Le parrain, version Bollywood par Mbu
Sartaj Singh, petit inspecteur sikh peu ambitieux est en train de faire l’assaut de l’inattaquable bunker blanc dans lequel se cache Ganesh Gaitonde, le parrain hindou. Autant dire que cela ne manquera pas de faire avancer la carrière du policier. Mais pendant qu’il tente de pénétrer dans le fort, Ganesh, dont la caméra surveille chaque geste de l’inspecteur, se met à lui raconter sa vie. Et l’inspecteur écoute l’étrange confession de l’arrogant criminel jusqu’au moment où il trouve enfin moyen de forcer la porte du fort. Il entend encore la question du gangster avant de couper la communication : « Sartaj, tu crois en Dieu ? »
C’est le corps de Ganesh et celui d’une femme, qu’il trouvera à l’intérieur. Rien de spécial, le gangster s’est suicidé après avoir tué la femme. Point final. Sauf que les services secrets s’intéressent de près à cette affaire et, sur la base de rien, décident de charger Sartaj de continuer à mener l’enquête. Ce qui les taquine ? Le bunker était un abri anti-nucléaire… En plein Bombay…
Ce roman est à plusieurs voix, dont les deux essentielles sont celles de Sartaj Singh et de Ganesh Gaitonde. Si Ganesh n’a pas pu entièrement se confier à Sartaj, il se confesse en revanche auprès du lecteur, lui révélant tout de sa vie, de ses pensées, de son intimité et de ses doutes. Il s’étonne lui-même de ce qu’il est devenu, il se voit contraint d’être le porte drapeau d’idéologies qui le laissent indifférent, il est monstre et homme à la fois. Et puis en face il y a Sartaj Singh, dont le narrateur parle sans plonger aussi intimement en lui, mais qui a autant d’importance que le mort. Car si les chapitres sont en miroir, ils sont anachroniques et c’est en suivant Sartaj dans sa routine quotidienne (et accessoirement son enquête sur le mafioso) que l’on découvre ce qu’a été Ganesh.
Par trois fois, des Incipit nous font quitter le récit pour explorer l’histoire de personnages secondaires et je me suis retrouvée étonné de revenir à mes deux personnages qui faisaient déjà partie d’une autre histoire dans ma mémoire. Eux-mêmes semblent obsédés par le passé, de manière presque trop redondante. Ils semblent moins contrôler ce qu’ils font que se laisser emporter et ce n’est peut-être pas pour rien que Ganesh passe la moitié de sa vie, sur un bateau tandis que les pensées de Sartaj flottent tout autant à la dérive, métaphoriquement.
Car si le roman a tout d’un polars au début, et c’en est un, cela n’est finalement qu’un prétexte pour nous faire plonger dans la grouillante Bombay, cité chaotique aux mille visages. Des questions métaphysiques de Ganesh au désappointement d’un Sartaj qui va jusqu’à se demander s’il faut vraiment sauver Bombay ou au cynisme de son coéquipier, de la corruption qui ronge tout aux extrémistes avides de pureté, de la laideur des ghettos aux fastes de Bollywood et aux icônes-putains le lecteur n’est pas épargné, il en prend plein les yeux, plein les tripes, mais se sent parfois un peu perdu, à force de tenter de suivre les multiples histoires encastrées. Un bon roman, qui va me manquer, mais ne déchaîne pas les passions non plus.
