mercredi 20 août 2008

"La stratégie Ender" - Orson Scott Card

Maman, j'ai encore sauvé le monde, par Zaph

On nous trompe ! Il y a un grand complot inter-galactique pour nous faire aimer Orson Scott Card. "Ils" ont pris le contrôle du net et on n'y trouve plus que des critiques élogieuses sur "Ender's game". C'est même apparemment le bouquin préféré d'une foule de gens. "Ils" ont même réussi à lui faire attribuer les prix Nebula et Hugo, des références en matière de SF.

Je me réjouissais donc de lire ce qui est aux dires de beaucoup un chef d'oeuvre de la SF, si pas de la littérature.
C'est dire ma déception devant ce truc stupide et mal écrit.

L'idée qu'un gosse a été "choisi" pour être le sauveur du monde, c'est une idée de fiction un peu éculée depuis quelques milliers d'années. Mais bon , pourquoi pas, admettons qu'elle est dans le domaine public.
L'idée que le héros va sauver le monde en éventrant quelques envahisseurs au sabre laser dans un joli combat en apesanteur, c'est une idée éculée depuis vingt-cinq ans, ce qui est plus grave.
L'idée d'utiliser la malléabilité des enfants pour en faire facilement de bons petits soldats, ça c'est une idée qui est encore à la mode dans un certain nombre de pays et qui risque de le rester encore pour un bout de temps.
Bon, peut-être que l'auteur voit ça comme une dénonciation du phénomène, mais sincèrement, je ne suis pas sûr que tous les lecteurs le prennent de cette manière.

Enfin, bon, passons sur ces "trouvailles" douteuses.
Maintenant, il y a la manière : tout le bouquin ressemble au portrait répétitif d'un gamin en train de jouer à des jeux vidéo. J'ai eu l'impression de passer ma soirée dans un Luna Park, et j'en suis ressorti avec le même mal au crâne.
Un gosse de 6 ans surdoué, c'est comme un gosse de 12 ans. Mais même un gosse de 12 ans a une capacité d'analyse et de recul limitée. Ce que certains lecteurs qualifient de réflexion philosophique ou d'analyse politique me semble plutôt un amalgame d'idées simplistes.
Les personnages secondaires sont d'une pâleur effarante, quasiment inexistants.
Le style est ... euh, bon, c'est de l'anglais correct, c'est déjà ça.

A noter que dans l'édition française, il semble que "buggers" ait été traduit par "doryphores". Mais bon sang, personne n'a vu que les envahisseurs sont déjà parmi nous ? Ils sont dans nos patates ! Ne mangez plus de patates !

Monsieur Card, je vais vous dire ce que je pense : dans une bonne histoire de SF, les évènements peuvent être totalement invraisemblables, ce n'est pas un problème. Vous pouvez remplacer les téléphones mobiles par des bananes vénusiennes, cela fera sourire l'amateur de SF qui est tout à fait prêt à accepter ce genre de chose. Mais les humains doivent rester humains. Si vous leur donnez le psychisme d'un personnage de jeu vidéo à la Pacman, comment pouvez-vous espérer susciter le moindre écho chez vos lecteurs (en tout cas chez moi) ?

Bon, je m'inquiète un peu. Je pensais apprécier la SF, et voila que je démolis un supposé chef-d'oeuvre. C'est que quelque chose a du m'échapper.
Pourtant, il y a des oeuvres de SF qui sont imaginatives, poétiques, et qui proposent un regard critique sur la société humaine...
Allez, j'exagère, c'était plaisant, mais j'avais envie d'être méchant.

8 commentaires:

  1. Les prix, c’était en 1985 et en 1986. Le livre est basé sur une des ses nouvelles publiée en 1977. Cela explique peut-être pourquoi ce n’est plus un livre très intéressant.

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  2. Disons que s'il avait été écrit en 50 AD, j'aurais peut-être trouvé le fait très intéressant, mais ça ne veut pas dire que j'aurais aimé le livre ;-)

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  3. Tu avais envie d'être méchant ? Merde, moi je te trouve vachement gentil vis à vis de cette tambouille que je n'ai même pas eu le courage de terminer ! ;-)

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  4. Hé, c'est pas sympa de ruiner mes illusions !
    :-D
    Moi qui croyais avoir été vraiment méchant sur ce coup-là !

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  5. Arrête : tu es incapable d'être méchant. Même ton Top Of The Flops était sympa. Je te mets au défi d'écrire une vraie critique odieuse, la prochaine fois ;-))

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  6. Tu n'as pas aimé la stratégie Ender, je te comprends.

    Essaye les trois premiers tomes d'Alvin le Faiseur (disponibles en Folio) peut être cela te réconciliera avec Card.

    C'est grâce (ou à cause de ces livres) que j'ai lu la stratégie Ender.

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  7. Ah, désolé, mais j'ai pas vraiment envie de retrouver cet auteur. Disons que son génie m'est inaccessible ;-)

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  8. Tu es effectivement passé à côté du bouquin. Même ta critique est dénuée d'arguments.
    L'analyse de ce livre ne doit pas se faire sur son simple scénario ( bien que je l'ai moi-même trouvé passionnant).

    Au contraire, chaque chapitre de "La stratégie Ender" est un pratiquement un petit conte philosophique. Ce que ce livre nous montre, c'est que ce qui fait la beauté de l'humanité est aussi ce qui fait son atrocité.
    La manipulation du personnage éponyme en est un parfait exemple ; le personnage d'Ender en est un autre. Toutes les souffrances que les adultes feront subir à un enfant sont aussi atroces que nécessaires : la survie de l'espèce n'est-elle pas en jeu ? Et que dire d'Ender, qui déteste la violence, mais est tout simplement obligé de s'en servir pour survivre. Ender est beau car s'il peut battre ses ennemis, c'est parce qu'il les comprend. Et puisqu'il les comprend, il les aime, ce qui rend si dur d'accepter de les détruire, que ces ennemis soient humains ou extra-terrestre. Car Ender est le meilleur, et ne perd jamais.

    Quant au style de Card, qui est la fois clair et profond, je le trouve tout à fait plaisant à lire.

    De l'amour, de la haine, une guerre spatiale, le salut de l'humanité, une guerre terrienne, un voyage initiatique et épique, des doutes, des remords, de la compassion, voilà une liste non-exhaustive de ce qu'on peut trouver dans ce livre.
    Bref, il y aurait des dizaines de pages à écrire sur ce livre, et son analyse approfondie serait probablement plus longue que le livre lui-même, tellement chaque page soulève de questions. Ce livre à au moins le mérite de faire profondément refléchir, philosophiquement, politiquement et moralement, pour peu qu'on prenne la peine de s'y arrêter et de le comprendre.

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