vendredi 11 juillet 2008

"Willard et ses trophées de bowling" - Richard Brautigan

Pour retrouver le sourire ! par Thom

On souffle… ouf… une semaine difficile ? des problèmes ? un temps trop caniculaire ?

Allons allons, un petit coup de Brautigan, et ça repart !


Dès le premier chapitre, on est en terrain connu – enfin : les amateurs de Brautigan sont en terrain connu. Un couple s’amuse à un délire SM tragicomique et pas pornographique pour deux sous, car Bob a attaché Constance n’importe comment, il n’a même pas réussi à la bâillonner correctement. Trop nul ce Bob. A sa décharge, il faut préciser que depuis quelques temps, nous dit-on, il n’arrive plus à faire quoi que ce soit correctement. Ce qui se confirme, puisque la scène torride annoncée n’arrive pas : sa femme est nue et attachée devant lui… et il commence à lui lire des fragments d’une anthologie d’odes et épopées grecques (ce qui par ailleurs peut totalement être considéré comme un sévice).
Le ton est donné ! La perversion annoncée dans le titre (NDLR : en anglais, ce roman est sous-titré : "A perverse mystery") n’apparaîtra jamais, mais par contre, on va bien rigoler et on ne va pas s’en plaindre.

Un roman de Brautigan n’étant jamais complètement un roman, celui-ci est plus un genre de série, plein de petites chroniques successives narrant les (més)aventures de toute une galerie de personnages aussi ordinaires que tordants. Il y a donc Bob et Constance, mais aussi un autre couple, John et Patricia. Ces derniers aiment beaucoup leur ami Willard, dont la seule raison de vivre c’est ses trophées de bowling. Parfois même il leur parle. John et Patricia se demandent si Greta Garbo et Willard pourraient devenir amis. Pourquoi ? Aucune idée… ah, et puis il y a aussi les redoutables Logan Brothers (plus une brève apparitions des Sisters) qui ont un trophée de bowling à la place du cerveau et n’ont qu’un seul but avouer : s’emparer des trophées de Willard. Ils ne savent pas pourquoi, mais ils ont bien l’intention de parvenir à leurs fins !

Autant être clair : si vous n’avez pas d’humour, passez votre chemin. Ici, pas de grandes prétentions artistiques, pas d’étude de mœurs nichées au creux d’une intrigue en apparence simplette… non, rien de toute cela : Brautigan veut s’amuser, et entraîner les lecteurs dans son univers délirant. Pour bien se figurer ce à quoi ressemble ce livre, il faudrait essayer d’imaginer le livre le plus pompeux de Hemingway (pastiché ouvertement et méchamment) adapté à l’écran par les frères Coen.
Le résultat, c’est un bouquin siphonné et jubilatoire, des personnages à moitié barges lorsqu’ils ne sont pas juste totalement cons (comme les Logan Brothers), des scènes de cul qui qui se métamorphosent en morceaux de bravoures comiques et un découpage structurel permettant d’en picorer quelques morceaux pour se revigorer avant de replonger des activités plus sérieuses. Et après y revenir - Brautigan, ça fait du bien !

...

6 commentaires:

  1. Brautigan, c’est léger et farfelu... J’avais bien aimé Vengeance de la pelouse mais le prochain sur ma liste c’est La pêche à la truite - qui bien sûr n’a rien à voir avec la pêche;-)

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  2. A peu près à l'époque où j'ai lu celui-ci (car c'est une archive) j'en avais lu un autre qui était très bon lui aussi :

    http://legolb.over-blog.com/
    article-3403298.html

    Bien entendu, ce n'était pas un western, et ce n'était pas un roman gothique :-)

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  3. C'est curieux, mais ce que j'avais étudié de Brautigan à la faculté n'était pas particulièrement drôle, juste très imagé et... bizarre. Mais ce livre me tente bien, la référence aux frères Coen ne pouvant que m'attirer!

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  4. Qui a dit que Brautigan pouvait faire une tragédie Grecque dans un dé à coudre ? (je crois que c'est P. Djian)

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  5. C'est bien Djian, et en voici une autre, trouvée au dos de " Mémoires sauvées du vent ", que je ne peux m'empêcher de rapporter puisqu'elle est de l'un de nos célèbres aristochats : " Découvrir sur une table de librairie un livre de Brautigan qu'on n'a pas lu, quand on aime Brautigan (et quand on aime Brautigan, ce n'est jamais vaguement), c'est toujours du grand amour". P.Jaenada

    Vous noterez que, même là, il a fallu qu'il mette une parenthèse !

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