jeudi 20 novembre 2008

"American darling" - Russell Banks

A aborder avec un moral d'acier, par Céline.


Il est important d'avoir un moral d'acier pour aborder un livre de Russel Banks et celui-là en particulier. C'est un récit qui d'abord s'adresse à nous lecteur. Il nous interpelle sans préambule, Hannah, l'héroïne, se donne beaucoup de mal pour être précise, elle fait son examen de conscience sans complaisance, sur un ton distancié, ce qui donne au style un certain dépouillement.
Hannah a tout fait pour être une autre sans savoir qui être vraiment. Fille unique d'une mère froide et distante et d'un père célèbre pour ses théories sur l'enfance toute mise en pratique sur le sujet qu'il avait sous la main, sa fille.
Alors elle servira la cause des opprimés, mènera la lutte des droits civiques qui la mèneront à la clandestinité. Ce n'est pas une meneuse Hannah, plutôt une solitaire, elle a du mal à s'attacher, jusqu'à ce qu'elle se retrouve au Libéria ou contre toute attente elle va se marier à un homme puissant, lui faire des enfants et surtout découvrir les chimpanzés. Toutefois cette famille la surprend plus qu'elle ne la passionne. Elle semble en dehors d'eux, il y a une forme de bienveillance mais pas d'adoration.
On sent dès lors que quelque chose va déraper, l'Afrique ne peut pas décevoir dans ce domaine, surtout celle fabriquée par les Américains. L'obstination qu'elle met à ne rien voir des violences, de la misère et de l'instabilité frôle le suicide.
L'on sait dès le départ qu'elle a perdu ses garçons, que son mari a été tué mais l'angoisse nous oppresse au fil de la lecture, car on ne sait pas comment, on est sur un fil tendu sans savoir de quel côté l'on va basculer.
Cette vieille femme qui déroule le fil de sa vie juste pour nous le livrer n'est pas attachante, elle ne cherche pas à l'être, elle met en garde contre les emballements de la jeunesse, les errance d'une adulte et au final « pendant les mois qui ont suivis, j'ai constaté que l'histoire de ma vie était totalement insignifiante au regard du monde en général. Dans la nouvelle histoire de l'Amérique, la mienne n'était que celle d'une petite Américaine gâtée, et l'avait été dès le début. » Alors on vieillit seul et anonyme.

2 commentaires:

  1. Waouh! Effectivement, c'est un livre à prendre avec des pincettes... Je suis curieuse: qu'est-ce qui t'a attiré vers ce livre Céline?

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  2. La désillusion probablement, c'est un truc qui vous frappe parfois en milieu de vie !
    Et aussi le fait de faire partie d'un club de lecture qui l'avait choisi.

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