L'avis de Gaël
Amis depuis l'enfance, Patrick Kenzie et Angela Gennaro sont détectives privés. Ils ont installé leur bureau dans le clocher d'une église de Boston. Un jour, deux sénateurs influents les engagent pour une mission apparemment simple : retrouver une femme de ménage noire qui a disparu en emportant des documents confidentiels.
Ce que Patrick et Angela vont découvrir, c'est un feu qui couve "en attendant le jet d'essence qui arrosera les braises". En attendant la guerre des gangs, des races, des couples, des familles.
Ah, Boston! Son histoire, son architecture, sa culture, ses universités, ses écrivains (Nathaniel Hawthorne, Henry James, Edgar Allan Poe, entre autres) et... sa guerre des gangs! Oubliez toutes les images de carte postale que vous avez de cette ville. Dennis Lehane utilise sa cité natale au fil de ses romans comme décor à ses héros torturés. Dès ce premier roman, Un dernier verre avant la guerre, l'auteur fait de la capitale de la Nouvelle-Angleterre un personnage à part entière, une entité tantôt grouillante, tantôt désertique, qui recèle les secrets d'une Amérique bien propre et enfouit ce qui s'écrit au dos de la carte postale. On verra passer Boston, dans ce thriller, de l'aspect newyorkesque du downtown commercial empli de monde au décor post-apocalyptique des quartiers abandonnés, une ville où le soleil ne s'arrête jamais vraiment et où la pluie ne nettoie plus grand-chose.
C'est dans ce décor que nous découvrons les premières aventures du couple vedette de l'oeuvre de Lehane : Patrick Kenzie et Angela Gennaro, duo aussi séduisant que meurtri. La qualité première de ces personnages est leur ancrage dans une réalité sociale palpable. Loin des héros de thrillers et des détectives cocasses de romans policiers, Pat et Angie s'intéressent aux secrets des autres pour oublier leurs propres cicatrices, maniant un humour à la fois irrésistible et désabusé, dernier rempart pour échapper à leurs démons, à la folie, à la mort. Lehane entoure ses protagonistes de personnages tantôt attachants, tantôt détestables, jouant sur les apparences trompeuses et les clichés du genre. Il développe également une richesse thématique poignante, de l'enfance traumatisée à la cohabitation raciale, fondement même de la société américaine. Si l'intrigue de Un dernier avant la guerre ne pêche pas par excès d'originalité (mais ne reprochait-on pas déjà des défauts d'intrigues à Raymond Chandler, un des pères fondateurs du genre), l'auteur nous démontre un talent exceptionnel (notamment pour un premier roman) dans l'art des scènes marquantes (le face-à-face des gangs au cimetière, la course-poursuite dans la gare) autant que dans l'étude de caractères.
Lehane a digéré les meilleurs ingrédients du roman noir et du thriller, mêle suspense et interrogations sociales et humaines, et enrobe son roman dans un rythme effréné, sans oublier une pincée d'humour acide. Une recette à déguster avec soin et à consommer sans modération.
L'avis de LaiezzaCe que Patrick et Angela vont découvrir, c'est un feu qui couve "en attendant le jet d'essence qui arrosera les braises". En attendant la guerre des gangs, des races, des couples, des familles.
Ah, Boston! Son histoire, son architecture, sa culture, ses universités, ses écrivains (Nathaniel Hawthorne, Henry James, Edgar Allan Poe, entre autres) et... sa guerre des gangs! Oubliez toutes les images de carte postale que vous avez de cette ville. Dennis Lehane utilise sa cité natale au fil de ses romans comme décor à ses héros torturés. Dès ce premier roman, Un dernier verre avant la guerre, l'auteur fait de la capitale de la Nouvelle-Angleterre un personnage à part entière, une entité tantôt grouillante, tantôt désertique, qui recèle les secrets d'une Amérique bien propre et enfouit ce qui s'écrit au dos de la carte postale. On verra passer Boston, dans ce thriller, de l'aspect newyorkesque du downtown commercial empli de monde au décor post-apocalyptique des quartiers abandonnés, une ville où le soleil ne s'arrête jamais vraiment et où la pluie ne nettoie plus grand-chose.
