Harry chez les ploucs, par Ingannmic.
Enfant, Harry Crews contracta la poliomyélite, puis tomba accidentellement dans un chaudron d’eau bouillante, événements malheureux qui lui laissèrent de lourdes séquelles physiques qui firent qu’il fut considéré comme un phénomène de foire. Est-ce pour cela que plus tard, il travailla pour une foire itinérante de monstres (freaks) en tant que Mr Loyal ? Toujours est-il qu’il a conservé de ces expériences un sentiment d’affinités avec tous ceux qui sont considérés comme hors norme ; à l’inverse, il n’a que mépris pour ceux qui exhibent un physique aseptisé, imbus du pouvoir que leur confèrent leur plastique irréprochable, mais qui sont finalement les vrais « monstres », symboles de l’ « American way of life » qu’il exècre.
Tel est, entre autres, le thème du « Chanteur de gospel », excellent roman caustique et terrifiant, qui stigmatise la dictature des apparences et la bêtise des foules qui se laissent séduire jusqu’au fanatisme par le premier quidam venu, pourvu qu’il renvoie une image conforme à celle de leurs espérances… C’est le cas du « Chanteur de gospel ». Né à Enigma, bled de péquenots du Sud des Etats-Unis, d’une famille qui élève des porcs, il est LE miracle de cette bourgade de 600 âmes. D’une blonde beauté angélique, il est surtout doté d’une voix exceptionnelle et charismatique, qui lui a apporté une notoriété nationale. Il se rend ainsi d’un endroit de la nation à l’autre afin de chanter devant des foules qui ont eu vite fait de déduire qu’un tel talent ne pouvait être que divin. Et de prêter à notre chanteur la capacité de guérir les malades et de convertir à la foi les plus sceptiques. C’est pourquoi tout Enigma est en émoi : l’enfant chéri du pays a prévu d’y donner un spectacle, et chacun l’attend avec impatience, y compris Willalee Bookatee, qu’il connaît depuis l’enfance. Ce dernier vient d’échouer en prison, accusé d’avoir violé et sauvagement assassiné la belle et pure Mary Bell, autre enfant chérie du pays, crime d’autant plus horrible pour les habitants d’Enigma que Willalee est noir.
En même temps que « Le chanteur de gospel », une foire de monstres, dirigée par un nain affublé d’un pied démesuré, s’installe au village.
Tel est, entre autres, le thème du « Chanteur de gospel », excellent roman caustique et terrifiant, qui stigmatise la dictature des apparences et la bêtise des foules qui se laissent séduire jusqu’au fanatisme par le premier quidam venu, pourvu qu’il renvoie une image conforme à celle de leurs espérances… C’est le cas du « Chanteur de gospel ». Né à Enigma, bled de péquenots du Sud des Etats-Unis, d’une famille qui élève des porcs, il est LE miracle de cette bourgade de 600 âmes. D’une blonde beauté angélique, il est surtout doté d’une voix exceptionnelle et charismatique, qui lui a apporté une notoriété nationale. Il se rend ainsi d’un endroit de la nation à l’autre afin de chanter devant des foules qui ont eu vite fait de déduire qu’un tel talent ne pouvait être que divin. Et de prêter à notre chanteur la capacité de guérir les malades et de convertir à la foi les plus sceptiques. C’est pourquoi tout Enigma est en émoi : l’enfant chéri du pays a prévu d’y donner un spectacle, et chacun l’attend avec impatience, y compris Willalee Bookatee, qu’il connaît depuis l’enfance. Ce dernier vient d’échouer en prison, accusé d’avoir violé et sauvagement assassiné la belle et pure Mary Bell, autre enfant chérie du pays, crime d’autant plus horrible pour les habitants d’Enigma que Willalee est noir.
En même temps que « Le chanteur de gospel », une foire de monstres, dirigée par un nain affublé d’un pied démesuré, s’installe au village.
Les attentes des uns, les frustrations des autres, font que la situation va devenir explosive...
Harry Crews s’y entend pour reconstituer l’atmosphère de ce patelin de « bouseux », où, si certains individus peuvent sembler assez sympathiques, ils se révèlent, pris en masse, capables du pire, guidés par l’obscurantisme, le racisme, la violence… Il fait preuve d’un humour cynique pour dénoncer également leur extraordinaire hypocrisie : créant eux-mêmes les idoles qu’ils vénèrent par le truchement d’une religion-superstition censée absoudre leurs actes, ils sont aussi prompts à les anéantir si elles ne répondent plus à leurs exigences. L’auteur semble presque prendre plaisir à briser les mythes galvaudés de ces ploucs à l’esprit étroit, en insistant sur les travers de leurs prétendues idoles, et en restituant à ceux qui sont considérés comme des monstres leurs statuts d’êtres humains.
Harry Crews s’y entend pour reconstituer l’atmosphère de ce patelin de « bouseux », où, si certains individus peuvent sembler assez sympathiques, ils se révèlent, pris en masse, capables du pire, guidés par l’obscurantisme, le racisme, la violence… Il fait preuve d’un humour cynique pour dénoncer également leur extraordinaire hypocrisie : créant eux-mêmes les idoles qu’ils vénèrent par le truchement d’une religion-superstition censée absoudre leurs actes, ils sont aussi prompts à les anéantir si elles ne répondent plus à leurs exigences. L’auteur semble presque prendre plaisir à briser les mythes galvaudés de ces ploucs à l’esprit étroit, en insistant sur les travers de leurs prétendues idoles, et en restituant à ceux qui sont considérés comme des monstres leurs statuts d’êtres humains.
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