Ingannmic troublée...
Depuis le balcon d'une chambre d'hôtel, face aux falaises d'Etretat, d'où sa mère s'est jetée 20 ans plus tôt, le narrateur se souvient...
Le temps d'une nuit, il remonte le fil de son existence sur les traces d'une enfance et d'une jeunesse marquées par la mort et la violence.
"Troublant" est le terme qui me vient spontanément pour évoquer ce que j'ai ressenti à la lecture de "Falaises", et ce pour différentes raisons.
Tout d'abord pour le malaise qui s'est emparé de moi en découvrant l'histoire de ces garçons et filles auxquels le malheur semble s'accrocher, qui sont plombés dès leurs débuts dans l'existence par une mauvaise donne à laquelle ils ne peuvent plus échapper. En réaction, ils s'étourdissent, de sexe, d'alcool, de musique, ou vont jusqu'à l'autodestruction (par le suicide, l'anorexie). Le narrateur, qui perd ainsi sa mère, des amis, qui subit les coups et les humiliations paternels, goûte lui aussi à tous les excès et on comprend aisément ce besoin de s'étourdir... seul l'amour (réciproque) qu'il porte à son frère lui permet de survivre.
Ce qui m'a troublée également, c'est que bien que mon enfance ne ressemble pas vraiment à celle du héros, j'ai souvent éprouvé un sentiment de familiarité, attaché au contexte du récit. Olivier Adam a le même âge que moi, et les repères musicaux, télévisuels, et surtout les paysages urbains qu'il évoque sont aussi ceux que j'ai connus : ces lotissements pavillonaires entourés de hautes tours, ces villes sans centre, ces rues peuplées de gamins désoeuvrés qui traînent dehors jusqu'à la nuit...ont contribué -en suscitant des échos de ma propre jeunesse- à renforcer la véracité de cette histoire.
En effet, et ce sera le dernier point, j'ai cru deviné (à tort ou à raison, je ne sais pas) que l'auteur nous livrait un récit de sa propre expérience, et si c'est le cas, il réussit à le faire sans complaisance ni apitoiement sur lui-même. Il donne davantage l'impression de vouloir revenir sur son passé pour tenter de s'en exorciser, de s'en guérir afin de pouvoir aller de l'avant, et fait preuve de beaucoup de lucidité. C'est pour cela qu'en dépit de la tristesse dont est empreint "Falaises", il réussit tout de même à s'en dégager une grande poussée d'espoir. Le plus difficile restant sans doute de pouvoir s'avouer qu'aimer les autres ne suffit pas à faire leur bonheur, ni à leur donner l'envie de rester près de nous.
Encore cet Aristochat souterrain :-D
RépondreSupprimerA force de lire Sandrine, cela donne forcément envie !
RépondreSupprimerIngannmic