vendredi 23 mai 2008

"La fin des temps" - Haruki Murakami

Au pays des merveilles sans merci... , par Ingannmic

Ce roman nous plonge, en alternance, au cœur de deux mondes. Dans l’un, un vieux savant farfelu charge un informaticien de coder les programmes relatifs à ses travaux ultra secrets et, selon leur auteur, d’une importance capitale. Dans l’autre, le narrateur est nouveau venu au sein d’une mystérieuse cité ceinte de hautes murailles, de laquelle seuls peuvent sortir les troupeaux de licornes qui y vivent. Au fil du récit, le lien va se faire de plus en plus étroit entre ces deux univers, jusqu’à l’ultime fusion…

Je considère Murakami comme un magicien : dans chacun de ses récits, il déploie une imagination fabuleuse, au sens propre comme figuré du terme. Ainsi que je l’ai déjà mentionné (sur l'ancien forum), lire l’un de ses romans, c’est comme entrer dans un rêve : on a l’impression d’évoluer dans le monde réel, et puis survient un évènement surnaturel ou juste une légère anomalie qui nous détrompent, mais de façon très subtile ; on n’est jamais vraiment ni dans le fantastique ni dans le prosaïsme de la réalité. Disons plutôt que l’on flotte entre les deux…De plus, comme dans les songes, même les dangers ne semblent pas réellement crédibles ou fatals. Les personnages les subissent avec une certaine philosophie et une inquiétude toujours très mesurée.
La fin des temps ne déroge pas à la règle. C’est un livre qui pour moi regorge de poésie ; rien que le sous-titre donné à l’un des deux mondes laisse rêveur : « pays des merveilles sans merci »… Et puis, comme à son habitude, l’auteur nous abreuve de références musicales et littéraires extrêmement diverses, ajoutant à la richesse du récit. Enfin, il réussit, par ces allers-retours entre ces univers parallèles, dans lesquelles l’histoire se déroule avec une lente progression, à distiller un suspense très prenant.

Bref, J’ADORE MURAKAMI !

16 commentaires:

  1. J'aime aussi beaucoup de roman. Il est en effet très poétique, onirique je dirais.
    Je ne crois pas que Murakami flirte avec le fantastique dans tous ses romans, par contre, ce que tu dis du détachement des personnages est très vrai, si bien qu'on peut avoir cette impression d'irréalité.

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  2. C'était un de mes coups de coeurs aussi.

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  3. A vrai dire, Zaph, je n'ai pas -encore- lu tous ses romans! Effectivement, on ne peux pas parler vraiment de "fantastique" en ce qui concerne par exemple "A L'est du soleil..." et pourtant, j'ai tout de même le souvenir d'un sentiment de mystère lors de cette lecture..cela relève peut-être d'un subtil parfum d'origine asiatique!!

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  4. Ce sera donc mon prochain Murakami :)

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  5. Oups, je me suis trompée : le titre du livre de Murakami que je cite plus haut, c'est bien sûr "Au sud de la frontière, à l'est du soleil". Je ne m'en rappelle jamais exactement!

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  6. Le meilleur H.Murakami à mon humble avis, dans lequel sons de l'illusion est manié avec maestria.
    Je conseille chaudement aussi Les chroniques de l'oiseau à ressort(quoique un peu longues) et son recueil de nouvelles L'Eléphant s'évapore.
    Par contre, tout n'est pas du même tonneau chez Murakami et on peut délaisser quelques-uns de ces titres comme Kafka et Danse,Danse,Danse.
    Après, c'est sûr, c'est subjectif.

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  7. En effet, Edwood, c'est difficile de dire quel est le "meilleur" Murakami. Je crois que chaque amateur a son préféré.
    Contrairement à toi, j'avais adoré "Kafka sur le rivage"! :)

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  8. Eh oui, ce serait triste si on avait tous exactement les mêmes goûts.
    Pour Kafka, je trouve le récit trop visiblement fantastique et les personnages pas assez charismatiques.
    Dans la Fin des temps, Murakami trouve un compromis merveilleusement imperceptible entre réalité et onirisme. C'est la clé du bonheur de cette lecture à mes yeux.

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  9. Ah, ça c'est amusant, parce que moi, j'ai eu exactement la perception inverse (bien que j'aime aussi beaucoup "la fin des temps", je le répète).
    Sans doute comme tu dis, une question de sensibilités différentes.

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  10. extraordinare ce livre la fin des temps!:

    ghis

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  11. L'alternance entre la fin du monde et le pays des rêves sans merci, son parcours a la recherche d'une porte pour pouvoir s'enfuir avec son ombre, me fait un peu penser à Ballard l'onirisme de Murakami est d'une grande richesse, j'ai lu, Kafka sur le rivage et comment ne pas être ému quand meurt le petit père, le Mouton, le passage de la nuit,saules aveugles, femme endormis( plein de super nouvelles dont notamment une qui deviendra la trame de, les amants du spoutniks)!

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  12. je trouve que la fin des temps est l'histoire la mieux ficellée de Murakami.
    Ensuite, je suis personnellement un peu déçue par les nouvelles de L'éléphant s'évapore, en comparaisont de La fin du tremblement de terre, qui m'a donné gout a Murakami.
    Kafka sur le rivage est aussi excellent, un peu plus du genre "roman initiatique" et je suis d'accord avec Edwood sur la longueur des Chroniques de l'oiseau a ressort (par contre, c'est un des livre les plus marquant pour moi, par exemple dans le récit de guerre où un des camarades du narrateur se fait torturer... J'avais l'impression de voir la scéne !)
    MAis il est clair que Murakami est un auteur vraiment génial !
    helo

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  13. plonger dans un roman de Murakami est un enchantement, le secret pour échapper au quotidien

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  14. Bonsoir à tous,
    Je crois que l'on aime Murakami, -l'intégralité de son oeuvre-, et pas une livre de Murakami. Ou alors, ce serait ne pas être en osmose avec l'écrivain. Le monde de Murakami, on l'a en soi, ou pas... Ce "flottement", ne me dites pas que vous ne l'avez jamais vécu? D'ailleurs, est-ce un flottement? Certains ont ouvert la porte, depuis longtemps, d'autres ont préféré cacher la clef, d'autres encore ne verront jamais le passage... Murakami est un guide, un passeur, un magicien, un poète... On ne sort pas intact d'une lecture de Murakami. C'est une aventure lourde de conséquences, parce que, oui, cette porte, elle est là, en certains de nous et la franchir, c'est aller au-delà de l'onirisme, à la (re)découverte de ce que nous pressentions, que nous sentions. Bizarre comme la perception du réel est altérée après Murakami. Mais ne l'a t'elle pas toujours été?

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    1. Je suis entièrement d'accord avec vous. Et pourtant j'ai habituellement un esprit très cartésien. Mais je me pose de plus en plus de questions, sans doute un effet de l'âge. Merci pour votre commentaire.

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  15. Oui tout à fait d accord avec vous. Comme la pierre de l entrée dans "Kafka ...", un roman de Murakami est un passage vers un autre monde. Ce monde est bien connu, nous l'avons aperçu dans nos rêves et Murakami met des mots sur nos rêves les plus complexes. C'est un vrai tour de force littéraire. Le monde de Murakami devient réel grâce à l'écriture et accrédite la réalité de nos perceptions confuses.

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