Univers aquatique, par Ingannmic.
Je connais assez peu les auteurs chinois, et je ne connaissais pas du tout Yu Hua, dont Mbu m’avait recommandée la lecture. Prudente –non pas que je me méfie des suggestions de Mbu, mais ma PAL mesurant environ 2 mètres de haut, j’essaie de ne pas perdre de temps avec des livres qui ne me conviendraient pas-, j’ai débuté par « Un monde évanoui », court recueil de deux nouvelles : celle qui a donné son titre à l’ouvrage, et « Erreur au bord de l’eau ».
L’ayant terminé voici quelques semaines maintenant, l’impression que j’en garde avec le recul est … comment dire… «aquatique» ! Le point commun entre les deux textes est, en effet, l’omniprésence de l’élément eau : dans « Erreur au bord de l’eau », l’inspecteur Ma Zhe enquête sur une série de crimes commis près d’une rivière le long de laquelle tous les personnages sont amenés à flâner, à se croiser, et le récit d’ «Un monde évanoui » est rythmé par une pluie quasiment incessante qui teinte l’histoire d’une atmosphère glaçante et poisseuse.
Cette impression est d’ailleurs accentuée par l’étrangeté de cette nouvelle : les protagonistes y sont désignés par des numéros, les actes de la vie quotidienne paraissent chargés d’une mystérieuse symbolique, les événements qui s’y déroulent sont morbides…
Une curieuse découverte, donc, mais qui m’a beaucoup plue. L’écriture, à la fois simple et imagée, a quelque chose d’envoûtant, l’univers dépeint est déconcertant, oscille entre horreur et enchantement. D’après ce que j’ai pu lire à propos de Yu Hua, « Un monde évanoui » n’est pas forcément représentatif de son œuvre, mais il m’a néanmoins donnée envie d’en connaître davantage…
Univers flou, par Mbu
L’ayant terminé voici quelques semaines maintenant, l’impression que j’en garde avec le recul est … comment dire… «aquatique» ! Le point commun entre les deux textes est, en effet, l’omniprésence de l’élément eau : dans « Erreur au bord de l’eau », l’inspecteur Ma Zhe enquête sur une série de crimes commis près d’une rivière le long de laquelle tous les personnages sont amenés à flâner, à se croiser, et le récit d’ «Un monde évanoui » est rythmé par une pluie quasiment incessante qui teinte l’histoire d’une atmosphère glaçante et poisseuse.
Cette impression est d’ailleurs accentuée par l’étrangeté de cette nouvelle : les protagonistes y sont désignés par des numéros, les actes de la vie quotidienne paraissent chargés d’une mystérieuse symbolique, les événements qui s’y déroulent sont morbides…
Une curieuse découverte, donc, mais qui m’a beaucoup plue. L’écriture, à la fois simple et imagée, a quelque chose d’envoûtant, l’univers dépeint est déconcertant, oscille entre horreur et enchantement. D’après ce que j’ai pu lire à propos de Yu Hua, « Un monde évanoui » n’est pas forcément représentatif de son œuvre, mais il m’a néanmoins donnée envie d’en connaître davantage…
Univers flou, par Mbu
Ce petit livre contient deux nouvelles. La première est un petit polar qui n’a rien de franchement extraordinaire de mon point de vue, mais qui se lit aisément. La deuxième est la nouvelle éponyme du recueil. C’est pour celle-là que j’ai acheté le livre.
Si on regarde une peinture chinoise représentant des montagnes, on est souvent impressionné par l’habileté du peintre à rendre la texture et la qualité des nuages. Dans ce pays où l’esthétique est basée sur les jeux de semblant et faux semblants, il n’est pas étonnant de découvrir que la meilleure qualité de Yu Hua est la description (peut-on dire peinture) du décors. Dans les deux récits qui vont suivre, ils ne dominent pas seulement, ils jouent carrément le rôle principal. Pas étonnant, dès lors, que les personnages restent sans identité.
