De l'art... par Thom
« Deception » (en VO) n’étant pas racontable je ne vais pas le raconter : ce n’est qu’une succession décousue de dialogues, entre Philip, écrivain juif américain en vacation en Angleterre, et des femmes. La sienne, ses maîtresses, ses amies, ses étudiantes, des inconnues…
Structuré en fragments, ce livre est totalement inaccessible. S’il existe encore de nos jours une littérature expérimentale il s’inscrit résolument dans cette catégorie. C’est ma seconde lecture, et j’avoue ne pas être encore certain d’en avoir saisi tout le sens et tous les enjeux…
Ce parti pris du dialogue multiple et de la suppression du narrateur n’est-il qu’un prétexte pour Roth ? N’est-ce qu’une manière de glisser des sentences définitives sur la vie et des petits aphorismes de rien du tout – chose qu’il n’a jamais faite dans aucun autre de ses romans ? Est-ce-même d’un roman qu’il s’agit ? Y a t’il un nom pour un pareil objet littéraire non identifié ? Ou peut-être s’inscrit-il dans la lignée du reste de l’œuvre de Roth, dans cette longue et minutieuse étude de mœurs entamée dès les années 60 avec « Goodbye Colombus » ?
Même après deux lectures je suis incapable de répondre à ces questions. Tout ce que je peux en dire, c’est que ce bouquin là fascine autant qu’il agace ; la provocation n’est jamais loin lorsqu’il s’agit de Roth. Peut-être cherche t’il juste à provoquer le lecteur en rendant ce livre le moins accessible possible ? Peut-être est-ce finalement un exercice de style très simple ?
Impossible à dire, là encore. Mais ce qui est sûr c’est qu’on le dévore goulûment, sans trop savoir pourquoi…
... ou du cochon ? par Laiezza
C'est un livre impossible à résumer. Du reste, pour parler franchement, j'ai détesté et j'ai bien failli arrêter à au moins trois reprises.
J'ai déjà lu des livres de Philip Roth, et je sais combien il peut parfois être brillant, mais ce n'est pas le cas dans celui-ci. Qu'il se refuse à appliquer des schémas de narration classiques, passe encore. Cela ne lui interdit pas de rendre son roman intéressant, or "Tromperie" est ennuyeux à mourir. Il est répétitif, verbeux, et sonne parfois vraiment très creux. D'autant que la compréhension de certains passages m'a semblée un peu délicate : durant les premiers chapitres, le fait de ne jamais précisément savoir qui parle, et à qui, est séduisant. Cela donne au texte un côté énigmatique. Mais 200 pages comme ça !
Enfin, il y a les thèmes : rien de bien original, juste du sexe et du judaïsme. Sacré Philip Roth, il ne s'en laissera donc jamais ! Depuis le temps, je pense que tous ses lecteurs ont bien saisi qu'il était juif et que cela le travaillait. Avant d'être juif, Philip Roth est humain : or son livre, à cause de cette forme (ou non-forme), contient énormément de judaïsme, mais très peu d'humanité.
Le plus amusant, c'est tout de même le quatrième de couverture qui loue "l'extrême originalité" du roman, et "l'inlassable créativité" de l'auteur... En effet, si être inlassablement créatif consiste à écrire n'importe quoi n'importe comment, "Tromperie" est un chef d'oeuvre.
J'ai déjà lu des livres de Philip Roth, et je sais combien il peut parfois être brillant, mais ce n'est pas le cas dans celui-ci. Qu'il se refuse à appliquer des schémas de narration classiques, passe encore. Cela ne lui interdit pas de rendre son roman intéressant, or "Tromperie" est ennuyeux à mourir. Il est répétitif, verbeux, et sonne parfois vraiment très creux. D'autant que la compréhension de certains passages m'a semblée un peu délicate : durant les premiers chapitres, le fait de ne jamais précisément savoir qui parle, et à qui, est séduisant. Cela donne au texte un côté énigmatique. Mais 200 pages comme ça !
Enfin, il y a les thèmes : rien de bien original, juste du sexe et du judaïsme. Sacré Philip Roth, il ne s'en laissera donc jamais ! Depuis le temps, je pense que tous ses lecteurs ont bien saisi qu'il était juif et que cela le travaillait. Avant d'être juif, Philip Roth est humain : or son livre, à cause de cette forme (ou non-forme), contient énormément de judaïsme, mais très peu d'humanité.
Le plus amusant, c'est tout de même le quatrième de couverture qui loue "l'extrême originalité" du roman, et "l'inlassable créativité" de l'auteur... En effet, si être inlassablement créatif consiste à écrire n'importe quoi n'importe comment, "Tromperie" est un chef d'oeuvre.
Ca fait plaisir de voir que notre débat déchaine les passions ! :)
RépondreSupprimerOù va le monde, ma p'tite dame !
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