L'œuvre de toute une vie, par Thom
Années 1650 : Honor, jeune aristocrate provinciale, rencontre Richard, le général du roi du titre. Elle est entière, impertinente, parfois très dure – mais très très tendre à l’intérieur. Il est drôle, acerbe, facétieux, brillant – et très dur à l’intérieur. Tous les ingrédients sont réunis pour que l’histoire soit une catastrophe, ce qui bien entendu ne va pas manquer…
« The King’s General » est généralement considéré comme étant « à part » du reste de l’œuvre de son auteure…on peut difficilement le nier : les points communs entre ce roman et les autres sont ténus et tiennent principalement dans l’écriture d’une Daphné Du Maurier qui ne peut qu’épater par son éclectisme et, surtout, son aisance dans tous les domaines. On ne sera d’ailleurs pas spécialement étonné d’apprendre qu’il s’agit là du résultat de presque une décennie de travail, LE grand roman que l’auteure de « Rebecca » a toujours souhaité d’écrire. Et il est de fait indéniable qu’on y retrouve un richesse étonnante, une immense complexité, tant dans l’étude de mœurs que dans la diversité des thématiques abordées : passion, violence, fidélité, infirmité de Honor, orgueil (et préjugés)…peu d’histoire, malgré l’aspect extérieur d’un roman historique, mais ce n’est pas vraiment le propos…d’autant moins, en fait, que le postulat de base (à savoir le caractère même de l’héroïne) n’est pas crédible une seconde : il faudrait être timbré ou fort mal renseigné pour croire une seule seconde qu’il ait pu exister des femmes aussi libres et indépendantes (à tout point de vue) que celle-ci dans l’Angleterre du dix-septième siècle – époque à laquelle les seules femmes à peu près libres de leur pensée ou de leurs mouvements étaient les veuves (et encore à conditions qu’elles n’aient pas un père ou un oncle pour les ramener à leur condition de pot de fleur). Pourtant, cet élément, qui aurait dû être la grande faiblesse du récit, en est au contraire la force : à travers ce portrait d’une femme vivant quatre cent ans plus tôt (rien que ça), Daphné Du Maurier renvoie un écho violent aux préoccupations des femmes de son époque à elle – ce qui demeure l’essence même du roman historique. De fait, la réussite est presque totale si l’on accepte d’oublier que l’intrigue est un peu lente à l’allumage (je vous assure qu’on accepte sans rechigner !). D’autant que l’auteure parvient à écrire :
…une histoire se passant au dix-septième sans jamais tomber dans le cliché (tentation de la plupart des gros malins qui s’attèlent)…
…une histoire de passion sans jamais tomber dans le larmoyant (tentation de la plupart des gros malins qui s’y attèlent).
…une histoire dont l’héroïne est infirme sans jamais tomber dans le pathos grotesque (tentation de…enfin vous avez compris, je pense).
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J'avais en effet été surprise par la qualité de ce roman, auquel je n'avais pas attaché beaucoup d'importance au départ, je l'avais réservé pour la fin, ni le titre, ni le thème ne m'attiraient mais une fois plongée dans l'histoire, qui peut pourtant paraître assez répétitive (départ, retour, départ...attente...), il en ressort effectivement un texte très subtil, prenant avec une héroïne à laquelle on ne peut que s'attacher
RépondreSupprimerJe me souviens d'une lecture plus mitigée pour ma part,je m'étais pas mal ennuyée... Mais bon, j'étais plus jeune donc à relire peut-être
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