C'est dans ce décor que nous découvrons les premières aventures du couple vedette de l'oeuvre de Lehane : Patrick Kenzie et Angela Gennaro, duo aussi séduisant que meurtri. La qualité première de ces personnages est leur ancrage dans une réalité sociale palpable. Loin des héros de thrillers et des détectives cocasses de romans policiers, Pat et Angie s'intéressent aux secrets des autres pour oublier leurs propres cicatrices, maniant un humour à la fois irrésistible et désabusé, dernier rempart pour échapper à leurs démons, à la folie, à la mort. Lehane entoure ses protagonistes de personnages tantôt attachants, tantôt détestables, jouant sur les apparences trompeuses et les clichés du genre. Il développe également une richesse thématique poignante, de l'enfance traumatisée à la cohabitation raciale, fondement même de la société américaine. Si l'intrigue de Un dernier avant la guerre ne pêche pas par excès d'originalité (mais ne reprochait-on pas déjà des défauts d'intrigues à Raymond Chandler, un des pères fondateurs du genre), l'auteur nous démontre un talent exceptionnel (notamment pour un premier roman) dans l'art des scènes marquantes (le face-à-face des gangs au cimetière, la course-poursuite dans la gare) autant que dans l'étude de caractères.
Lehane a digéré les meilleurs ingrédients du roman noir et du thriller, mêle suspense et interrogations sociales et humaines, et enrobe son roman dans un rythme effréné, sans oublier une pincée d'humour acide. Une recette à déguster avec soin et à consommer sans modération.
Aussi bien écrit, mais plus traditionnel, que "Ténèbres prenez-moi la main", ce premier épisode des aventures de Patrick Kenzie et Angela Genaro, est aussi le tout premier roman de Dennis Lehane. C'est sûrement pour ça que le résultat, s'il dispose déjà les obsessions récurrentes de l'auteur (misère sociale, violence en chacun de nous, fantômes de l'enfance...), s'avoue moins convaincant.
Les deux détectives y mènent une enquête à hauts risques, impliquant différents notables de Boston, et semblant liée à la guerre des gangs qui agite la banlieue environnante. C'est l'occasion pour l'auteur de se livrer à une série de portraits pour certains poignants, pour d'autres très drôles. Aucun personnage ne laisse jamais indifférent, et certains passages sont complètement prenants.
Pourtant, il manque encore quelque chose, qui se retrouve dans les autres livres de l'auteur (ceux que j'ai lus, en tout cas) : la "transcendance". Dans "Un dernier verre avant la guerre", on a quand même affaire à un roman policier assez classique, avec une intrigue un peu convenue, et un duo de héros attachant mais "déjà vu". C'est dommage, mais c'est un début (de carrière, et de série), et il aurait sûrement fallu que je commence par ici, pour l'apprécier à sa juste valeur.
L'avis de Sandrounette
Il est difficile de passer après Gaëlle et Thom dans l'éloge de Dennis Lehane. Je vais quand même m'y essayer. Je pense qu'il n'est pas nécessaire de resituer l'intrigue ni les personnages, mes chamis l'ont très bien fait avant moi. Je voudrai parler des émotions procurées par ce petit bijou : j'ai eu du mal à me plonger dans le roman : l'incipit est surfait, on ne cerne pas du tout le personnage de Kenzie. Je me suis dit "Ouais bon, encore un polar sans grand intérêt". Et là, ô stupeur, je n'ai pas pu lâcher Kenzie et Angie. J'ai ressenti la peur dans leur ventre, la sueur sur leur visage, les bleus sur leur corps.
Je suis dans la lignée de la critique de Thom : pour un premier roman, je suis soufflée! Je n'ai plus qu'une seule idée en tête : lire le second de toute urgence !!!!!!!!
L'avis de Sandriiine
Nous suivons un duo de détectives sur les traces de documents compromettants. Si compromettants que plein de gens armés suivent le duo de détectives...
Cela pourrait être un polar terriblement banal si Lehane n'avait pas si bien croqués ces deux personnages principaux. Ils sont en morceaux à l'intérieur, plein d'une colère froide qui n'attend que de choses pour sortir.
Le discours est déjà amer, ils veulent s'en sortir et on sait sans avoir lu les autres livres de la série que c'est quand même mal parti pour eux. Trop de souffrances rentrées, trop de cauchemars...
La chute a commencé mais ils ne sont pas encore au courant, ils pensent s'en sortir, le veulent-ils réellement?
A la fin du livre, ils sont , dans mon imagination, marqués d'une ride prononcée sur la joue, une ride d'amertume contenue, avec les yeux qui tombent un peu. Vous savez, cet air que l'on a quand on comprend qu'un jour tout finira, que ce jour approche et qu'on aura pas fait le dixième de ses rêves, qu'on ne sera pas le héros qu'on aurait tellement voulu être...
A lire aussi, si le coeur vous en dit, les avis de Thom & Claude !
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