jeudi 8 janvier 2009

"L'Ensorcelée" - Jules Barbey d'Aurevilly

Sur la lande abandonnés..., par Yohan


Lors de la traversée de la lande de Lessay, dans le Cotentin, Maître Tainnebouy, herbarger, voyage en compagnie d’un homme qui ne connaît pas les lieux. Dans cet endroit où la nature est hostile, entre brumes et marécages, les deux voyageurs entendent une cloche sonner, alors qu’il n’y a aucun bâtiment aux alentours. Maitre Tainnebouy raconte alors à son accompagnateur étonné l’origine ce bruit à son compagnon : c’est ainsi qu’on découvre l’histoire de Jeanne Le Hardouey et de l’abbé de la Croix-Jugan.

Moine à l’abbaye de Blanchelande, Jéhoel de la Croix-Jugan s’est engagé dans la Chouannerie. Face à la défaite des siens, il décide de se donner la mort, mais le coup de feu n’est pas mortel. Retrouvé dans un fossé, il est recueilli par une paysanne qui le soigne. Mais les Bleus, ennemis de Chouans, découvre le blessé, et pour le punir, lui arrache sauvagement tous ses bandages : La Croix-Jugan survit, mais il est défiguré.

Quelques années plus tard, Jéhoel de la Croix-Jugan revient dans l’abbaye d’où il est parti mais reste encapuchonné pour cacher sa défiguration. Et c’est lors d’une ces messes auxquelles elle assiste que Jeanne Le Hardouey va se prendre de compassion et d’amitié pour l’abbé. Elle apprend l’histoire de cet homme, qui va lui faire oublier son mari, son ménage, au point que les villageois vont la croire ensorcelée par cet abbé revenu des Enfers…

Voici un roman que j’ai lu il y a quelques années, et dans lequel je me suis replongé avec plaisir. J’en avais gardé le souvenir de cette lande inhospitalière, brumeuse, où se mêle les combats religieux et le fantastique dans ce personnage de l’abbé de la Croix-Jugan. J’y ai retrouvé tous ces aspects, et mon esprit, plus que par l’intrigue en elle-même, a été attiré par tous les aspects un peu secondaires au récit.

On retrouve ainsi dans ce roman un élément qui me parait assez caractéristique des romans du XIXe Siècle, la prise de position de l’auteur par l’intermédiaire de son narrateur. Ainsi, en plusieurs épisodes du récit, le narrateur nous fait part de son aversion pour le monde moderne, pour les machines, pour le progrès, opinions qui sont très proches de celles de l’auteur. De même, la narration prend clairement la défense de Chouans, ces paysans de l’Ouest qui se sont révoltés pour défendre la religion catholique. A travers ces différents aspects, on plonge dans un roman qui nous montre les débats qui avaient lieu au milieu du XIXe dans le milieu intellectuel français.

Si je ne partage pas les opinions politiques du conservateur Barbey d’Aurevilly (qui avait des positions très différentes en matière de littérature, puisqu’il a notamment défendu Flaubert ou Baudelaire), la lecture de l’Ensorcelée m’a une nouvelle plu par ce mélange de réalité historique et de fantastique, instillé de manière assez subtile dans le roman. C’est un joli roman à découvrir, avec un style parfois un peu daté, mais qui se lit avec un grand plaisir.
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1 commentaire:

  1. Voilà encore un "classique" qui manque à mon arc! Mais je compte bien y remédier!

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