Prolifique mais méconnue, par Ingannmic
Kerstin Thorvall est une écrivaine suédoise très prolifique (elle a publié plus d’une soixantaine d’ouvrages) mais méconnue. En effet, certains de ses romans lui ont valu dans son pays natal d’être démolie par la critique, qui est allée jusqu’à lui coller une réputation de nymphomane ! Le public français ne l’a découverte que récemment, grâce à la traduction de sa « Trilogie de Signe », romans autobiographiques qu’elle rédigea au début des années 90.Je n’ai lu pour le moment que les 2 premiers tomes de cette trilogie (j’attend que le 3ème soit disponible à la médiathèque…).
« Le sacrifice d’Hilma » (1925-1931)
« Le sacrifice d’Hilma » (1925-1931)
Nous faisons la connaissance d’ Hilma, personnage central de ce roman au moment où elle rencontre celui qui deviendra son époux : Sigfrid Thornvall. Hilma est une jeune femme du Nord de la Suède, de condition modeste, qui a été élevée dans le puritanisme et la crainte de Dieu. Les valeurs prônées sont l’humilité et le travail, toute manifestation de joie ou d’orgueil est considérée comme sacrilège, pour ne rien dire des plaisirs charnels, que l’on n’évoque même pas du bout des lèvres… Grâce à son sérieux et à ses capacités, Hilma a obtenu son diplôme d’institutrice et la possibilité de bénéficier d’une certaine indépendance financière. Cela ne durera pas bien longtemps : le charme et la verve du beau Sigfrid la séduisent, le mariage est célébré presque aussitôt, précipité par une belle famille heureuse de pouvoir enfin caser son rejeton, atteint d’une maladie mentale qui a jusqu’alors découragé les prétendantes. Cette « tare » (ignorée de la jeune épouse jusqu’à une nuit de noces cauchemardesque) se manifeste sous la forme d’accès de violence et de pulsions libidineuses démesurées. Malgré l’horreur qu’inspire à la prude et naïve Hilma cet « atavisme », celle-ci, fidèle à son engagement, restera auprès de son mari qui lui donnera Signe, son unique enfant.
« Les années d’ombre » (1931-1946)
« Les années d’ombre » (1931-1946)
Après le décès de son époux, Hilma se retrouve seule à élever Signe qui, le lecteur l’aura compris, n’est autre que l’auteure. La jeune mère fait preuve d’une volonté et d’un courage inébranlables en dépit de l’appréhension qu’elle éprouve à voir sa fille devenir femme et revendiquer une vocation de dessinatrice de mode.
En même temps que le destin d’Hilma, le lecteur découvre les mœurs et les événements qui bouleversent la vie des citoyens suédois à cette époque. C’est l’émergence du courant social démocrate, motivée par les conditions de travail précaires que connaissent les ouvriers, et inspirée du mouvement révolutionnaire déclenchée en Russie. En Allemagne, pays ami, un certain Adolf Hitler monte petit à petit les échelons du pouvoir, au grand dam des sociaux démocrates, mais l’ensemble de la nation, sous prétexte de neutralité, ne prend pas position face au danger que représente le chancelier, et conservera durant le conflit mondial qui suivra ladite neutralité. J’ai été réellement frappée de découvrir, dans ce pays qui a accordé le droit de vote aux femmes dès 1919 (pour rappel, les françaises ont du attendre 1944), et qui passe aujourd’hui pour un modèle en matière d’égalité hommes/femmes, l’état de la condition féminine d’il y a moins d’un siècle. Celles qui travaillent sont quasiment condamnées à rester célibataires, les divorcées sont considérées comme d’immorales dévergondées… Hilma en est le parfait exemple, qui ne conçoit pas de continuer à exercer son métier d’institutrice en étant mariée. Est-ce du à ses origines modestes, aux principes religieux rigides et puritains qui lui ont été inculqués ? Toujours est-il que l’auteure traite ce puritanisme et cet « obscurantisme » religieux de façon très sarcastique et avec aussi un certain détachement : autant elle utilise volontiers le « nous » pour s’impliquer lorsqu’elle évoque les événements historiques contemporains à son récit, autant à aucun moment elle n’use du même pronom lorsqu’il s’agit de décrire le quotidien de la famille Thornvall. Peut-être est-ce un moyen pour elle de prendre ses distances avec une mère qui, si on ne peut nier l’amour qu’elle éprouve pour son enfant, se montre obsessionnellement protectrice et par conséquent… j’ai presque envie de dire « castratrice », ne trouvant pas de terme équivalent pour les filles !
J’ai beaucoup aimé le 1er volume de la trilogie : les personnages y sont attachants, le récit prenant. J’ai moins accroché au 2ème tome, qui m’a paru plus long, parfois répétitif, mais qui ne m’a tout de même pas déplu au point de m’ôter l’envie de lire le 3ème…
En même temps que le destin d’Hilma, le lecteur découvre les mœurs et les événements qui bouleversent la vie des citoyens suédois à cette époque. C’est l’émergence du courant social démocrate, motivée par les conditions de travail précaires que connaissent les ouvriers, et inspirée du mouvement révolutionnaire déclenchée en Russie. En Allemagne, pays ami, un certain Adolf Hitler monte petit à petit les échelons du pouvoir, au grand dam des sociaux démocrates, mais l’ensemble de la nation, sous prétexte de neutralité, ne prend pas position face au danger que représente le chancelier, et conservera durant le conflit mondial qui suivra ladite neutralité. J’ai été réellement frappée de découvrir, dans ce pays qui a accordé le droit de vote aux femmes dès 1919 (pour rappel, les françaises ont du attendre 1944), et qui passe aujourd’hui pour un modèle en matière d’égalité hommes/femmes, l’état de la condition féminine d’il y a moins d’un siècle. Celles qui travaillent sont quasiment condamnées à rester célibataires, les divorcées sont considérées comme d’immorales dévergondées… Hilma en est le parfait exemple, qui ne conçoit pas de continuer à exercer son métier d’institutrice en étant mariée. Est-ce du à ses origines modestes, aux principes religieux rigides et puritains qui lui ont été inculqués ? Toujours est-il que l’auteure traite ce puritanisme et cet « obscurantisme » religieux de façon très sarcastique et avec aussi un certain détachement : autant elle utilise volontiers le « nous » pour s’impliquer lorsqu’elle évoque les événements historiques contemporains à son récit, autant à aucun moment elle n’use du même pronom lorsqu’il s’agit de décrire le quotidien de la famille Thornvall. Peut-être est-ce un moyen pour elle de prendre ses distances avec une mère qui, si on ne peut nier l’amour qu’elle éprouve pour son enfant, se montre obsessionnellement protectrice et par conséquent… j’ai presque envie de dire « castratrice », ne trouvant pas de terme équivalent pour les filles !
J’ai beaucoup aimé le 1er volume de la trilogie : les personnages y sont attachants, le récit prenant. J’ai moins accroché au 2ème tome, qui m’a paru plus long, parfois répétitif, mais qui ne m’a tout de même pas déplu au point de m’ôter l’envie de lire le 3ème…
Nymphomane et méconnue, tu dis...
RépondreSupprimermais je ne demande qu'à la connaitre, moi !
;-)
Je ne voudrais pas te décevoir mais...elle est née en 1925!
RépondreSupprimerC'est fait, tu m'as déçu. ;-)
RépondreSupprimerJ'ai linké votre article au bas du mien, il est intéressant (tout comme ce blog à plusieurs mains !)
RépondreSupprimerMerci pour la visite !
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