Par Ingannmic
Un lointain futur, dans La Cité des Religions Oubliées. Lucrèce et Mishima Tuvache y sont les propriétaires d’un singulier magasin : ils commercialisent auprès des candidats au suicide moult et divers moyens d’en finir…et il faut dire que ces candidats sont nombreux, dans un monde devenu cauchemardesque, où règnent guerres, famines et désastres écologiques. Malgré cette morosité ambiante, et au grand désespoir de ses parents, Alan Tuvache (le cadet de leurs 3 enfants) est un jeune garçon d’une gaieté inaltérable.
Il s’agit du 3ème roman de J.Teulé que je découvre. "Darling" m’avait bouleversée, "Je, François Villon" m’avait fascinée, et celui-ci m’a réjouie ! C’est peu dire que l’auteur a plus d’une corde à son arc, et qu’il sait exploiter son talent à des exercices extrêmement variés. Dans ce –trop court, hélas- Magasin des suicides, il fait preuve d’une imagination débordante et d’un humour féroce, « assaisonnant » sa fable de multiples allusions à notre monde bien réel (la boutique des Tuvache est située Boulevard Bérégovoy, non loin de la discothèque Kurt Cobain…).
Grâce à cela, et malgré l’aspect parfois macabre et pessimiste que pourrait revêtir le récit, j’ai retiré de cette lecture une impression de fraîcheur, voire de candeur, candeur due à l’attachement que l’on finit par éprouver pour cette famille on sein de laquelle on devine beaucoup d’amour et de simplicité. En effet, il suffit au fond de peu de chose –en l’occurrence la joie véhiculée par le petit Alan- pour que tous ses membres retrouvent le sourire et l’envie de s’amuser.
Y a-t-il une morale à cette fable ? Je ne crois pas que tel était le but de l’auteur. Cependant, il nous met face à deux évidences quelque peu contradictoires : d’une part, sans une paix relative et un environnement protégé, l’homme a beaucoup de difficultés à trouver le bonheur et d’autre part, la nature même de l’individu fait qu’il finit par s’adapter à tout, et parvient à tirer satisfaction de la moindre occasion d’être joyeux, sinon heureux.
Pour finir : les Tuvache ne sont pas sans évoquer la célèbre famille Adams ; de même, je n’ai pu m’empêcher d’imaginer un Tim Burton adaptant cette histoire au cinéma…
Lire les avis de Laiezza, Zaph, Céline, Livrovore et Thom
Vous pouvez aussi aller voir le mien ici : http://lectrissima.blogspot.com/2008/01/le-magasin-des-suicides-jean-teul.html
RépondreSupprimerTa critique me donne envie de le relire encore et encore !!
Moi aussi! C'est un vrai bon moment, ce petit livre! :)
RépondreSupprimerSans prétention, mais pas sans efficacité :)
RépondreSupprimerj'avais beaucoup aimé aussi. d'ailleurs c'est un des livres que je fais circuler autour de moi :-)
RépondreSupprimerTu veux dire que sur ce coup là, tu étais d'accord avec Thom ?!? ;)
RépondreSupprimerOh my God j'ai par 2 fois été d'accord avec Thom alors ?!! :-D
RépondreSupprimerj'en disais ceci sur mon ancien blog "La mort n'est pas une affaire sérieuse avec Jean Teulé. Rejoignant Tim Burton dans l'humour macabre, l'auteur chasse nos idées noires et nous fait passer tout envie de suicide. Pris au premier degré ce livre est une immense farce qui fait parfois sourire et souvent rire. Mais derrière l'humour noir se cache une réflexion sur la vie (et comment nous la vivons) et la mort. La fin que je ne raconterai pas m'a déstabilisée (et prise par surprise aussi). Le trait est parfois trop épais et caricatural mais n'entame jamais le plaisir de la lecture. L'écriture fluide et vive de Jean Teulé, son inventivité et son sens de la formule sont la cerise sur le gâteau."
j'ai quand même une manie de tout ramener à Burton ...
la dernière personne à qui je l'ai passé a été enchantée par ce livre (et pourtant c'est un fan de Bernard Werber et Marc Levy...)
"j'ai quand même une manie de tout ramener à Burton ..."
RépondreSupprimerNe t'en fais pas, ce n'est pas juste toi :)
Le nombre de critiques que j'ai lues reliant "Le Magasin des suicides" à Tim Burton...C'est juste ahurissant :))
Je crois que les gens, sur le net, n'ont qu'une seule référence d'humour macabre (ah non, Ingannmic a la Famille Addams, courage:)
Ne pas oublier :
RépondreSupprimer"Lire Jean Teulé, lire Jean Teulé, lire Jean Teulé...