins un de ses livres, mais voilà, j'y arrivais pas, j'avais un énorme blocage. Je ne sais pas, j'avais l'impression que c'était long et lent, ardu et ampoulé, pleurnichouillard et misérabiliste.
Alors, avant de dire quoi que ce soit sur ce livre, je vous copie la première phrase :
"Among other public buildings in a certain town which for many reasons it will be prudent to refrain from mentioning, and to which I will assign no fictitious name, it boasts of one which is common to most towns, great or small, to wit, a workhouse; and in this workhouse was born, on a day and date which I need not take upon myself to repeat, inasmuch as it can be of no possible consequence to the reader, in this stage of the business at all events, the item of mortality whose name is prefixed to the head of this chapter."
Ouis, je disais quoi, déjà ? Lent et ampoulé ? Avouez que je ne suis pas tombé loin !
Mais c'est pour vous dire que, comme je le craignais un peu, la première partie du bouquin n'est que le récit d'une succession de malheurs plus tristes les uns que les autres. Personne n'aime Oliver, et tout le monde le maltraite avec un réel plaisir.
Pourtant, j'avais envie de continuer ma lecture. D'abord, j'avais envie de voir si Dickens allait changer de mode de récit, ou s'il allait oser continuer dans la même ligne jusqu'à la fin. Et puis, je commençais à m'habituer au style, et quelque chose me plaisait : c'est l'immense ironie de Dickens. Bon, je ne peux pas m'imaginer que cette histoire soit à prendre au premier degré ; et vu sous cet angle, Dickens se montre sous un jour cynique tout à fait réjouissant.
Notez que la médaille a un revers, c'est que l'ironie introduit une distance. Résultat, je ne me suis jamais senti proche d'Oliver. Si les personnages qui l'entourent et les décors sont pittoresques, Oliver, lui, fait un peu pâle figure.
A tel point qu'à un moment de ma lecture, je me suis dit que Dickens avait réussi l'exploit de créer le personnage le plus con de la littérature mondiale, toutes époques confondues.
En effet, Oliver Twist est vraiment un concentré de naïveté, de bons sentiments, de confiance aussi inébranlable que mal placée en la bonté humaine.
On se demande bien d'ailleurs d'où il tire sa rigueur morale dégoulinante de bonnes intentions.
Le fait que ce soit un gamin sans éducation n'excuse rien. Il aurait pu au moins devenir une petite racaille des bas fonds comme tous ses congénères, mais non ! Il subit les pires sévices avec une égale tranquillité d'esprit, jamais il ne se révolte, et si parfois il lui arrive de verser une larme égoïste sur sa propre condition, il se reprend bien vite en témoignant une fidélité et un dévouement d'épagneul aux rares personnes qui ont eu pour lui une geste ou une parole gentille.
Non content de se précipiter en gambadant et avec le sourire dans la gueule de chaque loup qui passe à proximité, ce garçon jouit en plus d'une malchance phénoménale. Lorsqu'il bouscule par inadvertance un passant dans la rue, il faut que ce soit justement l'horrible exploiteur d'enfants qui a jeté (va savoir pourquoi) son dévolu sur lui.
Est-ce que je vous ai dit que le personnage d'Oliver Twist m'énerve un peu ?
Heureusement que les personnages secondaires sont un véritable régal, surtout les méchants.
Dommage seulement qu'ils tournent autour d'un centre vide.
Bon, finalement, avec un peu de recul, je ne suis plus fâché contre Dickens (je ne suis pas du genre rancunier).
Il se fait que la dernière partie du livre est beaucoup moins centrée sur ce niais d'Oliver Twist (que j'exècre toujours autant), laissant aux personnages "secondaires" la place qu'ils méritent. Ensuite, Dickens a progressivement abandonné son ton ironique un peu pesant du début, pour vraiment nous raconter une histoire, et ne plus manier l'ironie qu'à petites touches bien senties, ce qui la rend d'autant plus efficace.
Moi non plus, je n'ai pas lu Dickens, sauf, lorsque j'étais gamine, une édition jeunesse de "La petite Dorrit", mais cela ne compte pas (c'est beaucoup moins "long et lent, ardu et ampoulé").
RépondreSupprimerJe suis bien décidée à m'y mettre un jour, mais au vu de ta critique, je crois que j'en choisirai un autre !
Tout le monde me dit que j'ai pas commencé par le bon. Dommage que ces bons conseils arrivent trop tard. Mais au moins je suis content de t'avoir évité la même mésaventure !
RépondreSupprimerJe t'en serai éternellement reconnaissante.
RépondreSupprimerJ'ai Les Grandes Esperances chez moi et rien que le titre m'angoisse! Le misérabilsme ampoulé étant ce que je redoute le plus mais bon, comme toi un jour je me lancerais (au moins pour dire : arf Dickens je l'ai lu et je déteeeessste) :))
RépondreSupprimerBon, j'ai pas dit non plus que je détestais Dickens (même si c'est pas ma tasse de thé). Juste que j'ai envie de gifler Olivier ! ;-)
RépondreSupprimerC'est vrai que j'ai été un peu fort :p
RépondreSupprimerPas de problème, Sandrine, laisse-toi aller ! ;-)
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