mardi 29 juillet 2008

"La grande à bouche molle" - Philippe Jaenada

Du polar version comic-strip, par Laiezza


C'est un polar qui a l'air de ne pas en être un, ou l'inverse : un livre qui a l'air d'être un polar, sauf que non. Le héros porte le même nom que l'auteur, il est détective privé, et se laisse embarquer dans une aventure qui ressemble un peu à un grand n'importe quoi. Pourtant, au début, c'est lui qui embarque : une auto-stoppeuse. Mais elle se fait rapidement enlever, et c'est en essayant de la sauver que Philippe Jaenada va se retrouver complètement dépassé par des évènements que, la plupart du temps, il ne comprendra pas.
Je dis : "Philippe Jaenada", je parle bien sûr du héros, pas de l'auteur. Quoique. Pas sûr que l'auteur sache lui-même où il veut en venir, mais ce qui serait une tare insurmontable chez n'importe quel écrivain, chez Jaenada, on ne sait pas trop pourquoi, cela passe. Cela semble même limpide : plus Jaenada est en roue-libre, plus sa prose est jubilatoire ; ici, elle est même carrément tordante, pour un peu qu'on ne soit pas trop exigeant. En effet, les personnes considérant qu'un roman est un livre racontant une histoire, avec un narrateur, des personnages, un début, un milieu et une fin, ces gens-là ne manqueront pas de tomber des nues face à "La Grande à bouche molle". Le narrateur parle à tort et à travers, dans des phrases très longues, mais il a à peine l'aura d'un député centriste. Les personnages secondaires, ce n'est même pas la peine d'en parler, ce sont des outres vides. Quant à l'histoire, inutile de trop la raconter : l'essentiel est de savoir qu'en gros, sa morale, c'est "à quoi bon" ?
En résumé dans ce livre, un peu comme dans "Le Chameau sauvage" (du même auteur), mais en pire, seul semble compter le plaisir d'écrire, et par extension celui de lire. Considérations existentielles décalées, situations aussi incompréhensibles que loufoques, rebondissements si invraisemblables qu'on en pleure de rire, "La Grande à bouche molle", c'est du polar version "comic-strip". Et cela marche ! "Le Cosmonaute" mis à part, il y a dans les livres de Jaenada une aisance, une futilité qui, si elle ne les rend pas indispensables, les rend vraiment IMPARABLES.

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