Un monde évanoui, c’est un village où tous les personnages de l’histoire sont dénommés par des chiffres. Quels chiffres ? Ceux de leur maison peut-être ? Seul le devin et l’aveugle (sans logement) n’en ont pas.
Cela vaut d’ailleurs la peine, pour lire cette nouvelle, d’aller chercher la signification du symbolisme des chiffres en chinois, celui-ci étant si important qu’il va jusqu’à influencer le prix d’une ligne téléphonique, selon qu’elle porte bonheur ou le contraire. Par exemple, les chiffres 8 et 6 portent bonheur alors que le 4 (qui se dit se) se prononce comme la mort, et doit être donc évité. Mais en comprenant cette symbolique ou non, l’atmosphère oppressée de ce monde inconsistant nous fait craindre le pire dès le début.
Il pleut, il bruine et le monde est flou. Chaque personnage a un problème particulier, maladie étrange, cauchemars et rêves prémonitoires et tout ce petit monde tourne autour du devin, figure inquiétante dont les personnages ne peuvent se passer, maître des destins. Il les conseille, les guide, pour leur bien ? Ou pour que « tout soit à sa place » ? Sorte de Dieu mangeur d’éternité et de chair, il est à la fois nécessaire et ignoble.
La particularité de ce récit est de se dérouler comme un rêve, de confondre rêve et réalité, enveloppé dans cette bruine qui ne s’arrête pas, ce monde gris où fantômes et chair se mélangent et se confondent, dans une solitaire interdépendance. Un très beau récit.
Si on regarde une peinture chinoise représentant des montagnes, on est souvent impressionné par l’habileté du peintre à rendre la texture et la qualité des nuages. Dans ce pays où l’esthétique est basée sur les jeux de semblant et faux semblants, il n’est pas étonnant de découvrir que la meilleure qualité de Yu Hua est la description (peut-on dire peinture) du décors. Dans les deux récits qui vont suivre, ils ne dominent pas seulement, ils jouent carrément le rôle principal. Pas étonnant, dès lors, que les personnages restent sans identité.
Un monde évanoui, c’est un village où tous les personnages de l’histoire sont dénommés par des chiffres. Quels chiffres ? Ceux de leur maison peut-être ? Seul le devin et l’aveugle (sans logement) n’en ont pas.
Cela vaut d’ailleurs la peine, pour lire cette nouvelle, d’aller chercher la signification du symbolisme des chiffres en chinois, celui-ci étant si important qu’il va jusqu’à influencer le prix d’une ligne téléphonique, selon qu’elle porte bonheur ou le contraire. Par exemple, les chiffres 8 et 6 portent bonheur alors que le 4 (qui se dit se) se prononce comme la mort, et doit être donc évité. Mais en comprenant cette symbolique ou non, l’atmosphère oppressée de ce monde inconsistant nous fait craindre le pire dès le début.
Il pleut, il bruine et le monde est flou. Chaque personnage a un problème particulier, maladie étrange, cauchemars et rêves prémonitoires et tout ce petit monde tourne autour du devin, figure inquiétante dont les personnages ne peuvent se passer, maître des destins. Il les conseille, les guide, pour leur bien ? Ou pour que « tout soit à sa place » ? Sorte de Dieu mangeur d’éternité et de chair, il est à la fois nécessaire et ignoble.
La particularité de ce récit est de se dérouler comme un rêve, de confondre rêve et réalité, enveloppé dans cette bruine qui ne s’arrête pas, ce monde gris où fantômes et chair se mélangent et se confondent, dans une solitaire interdépendance. Un très beau récit.
Inganmic, je suis contente que ce récit t'aie plu. En effet, j'adore partager les livre qui m'enchantent.Et tu en fais une très belle description.
RépondreSupprimerEn fait, le roman le plus connu de Yu Hua est "Vivre!" dont je n'entends que du bien mais que je n'arrive pas à trouver dans une langue que je comprenne, pour le moment. Zhang Yimou l'a d'ailleurs adapté au cinéma.
J'ai inscrit "Brothers" et "Vivre" sur ma pal, aussi.
RépondreSupprimerJe te remercie en tout cas pour cette découverte.