Soyons fous, lisons Paul Auster, par Zaph
Youpy! Je suis réconcilié avec Paul Auster.
Ce que j'avais contre lui? Bah, j'ai déjà eu l'occasion de m'en expliquer ici ou là, mais peu importe. Nous n'allons pas étaler sur la place publique d'anciens griefs qui n'ont plus cours, puisque nous sommes réconciliés. Enfin moi, car je ne pense pas que Paul m'ait jamais adressé le moindre reproche.
Et le plus fort, c'est que deux phrases ont suffit. Les premières du livre:
"I was looking for a quiet place to die.
Someone suggested Brooklyn, and so the next morning I travelled down there from Westchester to scope out the terrain..."
Non mais, Brooklyn, un coin tranquille pour mourir; vous vous rendez compte? Ces quelques mots évoquent tant de choses que je me doutais déjà que ce livre serait un coup de coeur.
Parler légèrement des choses graves et pas forcément gravement des choses légères, voilà quelque chose qui fait du bien.
Ce qui me fait aussi du bien, maintenant, c'est quand on me pose la question "que penses-tu d'Auster, c'est un des plus grands écrivains vivants, non?", je ne dois plus répondre "euh, bof", puis essayer de détourner la conversation.
Non pas qu'on me pose la question tous les jours dans la vie réelle. Il est même probable que la plupart des personnes qui m'entourent, bien qu'intelligentes et respectables, n'aient qu'une très vague idée de qui est ce monsieur. Non, c'est plutôt par rapport à moi-même.
Ce que raconte ce livre, c'est peu de chose et c'est beaucoup. C'est l'histoire de Nathan, un homme vieillissant, malade, résigné à s'enfoncer dans la solitude, qui croit sa vie pratiquement finie et globalement ratée. Mais l'approche de la mort va justement l'amener à considérer les choses différemment.
"Tant qu'il y a de la vie, il y a de la vie", dit Vonnegut. Et ce livre en est une magnifique illustration.
Et puis, Auster réussit à créer des personnages de fiction plus vrais que nature (la chose la plus difficile en littérature?). C'est à dire qu'on y croit complètement. Ils sont réels. Et j'irais jusqu'à dire qu'ils nous apprennent sur la vie plus de choses que n'importe quelle personne de chair et d'os.
Enfin, j'exagère un tout petit peu. Mais tout ce que j'ai appris sur la vie, je l'ai appris dans les romans. Bah oui, j'ai pas eu de grand frère, et j'ai jamais été capable de tirer des enseignements de mes propres erreurs.
Bon, je ne dirais pas qu'il n'y a aucun défaut dans ce livre, comme par exemple ces dix pages qui résument six mois capitaux de la vie d'un personnage qui éclairent tout le roman, sous forme d'extraits de dialogue. C'est un peu lourd, mais on pardonnera aisément ce défaut mineur en regard du plaisir que procure cette lecture.
En fait, c'est un livre optimiste. Et même quand on est un indécrottable cynique, ça fait du bien, de temps en temps, un peu d'optimisme.
Finalement, quand on sait regarder les évènements et les gens d'une certaine manière, quand on sait entendre la petite "musique du hasard", on peut finir par croire que Brooklyn est effectivement "a quiet place"; mais pas seulement "a quiet place to die"; aussi surtout "a quiet place to live".
Youpy! Je suis réconcilié avec Paul Auster.
Ce que j'avais contre lui? Bah, j'ai déjà eu l'occasion de m'en expliquer ici ou là, mais peu importe. Nous n'allons pas étaler sur la place publique d'anciens griefs qui n'ont plus cours, puisque nous sommes réconciliés. Enfin moi, car je ne pense pas que Paul m'ait jamais adressé le moindre reproche.
Et le plus fort, c'est que deux phrases ont suffit. Les premières du livre:
"I was looking for a quiet place to die.
Someone suggested Brooklyn, and so the next morning I travelled down there from Westchester to scope out the terrain..."
Non mais, Brooklyn, un coin tranquille pour mourir; vous vous rendez compte? Ces quelques mots évoquent tant de choses que je me doutais déjà que ce livre serait un coup de coeur.
Parler légèrement des choses graves et pas forcément gravement des choses légères, voilà quelque chose qui fait du bien.
Ce qui me fait aussi du bien, maintenant, c'est quand on me pose la question "que penses-tu d'Auster, c'est un des plus grands écrivains vivants, non?", je ne dois plus répondre "euh, bof", puis essayer de détourner la conversation.
Non pas qu'on me pose la question tous les jours dans la vie réelle. Il est même probable que la plupart des personnes qui m'entourent, bien qu'intelligentes et respectables, n'aient qu'une très vague idée de qui est ce monsieur. Non, c'est plutôt par rapport à moi-même.
Ce que raconte ce livre, c'est peu de chose et c'est beaucoup. C'est l'histoire de Nathan, un homme vieillissant, malade, résigné à s'enfoncer dans la solitude, qui croit sa vie pratiquement finie et globalement ratée. Mais l'approche de la mort va justement l'amener à considérer les choses différemment.
"Tant qu'il y a de la vie, il y a de la vie", dit Vonnegut. Et ce livre en est une magnifique illustration.
Et puis, Auster réussit à créer des personnages de fiction plus vrais que nature (la chose la plus difficile en littérature?). C'est à dire qu'on y croit complètement. Ils sont réels. Et j'irais jusqu'à dire qu'ils nous apprennent sur la vie plus de choses que n'importe quelle personne de chair et d'os.
Enfin, j'exagère un tout petit peu. Mais tout ce que j'ai appris sur la vie, je l'ai appris dans les romans. Bah oui, j'ai pas eu de grand frère, et j'ai jamais été capable de tirer des enseignements de mes propres erreurs.
Bon, je ne dirais pas qu'il n'y a aucun défaut dans ce livre, comme par exemple ces dix pages qui résument six mois capitaux de la vie d'un personnage qui éclairent tout le roman, sous forme d'extraits de dialogue. C'est un peu lourd, mais on pardonnera aisément ce défaut mineur en regard du plaisir que procure cette lecture.
En fait, c'est un livre optimiste. Et même quand on est un indécrottable cynique, ça fait du bien, de temps en temps, un peu d'optimisme.
Finalement, quand on sait regarder les évènements et les gens d'une certaine manière, quand on sait entendre la petite "musique du hasard", on peut finir par croire que Brooklyn est effectivement "a quiet place"; mais pas seulement "a quiet place to die"; aussi surtout "a quiet place to live".
C'est bon, je l'ai remonté dans ma LAL! Merci Zaph!
RépondreSupprimerSi les personnages dans les livres sont réels, les personnages dans la vraie vie sont de la fiction ? Tiens, cela expliquerait pas mal de choses :D)
RépondreSupprimerOui.
RépondreSupprimerOu du moins, c'est ce que pensent les personnages des livres ;-)
Normal que tu l'aimes...c'est le roman où Auster se déguise en Philip Roth ;-)
RépondreSupprimer@ Thom : tu crois vraiment que ce n'est pas un hasard, si le personnage s'appelle Nathan ??
RépondreSupprimerJe ne pourrais pas le prouver, bien sûr. Mais je trouve qu'il y a des convergences assez étonnantes (thématiques, stylistiques) entre les deux, dans ce livre...
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