lundi 19 mai 2008

"L'Homme aux cercles bleus" - Fred Vargas

Gimmickologie, par Gaël

Fred Vargas est un auteur très sympathique. J'ai déjà eu l'occasion de le dire. Il semblerait pourtant que lire l'ensemble de son oeuvre amène le lecteur à perdre la magie qui entoure la découverte de son univers. En somme, trop de Vargas tue la Vargas ! Si je louais avant la cohérence de son monde, faisant croiser ses personnages d'un roman à l'autre et mettant en avant les traits communs attachants qui relient chacun de ses livres, ils apparaissent, au fur et à mesure que je remonte sa bibliographie, comme des gimmicks qui donnent l'impression de lire peu ou prou la même chose. Et si, au fond, Fred Vargas écrivait toujours le même roman ?
C'est effectivement la question qui m'est venue à l'esprit en tournant les pages de L'Homme aux cercles bleus, le roman le plus ancien de l'auteure que j'ai lu à ce jour. Toute la structure qui fera de ses romans suivants des best-sellers attirant des milliers de fans est déjà posée. Le commissaire Adamsberg s'intéresse à une affaire de moeurs anodine en sentant le danger arriver, et est amené à rencontrer une galerie de personnages cocasses, dont trois qui habitent un immeuble dont les étages sont classés selon un certain ordre. Mis à part L'Homme à l'envers, ce résumé colle parfaitement à tous les autres romans de Vargas que j'ai lus. Est-ce un défaut pour autant? Oui et non. Il est vrai que c'est une caractéristique que l'on a maintes fois reprochée à Alfred Hitchcock au cinéma, par exemple, et pourtant cela ne fait pas de sa filmographie une oeuvre mineure. Cependant, Hitchcock profitait de ce schéma classique pour aborder d'autres thèmes, ou le traiter différemment à chaque fois. Il semblerait que Fred Vargas n'ait pas été aussi inspirée que le cinéaste britannique, ou qu'elle n'ait pas son talent. Comme je le disais au début de cet article, l'univers de Vargas apparaît très cohérent d'un roman à l'autre. Mais cette cohérence cache surtout une répétitivité qui saute aux yeux lorsqu'on lit ses polars à des intervalles relativement courts. L'écrivain n'utilise pas une formule pour aborder des thématiques sous un angle personnel, elle décline seulement un schéma dont elle change les motifs. Remplacez les cercles bleus par des quatre noirs à l'envers, et vous obtiendrez Pars vite et reviens tard. Substituez les locataires de Mathilde Forestier aux Evangélistes, et le résultat donnera Debout les morts.
Lorsqu'on lit Agatha Christie, on peut avoir le même problème. Seulement Dame Agatha nous éblouit toujours par son imagination en ce qui concerne les méthodes meurtrières et les rebondissements spectaculaires. Fred Vargas ayant choisi de baser ses romans sur ses personnages et non sur l'intrigue, il ne nous reste plus grand-chose à se mettre sous la dent passé les trente premières pages.

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5 commentaires:

  1. Pratique, la critique réutilisable.
    Suffit de changer le titre en gardant le même texte, et on a une critique de tous les romans de Vargas! ;-)

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  2. Rhooooo! Ben non, quand même pas! Mon ressenti n'était pas le même au premier Vargas que j'ai lu. Et puis comme je le dis dès le début, elle reste un auteur sympathique.

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  3. Je n'ai pas encore lu de Fred Vargas mais j'ai "Ceux qui vont mourir te saluent" dans ma PAL. J'avais plutôt apprécié le film tiré de "Pars vite et reviens tard". Il est vrai que, pour certains auteurs de romans policiers ou noirs, il en faut peu pour que le serpent se morde la queue. Ca me fait penser aux romans de Mary Higgins Clark que je lisais quand j'étais ado. Quand je lisais la 4ème de couverture, je ne pouvais pas dire si je l'avais déjà lu ou pas!
    Et le nombre de fois où j'en ai commencé un et m'aperçus au bout de quelques pages que je l'avais déjà lu :S
    Bref, j'espère que ça ne me fera pas le même effet avec Vargas!

    (purée j'ai fait mon plus long commentaire de tous les temps! ;)

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  4. Sandrounette :
    J'ai également pensé à Mary Higgins Clark et à ses formula novels : on retrouve toujours plus ou moins la même trame. Disons que Fred Vargas a quand même un talent d'écriture supérieur à l'américaine (ou en tout cas, à sa traductrice!).

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  5. Je suis bien d'accord. J'avais adoré "Debout les morts", le premier que j'ai lu, pour l'ambiance, et le vieux flic à la retraite aussi. Encouragée, j'ai continué avec pars vite et reviens tard, et là, je dois avouer que j'ai vraiment des problèmes Adamsberg, sa lenteur, cette "émotivité" et en même temps ce flegme, qui sur d'autres personnages iraient, mais qui sont à mon avis profondément ennuyeux chez lui. A ça se rajoute un scénario assez répétitif. C'est dommage, car le style est bon

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