mercredi 4 février 2009

"La compagnie des Célestins" - Stefano Benni



Un conte trempé dans le vitriol, par Mbu

Dans un pays imaginaire ressemblant beaucoup à l’Italie, dirigé par un dictateur ayant de très grands traits communs avec Mussolini (en autre le nom), et vivant sous la menace d’une prophétie implacable, trois orphelins, Memorino le philosophe, Lucifer l’implacable et Ali qui rêve d’une famille, s’échappent de leur orphelinat des pères zopilotes, misérable d’austérité, pour refonder une équipe de foot de rue - sport clandestin réservé aux orphelins se jouant sur les terrains sauvages de l’urbanisme et oû tous les coups sont permis. En effet, la Galdonie va accueillir le championnat du monde, sous l’égide du Grand Bâtard, protecteur des orphelins.

En chemin, ils rencontrent l’étrange Céleste, adolescente adepte de corde à sauter aux ressources étonnantes, dont celle de faire une excellente joueuse de foot de rue. Mais deux journalistes à la moralité douteuse mais au bras long se lancent à la poursuite des fuyards, derrière lesquels se dandinent un moine zopilote aux pulsions sexuelles incontrôlables et un moine bastonide (de bastonner) peu porté sur les restrictions. S’ajoute aux poursuivants l’égoarde Mussolardi lui-même, ainsi qu’un maître de guerre à l’insondable cynisme.

Pendant ce temps s’introduisent en Galdonie, entre deux versets du Grand Bâtard, par des moyens aussi originaux que subtils, les équipes internationales de foot de rue.

Si le roman commence comme un conte moderne dans lequel le lecteur va retrouver de nombreuses références (politique, fast-food, histoire et le reste du monde qui n’est pas imaginaire), il ne se prive pas de plonger dans la violence et l’horreur, sans pudeur, lorsque l’essence militaire pure et dure prend le mors aux dents. Et si le foot de rue et un prétexte pour mettre en scène cette parodie superbe de cynisme et de futilité, il est ici magique, original et hautement symbolique.

Je suis à peu près tout le contraire d’une fan de foot (j’émigre sur une île déserte à chaque mondial) et je ne pensais pas lire un jour un bouquin dont le héro serait le foot. Mais là est l’astuce, ce n’est pas un livre sur le foot. Plutôt sur les valeurs que ce foot-là représente, la solidarité, l’égalité et surtout, l’intégrité.

Petite ombre au tableau, le stéréotypage des nations représentées m’a un peu déplu. Un très bon bouquin cependant.

1 commentaire:

  1. Mi piacce tantissimo Stefano Benni!!! Ça me fait penser que je n'en ai pas lu depuis fort longtemps!

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