mercredi 5 novembre 2008

"Délire d'amour" - Ian McEwan

Le Syndrome de Clérambault, par Sandriiine & Zaph


Un accident tragique de montgolfière est la source d’un amour à sens unique irraisonné et flippant de la part de Jed Parry pour Joe Rose. Un amour fou qui porte un nom : le syndrome de Clérambault. Jed est persuadé que Joe lui porte un amour égal et qui lui envoie des signes (mouvements de rideaux, regards, …) pour lui prouver cet amour mais qu’il le repousse pour le mettre à l’épreuve. Le souci c’est que Joe, lui, vit cela comme un véritable harcèlement dont personne n’a que faire. Pire, sa compagne Clarissa pense qu’il sombre doucement dans la folie…

Je crois avoir un souci avec McEwan, ses personnages me sont, pour l’instant, tous antipathiques (c’est mon 3ème livre après Amsterdam et Sous les draps). Aime –t’il lui-même ses personnages ou non ? Faut-il quand on est auteur s’attacher à eux, et même si ils sont lâches, bêtes et méchants, n’a-t-il pas un peu de compassion ou d’amour pour eux ? Je n’ai pas l’impression que McEwan en éprouve et cela se ressent dans l’histoire. Joe est harcelé mais en même temps, c’est un crétin orgueilleux, Parry est à la limite du psychopathe et assomme le monde avec ses délires mystiques et Clarissa, la compagne de Joe est nombriliste à souhait…Il y a là une cassure, une humanité qui leur fait défaut et qui m’empêche d’être touchée par leurs histoires…

De plus, l’histoire principale, à savoir cet amour délirant de Parry pour Joe, est « polluée » par la pseudo enquête de Joe sur un mari héroïquement mort mais peut-être adultère, ainsi que par des digressions pseudo-scientifiques dont je ne vois pas l’intérêt (Darwin et l’évolution mérite mieux…).

Il manque d’après moi une vraie plongée dans la folie, il aurait fallu que l’auteur ose aller plus loin dans ce fanatisme divin/humain, que personne ne peut comprendre mais qui fait de Parry un être éternel et immortel grâce à cet amour si pur qui restera vivant à jamais (tel Roméo, Tristan, …)



J'avais comme l'intuition que je finirais bien par trouver un livre de McEwan qui me plairait vraiment.
"Samedi" et "Amsterdam" m'avaient en effet tous deux laissés des impressions en demi-teinte. J'admirais l'écriture et le style, mais l'histoire me laissait relativement froid.
Voilà qui est réparé avec "Délire d'amour", parce qu'ici, je trouve que l'écriture précise et analytique de l'auteur fonctionne merveilleusement bien. J'ai vraiment été pris par le livre du début à la fin. Je n'ai trouvé cette fois aucun temps mort ou foisonnement inutile de détails.
Au contraire, McEwan analyse et décortique avec une précision minutieuse et lumineuse une histoire complètement dingue mais implacable comme une machine infernale.

Les caractères, et surtout l'évolution des personnages et de leurs relations au cours de l'histoire sont remarquablement décrits. Ce côté dynamique fait qu'on a envie de savoir à quoi va aboutir cette situation folle.

Par souci de réalisme (je suppose), l'auteur nous abreuve encore une fois jusqu'à plus soif de considérations et anecdotes relatives à la profession du héros (un auteur de vulgarisation scientifique), mais je les ai trouvées beaucoup plus légères et digestes que les réflexions sociologico-politiques dont "Samedi" était truffé.

En parlant de "Samedi", justement, l'histoire de ce livre-ci en est curieusement proche : encore le thème de l'inconnu rencontré de manière fortuite qui force l'entrée de la vie du héros avec des conséquences effrayantes (serait-ce une obsession de l'auteur ?). Pourtant, le thème est traité de manière très différente, ce qui fait que je n'ai pas du tout eu l'impression de relire le même livre.
Dans "Délire d'amour", l'histoire démarre sur les chapeaux de roues et la tension ne fait que monter de manière graduelle pour tenir le lecteur en haleine. En comparaison, j'avais trouvé "Samedi" un peu déséquilibré entre un début assez lent, et un dénouement aussi brusque que violent.
...

8 commentaires:

  1. Oui, Sandrine, c'est vrai que les personnages ne sont pas "attachants". On peut même les trouver antipathiques. Toutefois, je les trouve extrêmement bien dessinés, pas du tout caricaturaux (même Parry !), réalistes, et donc, très intéressants.

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  2. Ah, je vais peut-être lire celui-ci plutôt que "Samedi", alors..

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  3. En tout cas, moi, je préfère nettement celui-ci. Mais Thom par exemple aime beaucoup "Samedi", peut-être qu'il le préfère ?

    A propos, personne ne lit "Sur la plage de Chesil", le dernier traduit en français, que j'ai vu à la librairie mais n'ai pas trop envie d'acheter ?

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  4. Mon dieu, c'est pô possible... Je suis en train d'établir la liste de mes dix livres favoris pour un ou deux défis et celui-ci est dedans.Quand je vous lis, les bras m'en tombent (pas pratique pour lire !).

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  5. Zaph >>> j'ai lu celui-ci il y a trop longtemps pour comparer. Ceci dit, "Samedi" n'est de toute façon pas mon préféré :-)

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  6. >>> Ys,
    il te reste jusqu'à la fin du mois pour nous envoyer une critique et rendre à ce livre sa juste place !
    :-)

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  7. Zaph : je ne lirai pas le nouveau McEwan pour la bonne raison qu'il n'est pas encore sorti en livre de poche ni à la médiathèque (et vu que mon budget livres est déjà très élevé...)

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  8. Ben elle est déjà sur mon blog...
    http://yspaddadenpenkawr.over-blog.com/article-23500556.html

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