Sartaj Singh, petit inspecteur sikh peu ambitieux est en train de faire l’assaut de l’inattaquable bunker blanc dans lequel se cache Ganesh Gaitonde, le parrain hindou. Autant dire que cela ne manquera pas de faire avancer la carrière du policier. Mais pendant qu’il tente de pénétrer dans le fort, Ganesh, dont la caméra surveille chaque geste de l’inspecteur, se met à lui raconter sa vie. Et l’inspecteur écoute l’étrange confession de l’arrogant criminel jusqu’au moment où il trouve enfin moyen de forcer la porte du fort. Il entend encore la question du gangster avant de couper la communication : « Sartaj, tu crois en Dieu ? »
C’est le corps de Ganesh et celui d’une femme, qu’il trouvera à l’intérieur. Rien de spécial, le gangster s’est suicidé après avoir tué la femme. Point final. Sauf que les services secrets s’intéressent de près à cette affaire et, sur la base de rien, décident de charger Sartaj de continuer à mener l’enquête. Ce qui les taquine ? Le bunker était un abri anti-nucléaire… En plein Bombay…
Ce roman est à plusieurs voix, dont les deux essentielles sont celles de Sartaj Singh et de Ganesh Gaitonde. Si Ganesh n’a pas pu entièrement se confier à Sartaj, il se confesse en revanche auprès du lecteur, lui révélant tout de sa vie, de ses pensées, de son intimité et de ses doutes. Il s’étonne lui-même de ce qu’il est devenu, il se voit contraint d’être le porte drapeau d’idéologies qui le laissent indifférent, il est monstre et homme à la fois. Et puis en face il y a Sartaj Singh, dont le narrateur parle sans plonger aussi intimement en lui, mais qui a autant d’importance que le mort. Car si les chapitres sont en miroir, ils sont anachroniques et c’est en suivant Sartaj dans sa routine quotidienne (et accessoirement son enquête sur le mafioso) que l’on découvre ce qu’a été Ganesh.
Par trois fois, des Incipit nous font quitter le récit pour explorer l’histoire de personnages secondaires et je me suis retrouvée étonné de revenir à mes deux personnages qui faisaient déjà partie d’une autre histoire dans ma mémoire. Eux-mêmes semblent obsédés par le passé, de manière presque trop redondante. Ils semblent moins contrôler ce qu’ils font que se laisser emporter et ce n’est peut-être pas pour rien que Ganesh passe la moitié de sa vie, sur un bateau tandis que les pensées de Sartaj flottent tout autant à la dérive, métaphoriquement.
Car si le roman a tout d’un polars au début, et c’en est un, cela n’est finalement qu’un prétexte pour nous faire plonger dans la grouillante Bombay, cité chaotique aux mille visages. Des questions métaphysiques de Ganesh au désappointement d’un Sartaj qui va jusqu’à se demander s’il faut vraiment sauver Bombay ou au cynisme de son coéquipier, de la corruption qui ronge tout aux extrémistes avides de pureté, de la laideur des ghettos aux fastes de Bollywood et aux icônes-putains le lecteur n’est pas épargné, il en prend plein les yeux, plein les tripes, mais se sent parfois un peu perdu, à force de tenter de suivre les multiples histoires encastrées. Un bon roman, qui va me manquer, mais ne déchaîne pas les passions non plus.
Incroyable, à peine sortie de ce roman, l'actualité y fait écho.
RépondreSupprimerIl est vrai qu'on se perd souvent.
RépondreSupprimerDans les personnages d'abord. Ressemblance apparente des noms (pour le lecteur occidental que nous sommes). Heureusement, une bonne partie d'entre eux figure dans un index fort utile à la fin du volume.
Dans le texte ensuite, truffé de mots indiens. Ici encore, un lexique fort bien détaillé, permet de s'y retrouver. Cela rend la lecture un peu cahotique au début. Mais on s'y fait vite ...au bout de 500 pages.
Dans ce(s) histoires enfin, éclatées "façon puzzle" (j'exagère,... puzzle pour petit enfant d'une dizaine de grosses pièces!) Mais certaines de ces histoires vous emmènent tellement loin que l'on est finalement heureux d'être embringué dans ce long voyage.
Une expérience que je ne regrette pas. Tentez là.
Pardon pour la faute. C'est bien "Tentez la" (l'expérience) que je voulais écrire et non "Tentez là". Mais ce lapsus peut avoir du sens aussi....
RépondreSupprimerOui, on a l'impression de lire plusieurs romans en même temps, dont certains vraiment passionnant, et on doit apprendre un peu la langue, se plonger dans les expressions indiennes, récurrentes mais redondantes aussi, ce qui facilite la chose. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on y est jusqu'au cou, à Bombay. Et dans la peau des personnages
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