lundi 16 février 2009

"Glamorama" - Bret Easton Ellis

Does the bee follow the buzz, or the buzz follow the bee? par Zaph

Pourquoi est-ce que je n'avais jamais lu un livre de BEE jusqu'à aujourd'hui ? A couse de tout le buzz fait autour de BEE ?
Pas exactement. En fait, malgré les louanges que j'ai pu lire ici ou là, aucune critique ne me donnait vraiment envie de le lire.
D'ailleurs, quand j'ai commencé Glamorama, j'ai failli me dire que j'avais eu raison d'hésiter. D'abord, tous les tics dont parlent les autres chroniqueurs sont bien présents, comme par exemple l'insistance obsessionnelle sur les marques des vêtements et objets, ou encore les listes assommantes de "célébrités". Ça m'énervait d'autant plus que je ne connais pas le quart des marques ou des célébrités en question. Mais bon, malgré mon irritation j'ai persévéré ; puisque le livre se passe dans le milieu de la mode, je me suis dit que c'était un truc pour mettre en avant l'aspect superficiel de ces gens. C'était quand-même pas gagné, parce que moi, en plus, le milieu des petits minets superficiels qui ne pensent qu'aux fringues et à être vus avec une "star" pour acquérir un peu de notoriété bidon, ça me gonfle passablement.

Et pourtant, bien que Victor, le personnage principal, soit le type même de ce genre de personne, BEE (c'est bien pratique, quand-même, cette abréviation) à réussi à m'intéresser à lui. C'est à dire qu'avec uniquement du superficiel, il réussit à créer de la profondeur. Mathématiquement, il réussit à courber un plan pour en faire un volume. A partir de deux dimensions, il en crée une troisième.
Dire comme je l'ai lu que le but de l'auteur est de faire une critique de notre société d'image et de consommation me paraît bien réducteur et même complètement à côté de la question. Bien sûr, le livre est fondamentalement ancré ou même noyé dans un microcosme typique de notre époque ; toutefois il ne s'agit pas de critique, mais plutôt d'une exploration esthétique, et de voir comment ces thèmes peuvent être le moteur d'une histoire.

Dans le monde de Glamorama, donc, il y a confusion totale entre fiction et réalité. Les protagonistes sont mannequins ou acteurs, et vivent leur vie comme s'ils tournaient un film, cherchant constamment l'œil de la caméra ou l'approbation du réalisateur.
Ils construisent leur vie comme une succession de scènes d'un script qu'ils ne maîtrisent pas et ne comprennent pas.
Tout n'est qu'apparence dénuée de substance et l'illusion est la seule réalité, la seule vérité.

Dans ce monde, une scène de torture insoutenable ou une bombe qui explose, arrachant les membres de victimes innocentes, cela fait peur, mais le même genre de peur que l'on peut ressentir en visionnant un film d'horreur.

Il y a aussi des gimmicks amusants, par exemple, Victor, le personnage principal se plaint constamment du froid, au point que les sols des appartements sont couverts de givre, comme si cette image littérale faisait écho au caractère tellement froid et indifférent des personnages. Le livre est aussi parsemé de confettis, comme si tout n'était que spectacle, carnaval endiablé où chacun porte un masque et où il est impossible de (re)connaître les autres et même soi-même.
Tous les personnages du roman habitent un univers parallèle, ne vivent qu'entre gens du même monde. Pourtant, ironiquement, ce petit monde des privilégiés de la mode ne vit que grâce au regard de la multitude qu'il ne croise jamais.

Quant au dénouement, c'est bien simple, on n'y croit pas. On préfère s'accrocher à cette ambiance onirique, virant plus souvent qu'à son tour au cauchemardesque.

Est ce que je vais lire un autre livre de BEE ? Pas sûr. En fait, malgré les critiques positives que j'ai pu lire, y compris la mienne, aucune ne me donne vraiment envie de lire cet auteur.

4 commentaires:

  1. C'est drôle, je suis comme toi : BEE ne me fait pas envie. J'ai lu 2 livres de lui, que j'ai bien aimé, mais qui ne m'ont pas spécialement incitée à vouloir en découvrir plus...Il faut croire qu'il n'est pas pour nous.

    Anonyme

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  2. Mince, je me suis trompée de signature !
    Ingannmic..

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  3. Aaaaaaaaaaaaaaaaah, cette chute... du grand Zaph :-)

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  4. Une des forces BEE, c'est aussi la façon dont il arrive a créer des livres qui se rapportent tous au même univers (les même personnages s'entrecroisent tout au long de ses romans, figurant dans l'un, personnage principal dans l'autre, ce qui crée une cohérence extraordinaire dans son oeuvre) tout en écrivant à chaque fois des livres complètement différents les uns des autres.

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