Tenue de soirée, par Thom
L’histoire littéraire retient parfois les choses de travers. C’est aussi pour ça qu’on l’aime, mais lorsqu’on la prend en flagrant délit d’approximation ça fait quand même toujours bizarre.
« Mary Anne » est censé être la grande œuvre de Daphné Du Maurier, le grand livre qui claque et qui jette, avec le fond et la forme. Une grande fresque historique bouleversante inspirée de la vie de sa trisaïeule, célèbre courtisane de la fin dix-huitième qui grimpa à vitesse grand V un ascenseur social déjà bien en panne à son époque. En fait de fresque historique il y a surtout pas mal de clichés, d’approximations et l’impression désagréable que les seules choses qu’ait lues l’auteur sur ce siècle aient été des fiches bristols rédigées à la va-vite pour son bac. Cependant ce n’est pas sa faute : Daphné Du Maurier n’a a priori jamais prétendu écrire un grand livre sur le dix-huitième et elle n’est pas responsable des âneries retenues par d’autres.
Elle est en revanche clairement responsable de la médiocrité de son roman. Médiocrité crevant les yeux dès le chapitre deux, lorsque Mary Anne est surprise par sa mère avec son amant forcément illégitime dans une chambre forcément sombre. Cris, larmes, et que je te donne du On s'aime on va se marier alors que le lecteur sait bien que non, Joseph il s’en tape (sans mauvais jeu de mots) de la fille, ça se voit à des kilomètres. Combien de fois ai-je lu ce passage dans ma vie ? Trop pour éprouver autre chose que de l’ennui quand je tombe dessus. Et le fait que « Mary Anne » date de 1954 n’est pas une excuse, en 1954 ç’avait déjà été écrit cent fois au moins.
La suite s’inscrit dans la même lignée, entre clichés et lieux communs, figures imposées plus souvent qu’emblématiques et dialogues de sourds avec un lecteur (moi, le cas échéant) qui en a vu d’autres (et des mieux !) dans le genre. Ce n’est jamais totalement nul, car Du Maurieur reste une auteure de grand classe, mais dans l’ensemble ça ne vole pas bien haut et on est très loin de ses meilleurs livres. D’aucuns argueront sans doute que Mary Anne est une figure de la révolte féminine (ce que l’éditeur n’a pas manqué de noter en exergue du bouquin) et que de fait c'est vachement trop bien d'avoir écrit ça en 54. Ouais, mais non : d'abord faudrait voir à pas confondre Du Maurier avec la Grande Simone ou la Grande Françoise. Ensuite Mary Anne c’est surtout un genre de Rastignac au féminin, toute aussi antipathique mais franchement moins fascinante. Dire que j’ai été ému qu’elle reprenne l’ascenseur social à toute blinde en sens inverse une fois arrivée au dernier étage serait mentir : j’ai surtout été soulagé. Oui, l’auteure a réussi à tenir son pari et à écrire un livre clichesque et prévisible du début à la fin. Qui contient certes quelques jolis moments, mais cela relève heureusement plus de l’erreur de parcours que d’une volonté farouche d’écrire des pages de qualité.
Présenté autrement par les éditeurs, les critiques ou l’histoire littéraire (et plus généralement par tous ces gens qu’on n’arrive pas toujours à désigner qui font qu’on a entendu parler d’un livre durant des années avant de mettre la main dessus), j’aurais peut-être consenti à l’indulgence. Mais vendu comme un grand livre sérieux d’une grande auteure populaire désolé, je ne marche pas dans la combine. A l’exception de « The King’s General », je crois donc pouvoir affirmer maintenant que je préfère cent fois les livres pas sérieux et pas du tout encensés de Daphné Du Maurier plutôt que ce genre de tambouille en costumes aux accents d’escroquerie.
