Par Lhisbei
Clara débarque dans un bistrot de Bretagne et s’enfile à 10h du matin du kir champagne dans des bolées de cidre. Elle a 36 ans, du culot à en revendre et elle est bien roulée. Elle ne cherche pas un homme même si elle tape dans l’œil de Félix, peintre de croutes locales pour touristes. Elle ne cherche pas son prince charmant. Des hommes elle en a eu à la pelle et pense qu’elle n’en a pas besoin. Non elle cherche son Prince. Prince de la Casarance, fils de Une de la Mare et de Ulysse de la Casarance. Clara cherche son cheval. Et derrière son cheval on trouve la mère absente, le père marin, les hommes de passage, le vide intérieur à combler. On croise des irlandais, une veuve de la mer au prénom fleuri, un maréchal ferrant sourd muet et d’autres encore, surgis du passé et du présent de Clara et qui prennent tour à tour la parole pour raconter, tisser l’histoire d’une fille bien roulée qui cherche son cheval.
Ce qu’il y a de plus déstabilisant dans ce livre ce ne sont pas les situations parfois rocambolesques, l’extravagance de Clara ou les péripéties improbables. Ce qui déstabilise le lecteur c’est la narration à la première personne du singulier. Tout le monde raconte son « je » et pourtant tout le monde brosse le portrait de Clara par petites touches subtiles pour certains ou de grandes traînée de peinture vive pour d’autres. Clara, une sauvageonne, qui s’imagine vivre en provoquant, se rebellant, en brisant le cœur des hommes pris dans ses filets pour combler le vide intérieur, la perte, l’abandon, la douleur, le manque d’amour. Ker violette est un roman d’amour dramatique mais pas mièvre pour deux sous. L’amour, la passion sont intimement mêlés à la violence, au chagrin, à la douleur. Les sentiments ne s’apparentent pas à une bluette avec mer calme et paisible en toile de fond mais à une tempête, mer déchaînée, ciel bas et gris. L’odeur de violette se mélange à celle de l’iode, du varech et de la paille fraîchement étalée, des sueurs mêlées d’un cavalier et de sa monture. Le mélange musqué est étonnant, parfois détonant et contraste avec la couverture guimauve-papier peint des années 50 qui a mal vieilli. Le style de Karine Fougeray est direct, brut parfois. Pas de faux-semblant, ni d’atermoiements chez elle.
Comme sur le dos d’un cheval qui s’emballe j’ai été emportée par Clara, liée à elle par une passion commune dont je porte encore aujourd’hui les cicatrices.
C'est vrai qu'elle est bizarre cette couverture, je dirai même plus : elle est moche :-)
RépondreSupprimerEn tout cas j'aime bien les histoires d'amour, et ton commentaire m'a donné envie, alors je le note dans mon petit carnet.
Itou..une héroïne qui s'enfile sa bolée de cidre à 10h du matin, voilà qui devrait me plaire..
RépondreSupprimerPour le livre, je ne sais pas...
RépondreSupprimermais ta critique est très agréable à lire :-)
Oui moi aussi j'aime beaucoup ta critique, ça donne envie. Une lecture parfaite pour les vacandes d'été, il me semble :).
RépondreSupprimerEhhh, c'était pas Thom le fan de chevaux chez les chats :D).
Livrovore : je n'aime pas la couv' non plus mais en vrai elle est un tantinet plus jolie que sur la photo (le grain au toucher est agréable)
RépondreSupprimeringannmic (et si encore elle ne faisait que ça ... ) ;-)
zaph pour le livre (et au risque d'initier une nouvelle polémique) je dirais qu'il s'adresse + aux filles qu'aux messieurs...
revejeanne : oui ça reste un roman léger (mais pas creux non plus). je crois que me souvenir que Thom était un faaaaaaaan de ces bestioles... :-p
Excellente idée de polémique. Je note ;)
RépondreSupprimerC'est débile, je sais, mais "livre pour fille", cela me donne juste envie de ne pas le lire :(
RépondreSupprimerMoi c'est le côté cliché de la bolée de cidre qui me donne des réticences... On se croirait dans "Cap des Pins"!
RépondreSupprimerGaël et Inganmic, vous n'avez pas lu attentivement la critique!
RépondreSupprimerIl s'agit d'une bolée de kir champagne, et non d'une bolée de cidre (ce qui serait un insupportable cliché, j'en conviens ;-)
Gaël : est-ce que l'héroïne de Cap des pins pète suffisamment les plombs pour se peindre les cheveux en jaune paille ? ;-)
RépondreSupprimerLhisbei : Dans "Cap des Pins", je ne sais pas, mais ici, tout le monde le fait! :-D
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