dimanche 17 août 2008

"La fenêtre panoramique" - Richard Yates

Je m'attendais à autre chose, par Lhisbei

Présentation de l'éditeur

April et Frank Wheeler forment un jeune ménage américain comme il y en a tant : ils s'efforcent de voir la vie à travers la fenêtre panoramique du pavillon qu'ils ont fait construire dans la banlieue new-yorkaise. Frank prend chaque jour le train pour aller travailler à New York dans le service de publicité d'une grande entreprise de machines électroniques mais, comme April, il se persuade qu'il est différent de tous ces petits-bourgeois au milieu desquels ils sont obligés de vivre, certains qu'un jour, leur vie changera... Pourtant les années passent sans leur apporter les satisfactions d'orgueil qu'ils espéraient. S'aiment-ils vraiment ? Jouent-ils à s'aimer ? Se haïssent-ils sans se l'avouer ?... Quand leur échec social devient évident, le drame éclate.

J’ai acheté ce livre suite à la critique du magazine Lire qui disait :

En 1961, une bombe explosa dans le milieu littéraire américain. Elle fit voler en éclats les tabous dans une Amérique que la tornade Kennedy tirerait de sa torpeur. Avec "Revolutionary Road" (bizarrement traduit par "La fenêtre panoramique" - mais la traduction de Robert Latour gomme beaucoup de la subtilité de ce livre), un certain Richard Yates fit une entrée remarquée en littérature. Kurt Vonnegut et Raymond Carver le hissèrent au rang d'écrivain-culte. James Salter le salua comme «l'un des plus novateurs romanciers d'Amérique».

Je m’attendais donc à autre chose. Bien sur le propos est intéressant. La vie parfaite d’April et Franck est plus une source de frustration que de bonheur. L’ennui et la dépression guettent April. Franck n’en peut plus de sa petite vie étriquée d’employé modèle. Mais ce n’est pas la bombe que j’attendais. Et pour cause. Ce roman est paru en 1961. A l’époque c’était probablement l’équivalent pour les Etats Unis d’une bombe nucléaire, un miroir renvoyant le reflet d’un pays malade de son idéal de perfection, gangrené par ses illusions et se leurrant en permanence. C’était en 1961. 46 ans plus tard ce n’est plus qu’un pétard mouillé. Car Yates avec ce roman a ouvert la voie à d’autres romanciers qui sont allés plus loin encore dans la subversion. Et par ricochet La fenêtre panoramique paraît bien fade au lecteur d’aujourd’hui. C’est injuste. Le livre de Yates pour être apprécié à sa juste valeur doit être replacé dans son contexte historique (fin des années 50, début des années 60). Les personnages, à la psychologie bien développée par l’auteur, sont fouillés. L’intensité des émotions et des sentiments est bien rendue par un style direct et concis qui sait s’effacer au profit de l’histoire. Le ton, parfois désabusé, parfois cynique ou ironique, est toujours juste. L’ambiance est oppressante à souhait, le drame latent et lorsqu’il éclate c’est pour mieux achever le lecteur.

La fenêtre panoramique sera adaptée, sous son titre original Revolutionary Road, au cinéma par Sam Mendès, réalisateur de American beauty. Les rôles d’April et Franck Wheeler seront tenus par Kate Winslet et Leonardo DiCaprio.

1 commentaire:

  1. Je viens de voir le film. Vraiment bien. Apparemment assez fidèle au roman vu ce que tu en dis. C'est violent, c'est beau et révoltant. Un peu cynique car au final, on n'a aucun couple qui s'avère être heureux... ça donne envie de lire le roman mais comme j'en suis encore bouleversée, ça attendra...

    RépondreSupprimer