Une belle leçon de mort ! par Laiezza
Il y a des concerts de louanges qu'il faut savoir relativiser. Mais il y a aussi, plus rarement, des concerts de louanges devant lesquels on doit s'incliner. "Le dernier de livre de Philip Roth est un chef d'œuvre". Si personne n'a dit le contraire depuis sa sortie, c'est tout simplement parce que cela est vrai.
Son histoire est très simple : il s'agit de 154 pages de retour d'un homme âgé, sur lui-même. Le texte est court, d'une simplicité à couper le souffle. Le personnage revoit passer sa vie, une vie presque normale, il n'est qu'un homme - sous entendu : comme les autres. "Un" - article indéfini. Cet antihéros ne sera donc jamais défini, tout le long du roman. Il n'est pas fuyant, il n'est pas transparent, il est juste banal. Sa vie ressemble à bien d'autres vies, pur produit de la classe-moyenne qui a réussi, s'est installé, a construit quelque chose : un univers, confortable, un peu étriqué ; une vie, quoi, qui vaut ce qu'elle vaut, mais à laquelle il est attaché.
Et à présent, la fin se rapproche. Il y pense, comme l'auteur on le devine (Philip Roth est né dans les années 30), il pèse le pour et le contre. On est frappé par sa solitude, tous ces gens autour de lui paraissent en fait lointains, effacés. Comme si plus il se rapprochait de la mort, plus le monde, autour de lui, parlait à voix basse. Au même moment, les voix du passé deviennent tonitruantes. Le personnage manque de devenir moins ordinaire. Une déclinaison de Philip Roth peut-elle, vraiment, être un homme comme les autres ? L'auteur semble dire que "oui". Que tous les hommes sont égaux, face à la mort. La morale de ce livre est une évidence. Il fallait tout le talent de Philip Roth pour la rendre si éclatante, si poignante, si drôle : Philip Roth, même hanté par la mort, n'est pas capable de rester sérieux trop longtemps. Il réussit à parsemer son livre de scènes comiques, légères, comme ces moments de vie qui sur le coup paraissent anodins, et qui deviennent le fondement de la mémoire.
On dit souvent : "ce livre est une belle leçon de vie". Philip Roth, dans "Un homme", donne une belle leçon de mort. Il fallait oser ! Mais comme l'a écrit Thom, dans une très bonne critique de ce livre : "Partir avec un tel roman serait assurément une superbe fin". J'ignore si c'était son idée ; ce qui est certain, c'est qu'après ce livre, Philip Roth pourra, c'est vrai, partir en paix.
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Brrr!
RépondreSupprimerLa couverture du livre fait un peu "faire-part de décès". :-/
Tiens, je viens de terminer "J'ai épousé un communiste" qui m'a donné envie de poursuivre..alors pourquoi pas avec celui-là?
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