lundi 5 mai 2008

"Sacré" - Dennis Lehane

L'avis d'Ingannmic

A la demande d’un richissime homme d’affaires, Angela Gennaro et Patrick Kenzie se lancent à la recherche de sa fille Desiree. Le premier détective engagé pour cette mission -et accessoirement ami de nos 2 compères-, s’est lui aussi évanoui dans la nature. Les dernières traces de la belle disparue les mènent à Sos Détresse, centre de pseudo thérapie pour âmes désespérées.
Quel changement après « Ténèbres, prenez-moi la main »! Je me suis demandée où avait voulu en venir Dennis Lehane. En effet, ce 3ème opus des aventures de Kenzie et Gennaro paraîtrait presque léger en comparaison des 2 premiers volumes. Une intrigue plutôt convenue, un humour qui évoque par moments un film de série B, je dois dire que j’ai été assez déçue…dans la mesure où j’ai trouvé les autres romans de cet auteur excellents. J’ai fini par me dire que son intention était de faire « souffler » le lecteur après l’oppressant « Ténèbres,.. ». Pour ma part, j’estime que si je souhaite faire une pause, je n’ai qu’à lire Harlan Coben ! Ceci dit, c’est peut-être aussi lui-même que Lehane voulait faire souffler..




L'avis de Thom

Inutile de tourner deux heures autour du pot : « Sacred » ne vaut pas les deux précédents volets de la série Kenzie-Genaro - le grandiose « A drink before the War » et le chef d'œuvre « Darkness, take my hand ». Tout le monde vous le dira, et mieux encore : tout le monde aura raison de vous le dire. Est-il mauvais pour autant ? Point du tout, chers lecteurs - point du tout. Il est surtout assez différent. Voir carrément déstabilisant au départ.
Dès les premières pages, en fait, le fan de la série est complètement pris à revers : Patrick et Angie sont carrément kidnappés par un milliardaire souhaitant les embaucher ! Lequel milliardaire a tout pour lui puisqu'en plus d'être veuf et condamné à plus ou moins court terme sa fille a disparu, et le détective la recherchant aussi. Que vont donc faire Patrick et Angie ? Enquêter, mazette ! Après avoir ronchonné pour la forme (c'est quoi ces manières, vraiment - enlever les gens comme ça pour les convaincre de bosser pour vous...? N'importe quoi !) ils vont démêler les fils tout blancs d'une intrigue déconcertante de facilité (au point que quiconque pourvu d'un minimum de neurones parviendra à deviner la fin avec au moins cinquante pages d'avance), casser quelques gueules histoire de répondre aux quotas (oui : il y a des quotas de cassages de gueules dans tous les polars US), s'opposer aux puissants - bref : la routine.

Vous me direz que je ne le raconte pas sérieusement mais c'est parce que justement « Sacred » n'est pas du tout un livre sérieux. Après deux romans incroyables de noirceur et d'intensité, Lehane semble avoir voulu se détendre, jouer un peu avec les caractères de ses deux héros et livrer une intrigue ressemblant beaucoup plus à un pastiche de cette littérature hardboiled qu'il aime tant, qu'à un roman de Dennis Lehane tel qu'on l'imagine. Pour vous dire : il y a même des moments franchement burlesques - oui oui...vous avez bien lu. Le lecteur attentif soupçonnait d'ailleurs déjà Lehane d'aimer l'humour noir et l'ironie la plus cruelle (Cf. le début complètement décalé de « Darkness, take my hand » ou certains dialogues particulièrement enlevés dans « Shutter Island »). Avec « Sacred », il explore à fond cette autre facette de son talent, moins poétique parce que moins crépusculaire et moins évidente parce que beaucoup plus codifiée (il est probable qu'un lecteur n'ayant jamais ouvert un bouquin de Chandler ou de Spillane n'y verrait qu'un polar moyen, d'autant plus décevant qu'il viendrait d'un très grand écrivain)...mais plutôt séduisante - à condition bien sûr de ne pas attendre de « Sacred » les émotions fortes (sinon insoutenables) provoquées par un « Darkness... ».
En somme un Lehane mineur (situé d'ailleurs à part de la série Kenzie - Genaro dans les bios anglo-saxonnes) qu'on conseillera sans doute de lire après tous les autres...mais qui reste néanmoins réussi.

LIRE AUSSI L'AVIS DE SAHKTI

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1 commentaire:

  1. Eh bien maintenant, on sait ce que fait un auteur de roman noir quand il a besoin de se détendre: il écrit un roman un peu moins noir (gris quoi ;-)

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