mardi 17 février 2009

« La cité des livres qui rêvent » - Walter Moers

Un livre qui croule sous les livres...et l'imagination, par Mbu.



Hildegunst Taillemythes, jeune dragon de son état et écrivain, comme tout habitant de la Tour des Dragons (ça se trouve en Zamonie, pour ceux qui l’ignorent encore), nous raconte comment il est entré en possession du Livre Sanglant et comment il a atteint l’Orm (ça, c’est comme le Sehnsucht allemand, ça ne se décrit pas).

Saurien encore fort jeune (il n’a que 70 ans), Hildegunst hérite d’un manuscrit extraordinaire à la mort de son parrain en écriture. Si extraordinaire, qu’il se met immédiatement en route pour en retrouver l’auteur. Pour cela, il se rend à Bouquinbourg, la Cité des Livres qui Rêvent, dont il visitera brièvement la surface, en bon touriste naïf et curieux, avant d’être rapidement berné (l’occasion va plusieurs fois se présenter où il regrettera la trop grande confiance qu’il accorde aux habitants de la très douteuse cité). Piégé par un livre dangereux, abandonné dans le dédale immense des catacombes de Bouquinbourg, où errent toutes sortes de créatures - des terribles chasseurs de livres précieux (sorte de mercenaires barbares) aux livres vivants, en passant par les terrifiants Rongelivres, les fourbes livres dangereux, le roi des Ombres, craint de tous et des créatures sans nom et dont on ne s’empressera pas de faire connaissance - Hildegunst recherche la sortie (à noter que si celle-ci se trouve vers le haut, notre jeune ami, lui, s’enfonce inexorablement). Maladroit, plutôt lâche, il bénéficie bien sûr de beaucoup de chance – et de quelques soutiens inattendus. Bref, il se déniaise à ses propres dépends et s’initie à tous les secrets… des livres.

Dès les premières pages, le dragon narrateur au si joli nom fait le tri des lecteurs. Il nous met en garde contre les dangers de la lecture de son récit, et ne garde avec lui que les lecteurs assez courageux et résistants (ou inconscients) pour continuer jusqu’au bout. Alléchée, je l’ai témérairement suivi et ne le regrette pas.

Ce livre sur les livres pullule de bouquins dont les illustrations sont un régal. Tout amoureux des livres rêverait de se plonger dans cet univers qui sent le vieux grimoire et s’orne d’écritures, de poésie et d’humour. Imaginez une ville qui ne tourne qu’autour du livre, et dont les catacombes regorge de ces chef-d’œuvres, imaginez des livres vivants, nocifs ou attachants, des livres pièges et des romans si bien écrits qu’ils agissent sur le lecteur comme une drogue !

On l’emprunte à la bibliothèque pour enfants, mais ce n’est pas, et de loin, un livre pour les enfants (il se trouve d’ailleurs sur l’étagère des « grands » enfants). Et c’est un régal, que d’être un grand enfant. L’adulte lui trouvera, dans les noms d’auteurs cités, les anagrammes de bien des auteurs connus (si on ne les devine pas, la clé se trouve sur wiki) .

Quelques lenteurs parfois, néanmoins, Hildegunst (car Walter Moers n’a fait que traduire son œuvre zamonienne) nous donne pas mal d’explications sur certaines des étrangetés que l’on rencontre. Mais franchement, ce n’est pas une si grosse faiblesse. C’est vraiment avec l’impression de quitter de très bons amis auxquels je m’étais attachée, que j’ai quitté l’univers des catacombes de Bouquinville.

1 commentaire:

  1. Tu as une bibliothèque avec une étagère pour "grands enfants" ?
    Ca fait rêver ! :-)

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