Blake et Mortimer contre XIII, par Ananke
C’est donc bien par son scénario complexe, ramifié, à la limite du tirage de cheveux que tient la série XIII. Disons qu’en gros tout ça se passe de nos jours, aux USA, et qu’il y est fortement question de l’assassinat d’un jeune président charismatique puis de son frère. Le personnage principal XIII, est impliqué jusqu’au cou dans cette conspiration, mais ne le sait pas puisqu’une blessure à la tête l’a rendu amnésique. Le ressort dramatique principal réside dans la quête de son passé, qui le rapprochera des douze autres personnages clé de cette conspiration, mais qui eux cherchent à l’éliminer. Un point faible de cette histoire réside dans le personnage principal lui-même, finalement pas très sympathique, voire un chouia agaçant dans son empressement à se jeter dans la gueule du loup. En revanche, on a là une très belle série de personnages secondaires féminins très réussis, qui ont manifestement boosté l’imagination du scénariste. Et pas que. Bref, cette histoire, particulièrment hirsute, est tout à fait palpitante.
Mais comme il ne vous aura pas échappé que dans « bande dessinée » il y a « dessinée », c’est bien sur le terrain du dessin qu’il me faut comparer maintenant les deux séries. Mauvais point pour XIII. Ici, le dessin a des prétentions réalistes et rendons cette justice à W. Vance en constatant que pour tout ce qui concerne les décors, c’est du bon boulot. Les ennuis commencent avec les personnages. Disons pour faire court que tous ceux qui ont plus de quarante ans sont caricaturaux, à une ou deux exceptions près, mais qu’on ne trouvera que chez les « gentils ». Plus embêtant : tous les personnages féminins dans la tranche 20-40 ont exactement le même visage, gentilles ou pas, y’a que la coiffure qui change (et la couleur de la peau pour « la » major Jones). Dans une moindre mesure, le même problème se pose pour les personnages masculins de la même tranche d’âge. Tout ça donne quand même l’impression de temps en temps qu’en gros, le dessinateur ne s’est pas trop foulé. Rien de tel dans les sarcophages. On sait que les personnages de Blake et Mortimer ne sont bien sûr plus dessiné par leur créateur. Tout ça sort maintenant du studio Jacobs sous le pinceau d’A. Juillard succédant à T. Benoit (qui succédait à E.P. Jacobs). On a tous dans l’œil ce dessin si particulier : le trait fort sans hachure, la couleur traitée en à plat, avec des teintes volontiers saturées qui, joint à la quasi absence d’ombre, fait entièrement reposer l’expressions des volumes sur la perspective et le trait. A l’arrivée, c’est magnifique. Tellement, que je me suis surpris à laisser tomber la lecture pour juste regarder les images, surtout celles pleines de beaux avions et de beaux bateaux.
Tout ça ne vous empêchera pas j’espère de lire l’une ou l’autre série. Mais puisque vous me demandez – mais si, mais si – des exemples de séries qui allient la réussite du dessin ET du scénario, disons les deux premiers albums de Cyann : La sOurce et la sOnde, Deux saisons sur ilO ou le début de la série Aquablue, et n’en parlons plus.
Allez hop, je me lance dans une lecture comparée de la série XIII et de Blake et Mortimer au Pôle, autrement dit « Les sarcophages du 6ème continent ». Je vous rassure tout de suite, je ne tiendrai pas la promesse universitaire de ma phrase d’intro. Je ne connais rien en littérature comparée et je me bornerai donc à indiquer les forces et les faiblesses de ces deux séries, de mon point de vue, me servant de l’une pour mettre en exergue les qualités et les défauts de l’autre.
Premier mauvais point pour la série XIII, constituée de 18 albums (mais qu’on peut se procurer en albums doubles, par exemple chez France Loisir) : la succession des épisodes ne figure nulle part. C'est-à-dire que dans l’hypothèse ou on vous en offrirait un, impossible de savoir où il se place dans la série, sauf à vous résoudre comme moi à taper la liste à partir d’éléments trouvés sur Google et à te me la coller dans chacun des albums. Vous me direz, si chacun des albums constitue un tout et peut se lire indépendamment, en s’en contreficherait, et je vous remercie de m’offrir cette transition facile parce que non. Les 18 épisodes se suivent, selon un scénario d’une complexité telle qu’il y a de bonne chance que vous ratiez une bonne moitié de l’histoire si vous n’en connaissez pas les tenants (pour les aboutissants, vous n’êtes pas sensés les connaître à la première lecture.)
C’est donc bien par son scénario complexe, ramifié, à la limite du tirage de cheveux que tient la série XIII. Disons qu’en gros tout ça se passe de nos jours, aux USA, et qu’il y est fortement question de l’assassinat d’un jeune président charismatique puis de son frère. Le personnage principal XIII, est impliqué jusqu’au cou dans cette conspiration, mais ne le sait pas puisqu’une blessure à la tête l’a rendu amnésique. Le ressort dramatique principal réside dans la quête de son passé, qui le rapprochera des douze autres personnages clé de cette conspiration, mais qui eux cherchent à l’éliminer. Un point faible de cette histoire réside dans le personnage principal lui-même, finalement pas très sympathique, voire un chouia agaçant dans son empressement à se jeter dans la gueule du loup. En revanche, on a là une très belle série de personnages secondaires féminins très réussis, qui ont manifestement boosté l’imagination du scénariste. Et pas que. Bref, cette histoire, particulièrment hirsute, est tout à fait palpitante.
