mardi 15 juillet 2008

"Chroniques d'une croqueuse" - Catherine Townsend

Quand j'approche du coma éthylique, par Gaël


Quatrième de couverture :

Les hommes qui accumulent les conquêtes? Des Don Juan! Mais qu'en est-il des femmes qui s'autorisent elles aussi à collectionner les aventures, en attendant de tomber sur le bon?
Avec Chroniques d'une croqueuse, Catherine Townsend, la chroniqueuse Sexe du journal anglais The Independent, nous livre le savoureux carnet de bord d'une jeune femme moderne et décomplexée (elle!) et passe en revue les pratiques sexuelles de notre époque, tout en tentant de cerner les nouvelles règles de la séduction...
Catherine teste tout, et ne nous cache rien. Sa passion pour la lingerie, comment elle a pris du Viagra, ses soirées de speed dating, ses coups de foudre et déconvenues amoureuses, ses nuits d'ivresse et sa passion pour les sex-toys... mais être une femme libérée, c'est pas si facile!

Il y a une dizaine d'années, les succès coup sur coup du Journal de Bridget Jones de Helen Fielding et de Sex and the City de Candace Bushnell lançaient un nouveau sous-genre littéraire qui allait déferler sur les rayons : la chick lit'. Bon, certains pinailleurs iront jusqu'à dire qu'on peut remonter jusqu'à Jane Austen et même Madame de La Fayette pour comprendre l'impact de ce phénomène. Je veux bien, mais là n'est pas le sujet. Ce qui est sûr, c'est qu'une brêche énorme s'est ouverte, dans laquelle moultes écrivaines se sont engouffrées à coups de féminisme libéré et autre revanche sur la littérature machiste... pour le meilleur, mais bien souvent aussi pour le pire. Parmi elles, Carrie Bradshaw Catherine Townsend tient une chronique "sexe" dans un journal national, et a décidé d'en faire un livre. Si les deux journalistes souffrent de ressemblances évidentes, Townsend enfonce le clou jusqu'à plagier certains dialogues que l'on retrouve dans la série. Et tant qu'à copier éhonteusement les copines, autant faire de même avec Le Journal de Bridget Jones, auquel Chroniques d'une croqueuse emprunte quasiment mot à mot certaines scènes. Si ce n'était que ça, on pourrait parler, à la limite, d'un hommage maladroit. Malheureusement, le livre entier est une "douleur dans le cul", comme on dit outre-Manche. Là où Fielding utilisait la forme du journal intime avec malice pour nous raconter une histoire qui tient la route, Townsend ne fait qu'aligner des épisodes sans queue(s) ni tête (enfin, surtout sans tête!), telles des aventures de Martine. Ainsi peut-on lire "Catherine et la sodomie", "Catherine et son nouveau sex-toy", "Catherine se retrouve dans un plan à trois", et ainsi de suite. Ce n'est pourtant pas que la belle n'a pas essayé de nous raconter quelque chose, mais elle n'y parvient tout simplement pas. Les personnages sont dépeints à coups de rouleau et à la gouache, si bien qu'on en confond à peu près tous les mecs qu'elle croise dans le livre, mais également ses copines. Le style dépasse rarement mon propre langage parlé, et encore quand j'approche du coma éthylique. Les situations qui se veulent croustillantes ne sont qu'un amas de clichés et de lieux communs, qui ne provoquent pas grand-chose si ce n'est des soupirs d'exaspération. Enfin la personne/le personnage de Catherine lui-même, s'il cherche à être émouvant, n'est qu'un concentré d'arrogance et d'incohérence qui empêche le lecteur de s'attacher vraiment à cette fille qui se cherche à travers le sexe. Quand on prône son intelligence, la moindre des choses est d'avoir un minimum de recul sur les choses et sur soi, si ce n'est une énorme autodérision.
Je conseillerai donc à First Editions d'éviter de perdre leur temps à éditer des inutilités pareilles et d'en passer un peu plus à corriger leurs coquilles, qui malgré tout restent le seul élément qui retienne vraiment notre attention.

7 commentaires:

  1. "certains pinailleurs iront jusqu'à dire qu'on peut remonter jusqu'à Jane Austen et même Madame de La Fayette pour comprendre l'impact de ce phénomène"

    C'est ça ! Qu'ils viennent te faire chier, ils vont me trouver sur leur route. Résistons ensemble à cette intoxication DEBILE et INEPTE voulant que sous prétexte que Fielding ait décalqué "Pride & Prejudice" ce dernier soit devenu le roman précurseur de la "littérature" girly... brrrrrr, cette idée me fait froid dans le dos tant elle est une injure à la littérature (et pourtant je n'aime pas Austen, c'est dire).

    Sinon... je trouve cette critique excellente mais je peine à comprendre pourquoi tu t'acharnes à lire ce genre de bouquin. Tu ne trouves pas que sa seule couverture est un repoussoir ? :-D

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  2. Parlons-en de la couverture, qui est également un plagiat de l'affiche des Lois de l'attraction, l'adaptation ciné du bouquin de Bret Easton Ellis!!!
    Disons que j'étais forcé de le lire, contrat moral avec Babelio oblige. Bon, ceci n'explique pas pourquoi j'ai choisi un titre pareil. Je ne me l'explique pas non plus. J'en ai cliqué une vingtaine, et c'est cette daube qui m'a été envoyée. Pas de bol!

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  3. mouahah j'ai presque envie de le lire là. :-)

    j'étais fan de Martine quand j'étais petite et une Martine dévergondée ... ça me plait (j'ai un tas d'images un peu salaces dans la tête maintenant à cause de toi Gaël c'est malin) :-p

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  4. Hein ? Quoi ? :-D

    http://blog.bruitquipense.fr/post
    /2007/11/20/Martine-prend-ses-clics-et-seclate

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  5. Lhisbei : Tu risques un peu d'être dépaysée quand même! ;-)

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  6. Morte de rire ! Bravo pour ce texte, Gaël !

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  7. Merci Lily! Je ne t'avais point vue!

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