Quand un Aristochat rencontre un autre Aristochat, par Laiezza
Un roman dans lequel, Patrick Kenzie et Angie Genaro enquêtent sur un tueur en série des plus sadiques, passent du rôle de chasseurs à celui de proies, et finissent par laisser parler leurs sentiments réciproques (car quand on manque de mourir à deux, cela rapproche !). Dire que tout cela semble "déjà-vu", ce serait en-dessous de la vérité : "Ténèbres, prenez moi la main" est un roman téléphoné de la première à la dernière page. Chaque rebondissement est prévisible avec un chapitre d'avance, l'intrigue est bien menée, mais elle est dépourvue d'éclat.
Et pourtant ! "Ténèbres, prenez-moi la main" est un excellent livre. Paradoxe ? Pas tellement : comme beaucoup de livres de première main, celui-ci tient sur pieds car il transcende son sujet, et dépasse le cadre de "simple roman sur un serial-killer". D'abord, l'écriture de Dennis Lehane est superbe. Très crue, mais très vivante, imagée, suggestive. Elle crée la tension, parvient à faire trembler comme une feuille, même lorsque l'on arrive à deviner le pourquoi du comment. Ensuite, l'auteur écrit autre chose qu'un polar, en fait : il pose une réflexion sur la part de ténèbres présente en chacun d'entre nous. A travers la descente aux enfers du héros, il sous-entend que la civilisation ne tient qu'à un fil, que l'humanité n'est qu'une notion relative qui doit être soutenue, toujours, par l'éthique, si elle veut résister aux épreuves. Et que, parfois, il est difficile de ne pas glisser de "l'autre côté".
Un constat qui n'est pas nouveau, il est vrai. Mais dans une société sursécuritaire, prônant continuellement le "risque zéro", où l'inconscient collectif cherche à éradiquer la violence, comme s'il s'agissait d'une simple maladie... Ce constat semblera plus dérangeant que jamais.
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Ah. Il est bizarre ce titre, dis. Tu crois que Lehane a rencontré Jaenada ? Et ils se sont dit quoi ? :)
RépondreSupprimerA défaut d'un bon titre, un titre bizarre éveille la curiosité et donne envie de lire l'article.
RépondreSupprimerNe te plains pas, j'avais pensé à "critique interdite aux moins de seize ans"!
;-)