Un livre peut en cacher un autre, par Zaph
Akira Yoshimura est Japonais.
Il écrit des livres en japonais.Ses livres parlent principalement du Japon, mais aussi des Japonais.
On peut aussi dire "Yoshimura Akira", car les Japonais placent généralement le prénom après le nom.
Voilà ce que je sais de cet homme.
L'autre jour, dans une librairie, un livre de cet honorable auteur m'a tapé dans l'oeil. Et la quatrième de couverture m'a mis en appétit : elle sentait le riz cuit à la vapeur. Il s'agissait d'un recueil de nouvelles intitulé très poétiquement "Voyage vers les étoiles".
Moi, si j'écrivais un recueil de nouvelles, je l'intitulerais "Un recueil de nouvelles avec un titre complètement idiot". Ça donnerait des dialogues très savoureux :
- Qu'est-ce que tu lis ?
- Un recueil de nouvelles avec un titre complètement idiot.
- Ah ! Et c'est quoi, le titre ?
Pendant que j'y suis, je pourrais aussi choisir un pseudonyme dans le genre "Hennécry Vinconnu".
Vous voulez savoir ce que que disait la notice de "Voyage vers les étoiles", bande de petits curieux? Voici ce qu'elle disait :
"Dans les dédales d'un hôpital, un homme prélève des spécimens osseux sur les cadavres. Enfant, il observait déjà son beau-père qui, après les tremblements de terre, rôdait dans les décombres. La nuit, il sculptait en secret d'inquiétantes miniatures... Un jeune homme en partance pour l'université s'assied sur un banc. Dès lors il ne vivra plus jamais ce à quoi il était destiné. Un autre le rejoint bientôt et peu à peu l'entraîne vers l'univers du renoncement, celui de l'abandon. Ensemble, ils vont quitter Tokyo, suivre une route lointaine, atteindre la montagne et s'élancer enfin du haut de la falaise dans le grand bleu de la mer. A travers ces récits, Akira Yoshimura nous entraîne aux confins du monde. Mais la poésie de son écriture est d'une telle beauté que seule s'impose dans nos mémoires l'envoûtante singularité de son imaginaire."
Intrigant, non ?
Je n'ai pas acheté ce livre.
Par contre, j'ai noté les références. Plus tard, je suis allé à la bibliothèque dans l'espoir de l'emprunter. Évidemment, ils n'avaient pas ce livre-là, mais un autre du même auteur.
Quelles aventures inouïes nous réserve parfois la vie, n'est-ce pas?
N'écoutant que mon courage, j'ai donc emprunté "La guerre des jours lointains".
L'histoire se passe pendant l'occupation américaine du Japon. Les Américains recherchent (dans le but de les juger, mais surtout de les pendre) des soldats japonais coupables d'avoir exécuté des pilotes de bombardiers faits prisonniers.
Takuya fait partie de ces soldats, et décide donc de prendre la fuite pour échapper à la vengeance américaine.
C'est intéressant d'avoir une vision japonaise sur la fin de la guerre, thème manifestement très douloureux, peut-être même tabou au Japon (Haruki Murakami dit que la plupart des jeunes Japonais d'aujourd'hui ignore totalement que leur pays a été occupé par les Américains).
Takuya donc, est menacé d'être arrêté et jugé pour crime de guerre parce qu'il a exécuté un pilote prisonnier. Mais il ressent cela comme une formidable injustice, car car pour lui, ces pilotes qui ont déversé leurs bombes sur des villes et villages, tuant des milliers de victimes civiles innocentes, et qui ont été honorés dans leur pays pour ces faits d'armes, sont en fait les véritables criminels. Mais comme toujours, c'est le vainqueur qui dicte la justice.
Commence alors pour Takuya un périple à travers le Japon, à bord de trains ou ferries bondés. Il compte d'abord sur l'hospitalité de la famille et d'amis. Mais c'est difficile d'accueillir un fugitif, à plus forte raison quand la nourriture manque.
Alors que dans le pays, le temps de l'après guerre commence à s'installer, l'angoisse ne fait que croître pour Takuya, alimentée par la lecture de journaux relatant les procès pour crimes de guerre.
Si la notice de "Voyage vers les étoiles" vantait la poésie de l'écriture de Yoshimura, je ne l'ai pas vraiment trouvée dans ce livre, mais aurais-je apprécié la poésie dans un livre traitant de la guerre? Probablement pas. Ce livre-ci est intéressant et humain, c'est déjà pas mal.
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