Theme for a Gloubiboulga Night, par Thom
C'est le premier roman de Yann Moix, que je viens de relire... et c'est vraiment une très mauvaise idée de lire le premier roman d'un auteur après avoir lu les suivants, du coup on ne voit plus que les défauts ! En l'occurrence, ça saute particulièrement aux yeux : "Jubilations..." apparaît dès lors comme un genre de brouillon des "Cimetières sont des champs de fleurs" et, surtout d' "Anissa Corto". Mais je brûle les étapes...
Nestor est encore un enfant lorsqu'il rencontre Hélène. Onze, douze ans... l'âge des premiers émois... mais Nestor est un personnage particulièrement névrosé et Hélène une fille particulièrement belle...
De fait, Nestor va continuer à aimer Hélène. Inlassablement. Eternellement.
Et passera sa vie (à lui) à parasiter la sienne (à elle), réapparaissant à l'improviste, surgissant de nulle part avec ses souvenirs d'enfant qu'elle, de son côté, a totalement occulté (enfin pas totalement mais disons : comme tout être humain normal).
Petit détail amusant : quand j'ai ouvert cette discussion à l'époque où les Chats étaient un forum, j'ai décrit Moix comme l'écrivain de la folie ordinaire... et peu après, j'ai écrit pareil de Mauriac, en me disant qu'il y avait une réelle filiation entre ces deux auteurs... or là, sur le quatrième de couverture de "Jubilations vers le ciel" je vois marqué quoi ? "Prix Goncourt des lycéens 1996" et "Prix François Mauriac 1996" ! Ca ne s'invente pas !!!
Je ne vais pas en remettre une couche sur le style de Moix, remarquable et puissant (quoique nettement plus maladroit dans ce premier roman)... enfin voilà, ensuite on aime ce genre d'écriture ou on ne l'aime pas ! Il est indéniable qu'il s'en dégage un souffle particulier (Moix est sans doute plus "styliste" que Mauriac, d'ailleurs, au risque d'en faire sauter quelques uns au plafond) mais surtout ce style colle parfaitement à l'histoire, une histoire assez dingue mais terriblement touchante... le fait est que cet auteur a développé un univers tout à fait particulier, ne ressemblant à aucun autre, et si cet univers est encore un peu bancal dans ce livre-ci on y devine en filligrane tout ce qui va exploser dans "Les cimetieres..." puis "AC".
D'autant que l'auteur ne se limite pas à cette histoire d'amour névrotique (et névrosée) : il y a une réelle charge "sociale" (pff... gros mot que celui-ci : disons plutôt "sociétale"), une authentique réflexion sur la société française actuelle. En lisant les divagations de Nestor, on pense à cette mode de la nostalgie, ces émission télés sur les grands classements des chanteurs de variétés morts depuis trente ans, ces énormes soirées gloubi boulga avec toujours un crétin déguisé en Casimir... bref, tous ces épiphénomènes qui placés bout à bout nous infantilisent. De même que cette histoire d'amour fou (au sens pathologique du terme bien sur), il développera cette vision dans les livres suivants et la vision tournera à la radioscopie dans "Podium" (qu'on lit très différemment je pense, lorsqu'on connait les autres livres de l'auteur).
Finalement j'ai achevé ma relecture sur cette question : est-ce que j'aime "Jubilation vers le ciel" parce qu'il annonce les livres suivants, pour ce qu'il représente, donc, ou bien est-ce que je l'aime pour lui-même ?
Je ne répondrai jamais à cette interrogation puisque déjà, la première fois que je l'avais lu c'était suite aux "Cimetières..." !
Comme d'hab, après une de tes critiques, j'ai envie de lire un auteur qui, à la base, ne m'attire absolument pas... grrrr...Tu me conseillerais celui là pour le découvrir?
RépondreSupprimerApparemment Sandrine si tu commences avec celui-ci, tu n'auras pas de comparaison à faire avec les suivants et tu pourras peut-être aider Thom à savoir s'il s'agit d'un bon livre en soi!
RépondreSupprimer:-)
RépondreSupprimerC'est gentil de vouloir m'aider à faire des expériences. Enfin cela dit, à mon avis, c'est quand même mieux de démarrer avec "Anissa Corto", que j'ai évoqué ici :
http://legolb.over-blog.com/
article-3155015.html