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« Mary Anne » est censé être la grande œuvre de Daphné Du Maurier, le grand livre qui claque et qui jette, avec le fond et la forme. Une grande fresque historique bouleversante inspirée de la vie de sa trisaïeule, célèbre courtisane de la fin dix-huitième qui grimpa à vitesse grand V un ascenseur social déjà bien en panne à son époque. En fait de fresque historique il y a surtout pas mal de clichés, d’approximations et l’impression désagréable que les seules choses qu’ait lues l’auteur sur ce siècle aient été des fiches bristols rédigées à la va-vite pour son bac. Cependant ce n’est pas sa faute : Daphné Du Maurier n’a a priori jamais prétendu écrire un grand livre sur le dix-huitième et elle n’est pas responsable des âneries retenues par d’autres.
Elle est en revanche clairement responsable de la médiocrité de son roman. Médiocrité crevant les yeux dès le chapitre deux, lorsque Mary Anne est surprise par sa mère avec son amant forcément illégitime dans une chambre forcément sombre. Cris, larmes, et que je te donne du On s'aime on va se marier alors que le lecteur sait bien que non, Joseph il s’en tape (sans mauvais jeu de mots) de la fille, ça se voit à des kilomètres. Combien de fois ai-je lu ce passage dans ma vie ? Trop pour éprouver autre chose que de l’ennui quand je tombe dessus. Et le fait que « Mary Anne » date de 1954 n’est pas une excuse, en 1954 ç’avait déjà été écrit cent fois au moins.
La suite s’inscrit dans la même lignée, entre clichés et lieux communs, figures imposées plus souvent qu’emblématiques et dialogues de sourds avec un lecteur (moi, le cas échéant) qui en a vu d’autres (et des mieux !) dans le genre. Ce n’est jamais totalement nul, car Du Maurieur reste une auteure de grand classe, mais dans l’ensemble ça ne vole pas bien haut et on est très loin de ses meilleurs livres. D’aucuns argueront sans doute que Mary Anne est une figure de la révolte féminine (ce que l’éditeur n’a pas manqué de noter en exergue du bouquin) et que de fait c'est vachement trop bien d'avoir écrit ça en 54. Ouais, mais non : d'abord faudrait voir à pas confondre Du Maurier avec la Grande Simone ou la Grande Françoise. Ensuite Mary Anne c’est surtout un genre de Rastignac au féminin, toute aussi antipathique mais franchement moins fascinante. Dire que j’ai été ému qu’elle reprenne l’ascenseur social à toute blinde en sens inverse une fois arrivée au dernier étage serait mentir : j’ai surtout été soulagé. Oui, l’auteure a réussi à tenir son pari et à écrire un livre clichesque et prévisible du début à la fin. Qui contient certes quelques jolis moments, mais cela relève heureusement plus de l’erreur de parcours que d’une volonté farouche d’écrire des pages de qualité.
Présenté autrement par les éditeurs, les critiques ou l’histoire littéraire (et plus généralement par tous ces gens qu’on n’arrive pas toujours à désigner qui font qu’on a entendu parler d’un livre durant des années avant de mettre la main dessus), j’aurais peut-être consenti à l’indulgence. Mais vendu comme un grand livre sérieux d’une grande auteure populaire désolé, je ne marche pas dans la combine. A l’exception de « The King’s General », je crois donc pouvoir affirmer maintenant que je préfère cent fois les livres pas sérieux et pas du tout encensés de Daphné Du Maurier plutôt que ce genre de tambouille en costumes aux accents d’escroquerie.
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Non d'un chat !!! ça c'est un sacré coup de griffe !!! Je me disais "tiens, je me ferais bien un Daphné Du Maurier". Merci Thom, maintenant je sais que ce ne sera pas celui là !!!:-))
RépondreSupprimerAh là... Mary Anne... vraiment emmerdant, quand j'y repense. Il y a tellement de bons (voire de très bons) livres de Du Maurier qu'il faut vraiment avoir du temps à perdre pour lire celui-ci...
RépondreSupprimerSachant que j'ai lu Ma cousine Rachelle et Rebecca, lequel me conseilles - tu ?
RépondreSupprimerLe Général du Roi, ou l'Auberge de la Jamaïque... vu le nombre de Du Maurier sur les Chats je pense que tu as largement de quoi faire ton marché ;-)
RépondreSupprimerok, merci
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