Par comparaison, c’est bien par son scénario que pêche « Les sarcophages du 6ème continent ». Scénario pourtant moins compliqué, au contexte finalement moins contraignant puisqu’il fait appel ça et là a un zeste de science-fiction, mais qui ne tient pas. Blake et Mortimer se trouvent en butte avec la supposée réincarnation d’un empereur d’Inde, ayant grâce au KGB les moyens scientifiques d’expédier des avatars humains électriques pour saboter l’exposition universelle de 1958 à Bruxelle. On s’apercevra que l’empereur n’est autre que… Ah ben non, ça je ne peux pas vous le dire, et qu’il poursuit une vengeance personnelle contre Mortimer parce que… Zut, je ne peux pas vous le dire non plus. Bon, vous voyez ? Même résumé comme ça, c’est chiant.
Mais comme il ne vous aura pas échappé que dans « bande dessinée » il y a « dessinée », c’est bien sur le terrain du dessin qu’il me faut comparer maintenant les deux séries. Mauvais point pour XIII. Ici, le dessin a des prétentions réalistes et rendons cette justice à W. Vance en constatant que pour tout ce qui concerne les décors, c’est du bon boulot. Les ennuis commencent avec les personnages. Disons pour faire court que tous ceux qui ont plus de quarante ans sont caricaturaux, à une ou deux exceptions près, mais qu’on ne trouvera que chez les « gentils ». Plus embêtant : tous les personnages féminins dans la tranche 20-40 ont exactement le même visage, gentilles ou pas, y’a que la coiffure qui change (et la couleur de la peau pour « la » major Jones). Dans une moindre mesure, le même problème se pose pour les personnages masculins de la même tranche d’âge. Tout ça donne quand même l’impression de temps en temps qu’en gros, le dessinateur ne s’est pas trop foulé. Rien de tel dans les sarcophages. On sait que les personnages de Blake et Mortimer ne sont bien sûr plus dessiné par leur créateur. Tout ça sort maintenant du studio Jacobs sous le pinceau d’A. Juillard succédant à T. Benoit (qui succédait à E.P. Jacobs). On a tous dans l’œil ce dessin si particulier : le trait fort sans hachure, la couleur traitée en à plat, avec des teintes volontiers saturées qui, joint à la quasi absence d’ombre, fait entièrement reposer l’expressions des volumes sur la perspective et le trait. A l’arrivée, c’est magnifique. Tellement, que je me suis surpris à laisser tomber la lecture pour juste regarder les images, surtout celles pleines de beaux avions et de beaux bateaux.
Tout ça ne vous empêchera pas j’espère de lire l’une ou l’autre série. Mais puisque vous me demandez – mais si, mais si – des exemples de séries qui allient la réussite du dessin ET du scénario, disons les deux premiers albums de Cyann : La sOurce et la sOnde, Deux saisons sur ilO ou le début de la série Aquablue, et n’en parlons plus.
Je ne surprendrai personne en disant que je n'ai que rapidement parcouru les B&M d'après la mort de Jacobs. J'ignore s'ils sont bons, je trouve juste le concept de rachat de licence assez triste (pas plus que Lucky Luke par Laurent Gerra, soit).
RépondreSupprimerJe n'ai lu que les trois premiers XIII (dans mon souvenir c'était pourtant bien inscrit derrière les albums, l'ordre... peut-être ne le font-ils plus depuis - c'était il y a plus de dix ans)... j'ai horreur des séries qui ne sont pas finies, on attend trois ou quatre ans pour avoir la suite, j'aime déjà pas beaucoup ça en roman... alors pour des BDs lues en une demi-heure (si j'ai bonne mémoire il n'y a que très peu de bulles dans "Le jour du soleil noir")... du coup, je rachète progressivement les XIII depuis quelques mois et là, maintenant que c'est fini, je compte bien les lire ;-)
Il me semblait qu'il y a avait 19 albums dans la serie des XIII, vu que les n°18 et n°19 sortis en même temps cet hiver! En tout cas, il faut que je découvre ces deux univers, vu que je ne connais ni l'un ni l'autre. Comme j'ai pas été élevé à la BD, j'ai toute une culture à faire!
RépondreSupprimerJolie comparaison! Comme vous avez pu le constater je suis dans ma période Blake et Mortimer..Je suis d'accord avec toi : les dessins sont magnifiques mais le scénario pêche quelques fois...
RépondreSupprimerJe ne connais pas du tout XIII mais s'il faut un Bac + 7 pour trouver l'ordre les tomes, on va pas y arriver ;)
Bah, on trouve assez facilement ça sur le Net. Je parle de la liste des albums bien sûr, pour le Bac+7, ça doit être un peu plus difficile. Hi hi !
RépondreSupprimerJMD